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  • Activités réalisables en cours d'anglais, français, histoire, économie, droit en BEP ou Baccalauréat professionnel, à partir de documents authentiques. christiankrock@yahoo.fr. Certaines activités peuvent être adaptées aux classes de 4e et 3e de collège.
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14 janvier 2008

Histoire Bac Pro : "La dictature en Corée du Nord"

ENQUÊTE D’ACTION : « COREE DU NORD, CUBA : AU CŒUR DES DERNIERES DICTATURES », diffusé en novembre et décembre 2007 sur W9 (extrait) - Durée :  41 mn environ

OBJECTIF : en classe de Terminale professionnelle, dans le cadre de l’étude des régimes totalitaires en Europe au XXe siècle, définir ce qu’est une dictature à travers un exemple très contemporain, celui de

la République

  populaire démocratique de Corée du Nord.

Déroulement :

1.      Sous forme de « brainstorming », les élèves proposent une définition de ce

qu’est une « dictature » grâce à leurs connaissances personnelles, des dictionnaires de langue, des manuels.

Les caractéristiques principales sont :

-un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne (généralement chef d’un parti qui devient parti unique) ou un groupe de personnes (caste, armée, groupe religieux …)

-un exercice du pouvoir sans contrôle démocratique, sans limite légale ou constitutionnelle, de manière arbitraire et autoritaire, voire violente (répression des opposants)

-l’absence d’élections libres

-l’absence de séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, juridique)

-le non-respect de la liberté de la presse

-l’application d’un système économique du type autarcique

2. Visionnage des premières minutes du documentaire. (La deuxième partie est  consacrée à Cuba.)

La Corée

du Nord est un pays où il n’y a rien à manger, mais où il y a 1 200 000 soldats. Un pays où il n’y a pas de voitures, mais des agents à chaque coin de rue pour régler la circulation. C’est aussi la nation la plus secrète du monde et il a fallu des mois pour obtenir l’autorisation d’emporter une caméra dans ce pays fermé comme une prison. Les habitants vivent dans une autre réalité, totalement manipulés par la propagande du dictateur Kim Jong-il.

Problématique : en quoi ce régime politique diffère-t-il d’une démocratie ? Les élèves répondent en empruntant des exemples au documentaire (images et commentaires). Grille à compléter.

 

UN SEUL CHEF, UN SEUL PARTI

-la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme : Comment le président à vie s’appelle-t-il ?

-le culte de la personnalité : Dans chaque rame, on voit les portraits de Kim-Il-sung (mort en 1994) et de son fils Kim Jong-il, des portraits que l’on retrouve aussi sur les murs de l’école et que l’on est prié de saluer. Chaque matin, les enfants sont obligés de se prosterner devant le père de la nation avant de rejoindre leurs classes. On diffuse des slogans à la gloire du régime à l’usine : « Les temps sont durs, on manque de tout, mais grâce au grand général Kim Jong-il et à notre foi inébranlable en la victoire, nos cœurs sont prêts au combat. Allons dans la joie au travail ce matin … » A la fin de la journée de travail, on est invité à chanter en chœur à la gloire du cher dirigeant Kim Jong-il : « On veut suivre l’infiniment bon Kim Jong-Il pour l’éternité/ C’est notre grande joie/ La flamme est sa création, avec laquelle il a créé le matin éternel/ Tous unis, faisons briller sa volonté vers un paradis plus beau/ On veut suivre l’infiniment bon Kim Jong-Il pour l’éternité ».

A l’école, on apprend d’abord à honorer le leader nord-coréen : « Chers enfants, comme une fleur fleurit grâce au soleil, l’enfant a besoin de l’amour du grand général Kim Jong-il pour grandir et grandir en apprenant à jouer de son instrument traditionnel. », dit l’institutrice. «  A l’heure de la récréation, ils ne doivent pas s’amuser dehors, ils s’entraînent à jouer du kayagum ou du choptaé afin de pouvoir ravir un jour notre grand général à l’occasion d’un beau concert. » Puis elle raconte aux enfants une histoire de bottes, visiblement romancée pour vanter les exploits et la grandeur d’âme de Kim Jong-il, le président à vie de

la Corée

du Nord. « Le grand chef, qui portait ces jolies bottes, a couru jouer vers ses camarades. Mais soudain, le grand chef s’est arrêté parce qu’il était triste : il venait de s’apercevoir que ses pauvres petits camarades portaient des tennis mouillées. Le général, généreux et attentionné, est rentré chez lui et il portait des tennis mouillées car il avait donné ses bottes. Répétez avec moi ! » Et pour apprendre l’histoire par cœur, les enfants sont ensuite priés de la réciter. Ici, la propagande commence dès le cours préparatoire. Dans la capitale, Pyongyang, l’imposante statue de Kim Il-sung ne s’éteint jamais. Un jour, Kim Il-sung s’est identifié à Tangun (roi légendaire, fondateur de

la Corée

antique il y a 5000 ans) et a ordonné la reconstruction de son temple (qu’il avait fait détruire), en prenant soin toutefois de faire inscrire dans la roche cette phrase qui exprime la pensée profonde du chef dirigeant : « Vive Kim Il-sung, soleil éternel » .

GOUVERNER EN EMBRIGADANT LES MASSES

-une idéologie dominante qui fédère la nation : Kim Jong-il a inauguré la première dynastie communiste de l’histoire.  Dans les années 50, Kim-Il-sung avait fait brûler tous les temples du pays. Seule la religion du parti (bouddhisme) était autorisée.

-une propagande omniprésente :  les enfants rendent hommage au père de la nation. Régulièrement, les petits Coréens du Nord viennent déposer des gerbes de fleurs au pied d’immenses fresques. C’est une sorte de pèlerinage obligatoire, imposé dès le plus jeune âge. Obligatoire et indispensable pour devenir, plus tard, un bon communiste. Des fresques guerrières et idéologiques, des monuments à la gloire des dirigeants, des affiches de propagande, il y en a partout. Ici, c’est l’environnement quotidien. Une maman et sa petite fille chantent ensemble, sur le chemin de l’école, un hymne à la gloire des dirigeants : « Notre grande armée populaire secoue le ciel et la terre ; les hideux Américains se prosternent devant elle. ». En Corée, on est élevé dès le plus jeune âge dans la haine du peuple américain. Dans le métro, comme ailleurs, il y a de la musique patriotique en fond sonore. Sur les murs de chaque station, des fresques célèbrent la révolution.            

A l’atelier de couture, on diffuse un petit air patriotique pour motiver les ouvrières qui doivent accélérer la cadence (elles doivent confectionner 150 manteaux aujourd’hui) : « L’amour est ma patrie/ Mon cœur brûle pour elle ».

Au cours d’un déjeuner familial, un vieil homme rappelle son passé glorieux de militaire et explique à ses enfants que l’Amérique est vraiment un mauvais pays. Chaque membre de la famille est convaincu qu’il faut « détruire ces monstres américains. »

Lorsque les journalistes filment une chambre de l’hôpital universitaire de la capitale, une mise en scène a été organisée : une charmante infirmière veille deux fausses malades, maquillées pour l’occasion. Une belle image pour magazines de propagande, destinée, peut-être, à masquer la réalité du système de santé, qui est à l’agonie. En province, les hôpitaux ne bénéficient pas du même confort que ceux de la capitale. Dans celui que visitent les journalistes, le toit est troué, il n’y a pas suffisamment de chauffage. Les conditions sanitaires sont particulièrement spartiates (instruments rouillés, bouteilles de bière contenant des solutions servant à perfuser des enfants malades). Dans les hôpitaux pourtant, on voit des affiches à la gloire du régime et d’autres qui présentent le système de santé nord-coréen comme un modèle de réussite.

«Korean TV » est l’unique chaîne officielle du pays. La présentatrice du journal récite toujours à peu près les mêmes histoires : les pèlerinages sur le berceau familial de la famille dirigeante et les grands défilés populaires comme celui qui commémore l’anniversaire de la naissance de la nation.

Les journalistes sont invités à un banquet officiel par un représentant du ministère des Affaires étrangères ; on leur sert un dîner de luxe alors que certaines denrées manquent dans le pays.

GOUVERNER PAR

LA FORCE

-un gouvernement par la force et la terreur : on voit des soldats, hommes et femmes, qui font d’interminables rondes dans les rues de la ville. Dans le métro, il y a des militaires partout, qui surveillent les allées et venues des camarades communistes. Des agents automates règlent le trafic. Il est interdit de quitter le pays. A l’atelier, à la fin de la journée, on fait le bilan : c’est le moment de distribuer les bons et les mauvais points à chacune des ouvrières textiles. Deux d’entre elles sont des exemples pour toutes.

Le « compound » est le quartier des rares étrangers autorisés à résider dans le pays : une centaine de personnes : des personnels d’ambassades, des représentants d’ONG vivent et travaillent dans ce ghetto interdit à la plupart des Coréens et d’où il est très difficile de sortir.

Par exemple, pour les membres de « Première Urgence », la seule ONG française présente en Corée du Nord, il est impossible d’aller d’un endroit à un autre sans avoir déposé à l’avance un plan de route et demandé une autorisation. Ils sont encadrés par deux guides détachés du ministère des Affaires étrangères nord-coréen.

Dans ce pays où les moindres faits et gestes sont surveillés, il est quasiment impossible de sortir à la nuit tombée.

Il y a des travaux d’intérêt général obligatoires. Réquisitionnés par le parti, tous les habitants de Pyongyang – même les enfants - remplissent leur devoir à tour de rôle : ils repeignent les ponts, les bâtiments, nettoient les rues.

Les coopérants sont libres de penser, mais ne sont pas libres de leurs mouvements. Les Coréens n’ont pas le droit de communiquer avec eux en dehors du travail. Les commissaires politiques empêchent les journalistes de filmer lorsqu’ils craignent que ces images ne montrent une image défavorable du pays ou qu’elles soient interprétées « de façon très mauvaise » en Occident.

La Corée

du Nord, d’après de très nombreux témoignages, abrite encore des camps de concentration. Dans un camp, filmé en caméra cachée, les prisonniers sont soumis aux travaux forcés par des températures de moins 20°, et se nourrissent de feuilles de choux.

   

-l’économie : sur quoi repose-t-elle ? sur l’autosuffisance. Caractérisez-le niveau de vie et la qualité de vie.

archaïque, en échec. Dans la capitale, il y a très peu de circulation ; les quelques voitures qui circulent sont réservées au cadre du parti ou aux étrangers. Il n’y a pas beaucoup de bus non plus. Alors, pour aller travailler, les gens marchent.

Les appartements sont prêtés par le régime, mais la télévision ne fonctionne pas bien, tout comme l’électricité, le chauffage, les sanitaires. Il n’y a pas d’éclairage public dans les villes en dehors de la capitale. Internet est peu accessible.

A la campagne, les travaux des champs se font à la main, on utilise encore les charrues à bœufs, et les enfants sont réquisitionnés pour les récoltes. L’agriculture est exsangue, archaïque, basée sur l’autosuffisance. On utilise les rares tracteurs pour transporter les gens des campagnes. Cette année, il y a eu de fortes inondations et les récoltes ont été mauvaises. A part pour la culture du pavot, forcément très protégée et très surveillée par les barons de la drogue, les paysans sont inquiets. Certains craignent une nouvelle famine, comparable à celle qui a ravagé le pays au milieu des années 90. Les rendements agricoles avaient été désastreux. En Corée du Nord aujourd’hui, on manque de savon et  tout le monde a des poux. Il y a des canons et beaucoup de militaires : une armée de 1 200 000 soldats pour une population de 22 000 000 d’habitants. Il y a aussi des centrales nucléaires et des bases secrètes où l’on fabrique l’arme atomique.

La Corée

du Nord est aujourd’hui l’une des plus grandes puissances militaires de la planète et c’est en même temps le pays le plus assisté au monde. Un pays qui ne peut survivre que grâce à l’aide humanitaire. Chaque année, le programme alimentaire mondial distribue un million de tonnes de nourriture, ce qui permet de nourrir six millions de personnes. Le réseau ferroviaire est en mauvais état. Les rares trains qui circulent sont systématiquement pris d’assaut.

3. Synthétiser cette prise de notes en choisissant trois exemples qui montrent les différences entre la dictature nord-coréenne et une démocratie :

Par exemple, les lieux de culte contraires à la religion prônée par le parti ont été détruits alors que, dans une démocratie, il y a la liberté de culte.

4. Grâce à des recherches sur Internet, complétez les informations contenues dans le reportage en vous renseignant sur :

-l’origine de cette dictature (dans quelles circonstances a-t-elle été instaurée ? partition de

la Corée

en 1948 ; préciser le rôle de Kim Il-sung dans la résistance à l’occupation  japonaise et dans la guerre de Corée, de 1950 à 53)

-l’importance du communisme dans le pays, notamment dans le domaine économique : développement autocentré, de type « socialiste soviétique », recherchant l'autosuffisance jusqu’en 2002, puis mesures de libéralisme …

-l’évolution des relations entre les deux Corées : le début du reportage montre une ligne de démarcation en béton et les

250 km

de barbelés qui séparent

la Corée

du Nord et

la Corée

du Sud depuis plus d’un demi-siècle, mais quel événement a montré un début de rapprochement entre les deux Etats en 2007 ? rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes depuis mai 2007

[L‘intérêt de l’exercice n°4 est d’attirer l’attention des élèves sur l’insuffisance principale du reportage, à savoir le fait de décrire une situation sans en expliquer les causes.]

Au cours d’un entretien avec François Pécheux, le présentateur, Pierre Rigoulot, spécialiste de

la Corée

et de Cuba et directeur de l’institut d’histoire sociale, confirme l’authenticité du reportage :

-Nous savons qu’au quotidien la propagande est générale. Il y a ce que nous avons vu (le grand-père, l’école) et en dehors de l’école, vous avez une propagande quotidienne. Vous ne pouvez pas tourner votre visage vers autre chose que les grands leaders, Kim-Il-sung et Kim Jong-il, le père et le fils. Il y a 3000 statues d’eux dans le pays, des slogans partout, des portraits. Il y a quelque chose de plus en Corée du Nord qui distingue d’une dictature normale, c’est le fait qu’on veut changer l’homme, les individus. Ce n’est pas seulement, comme en Birmanie, « Taisez-vous ! », c’est « Manifestez votre enthousiasme pour le régime, pour le merveilleux avenir que notre leader génial vous propose. » Donc il y a un enthousiasme obligatoire, il y a un engagement individuel obligatoire, il y a la tentative par le régime de créer un homme nouveau. Naturellement, tout cela, c’est purement idéologique, ce n’est pas du tout un homme nouveau mais un homme qui a faim de nouvelles de l’extérieur et tout simplement de nourriture. Je pense que le changement peut venir de l’extérieur.

-Quand George Bush définit

la Corée

du Nord comme faisant partie de « l’Axe du Mal », que veut-il dire et qu’est-ce que nous avons à craindre ?

-Les Etats qui font partie de « l’Axe du Mal » sont les Etats qui répriment leur population, les oppriment ; il n’y  a pas de doute là-dessus. Ce sont les Etats qui peuvent avoir des contacts avec des organisations terroristes ; il n’y a pas de doute non plus, ils l’ont fait, eux-mêmes ont pratiqué d’ailleurs le terrorisme. Ils ont fait, par exemple, exploser un avion de ligne sud-coréen pour montrer que la sécurité ne pouvait pas être assurée aux jeux olympiques de Séoul en 1988. Et puis ce sont des Etats qui sont susceptibles de s’armer de façon nucléaire.

-Alors, quel est l’avenir d’un pays comme ça parce qu’on voit combien il est dinosaure ?

-Oui, on peut se le demander. D’abord sur le plan économique, c’est un désastre.

La Corée

du Nord est certainement un des pays du monde le plus aidé. Le tiennent à bout de bras les Chinois qui l’aident sous forme énergétique, sous forme alimentaire. Leur malheureux frère opprimé par le capitalisme et l’impérialisme américain du Sud les aide beaucoup, leur envoie des engrais, de la nourriture, donc il y a une véritable aide internationale. Il y a une aide également par le programme alimentaire mondial, c’est-à-dire par l’ONU, et cependant l’idéologie, c’est celle de l’autosuffisance : on se suffit à soi-même.

-De l’intérieur, on a compris que ça ne pouvait pas changer, ça c’est sûr, tout est muselé. Le seul changement viendrait de l’extérieur.

-Voilà.

5. Les élèves consultent Internet pour trouver d’autres exemples de dictatures au XXIe siècle (Cuba, Birmanie … ) et indiquer des points communs avec celle mise en place en Corée du Nord (ex : culte de la personnalité).

BIBLIOGRAPHIE :

GRANGEREAU, Pierre. Au pays du grand mensonge : voyage en Corée du Nord. Payot, « Petite Bibliothèque Voyageurs », 2003. ISBN 2228897426   7,95 €

RIGOULOT, Pierre. Corée du Nord, Etat voyou. Buchet-Chastel, « Au fait », 2003.

ISBN 2283019214   14,00 €

WHEELER, Tony. Dans les pays de l'axe du Mal. Lonely Planet, « Ecrivains-Voyageurs », 2007. ISBN : 2840706709    21,00 €

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