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Activités pédagogiques

Activités pédagogiques
  • Activités réalisables en cours d'anglais, français, histoire, économie, droit en BEP ou Baccalauréat professionnel, à partir de documents authentiques. christiankrock@yahoo.fr. Certaines activités peuvent être adaptées aux classes de 4e et 3e de collège.
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16 avril 2008

"Le garçon en pyjamalu trayé", roman de Johnny boygleu

LE GARçON EN PYJAMA RAYE DE John BOYNE, Gallimard « Folio Junior »   n° 1422, 2006, 204 p.  ISBN 2-07057069-X   5,50 € (traduit de l’anglais)

OBJECTIFS : étudier une œuvre intégrale en relation avec le programme d’histoire de BEP ou de 3ème de collège : le génocide juif pendant

la Seconde Guerre

mondiale.

John BOYNE

John Boyne est né à Dublin, en Irlande, en 1971. Après des études de littérature, vers l’âge de vingt ans, il commence à écrire des nouvelles, dont certaines paraissent dans la presse. Le Garçon en pyjama rayé est son quatrième roman et son premier ouvrage destiné à la jeunesse. Cependant, cette fiction a su interpeller les lecteurs de tous âges. Traduit en dix-sept langues et couronné par de nombreux prix, comme le Irish Book Award Children’s Book of the Year ou le Irish Book Award Listener’s Choice Book of the Year, ce livre fait actuellement l’objet d’une adaptation au cinéma.

Séance 1 : chapitre 1 : « Bruno fait une découverte »

Problématique : par quels procédés l’auteur montre-t-il que le déménagement de la famille est vécu par le héros comme un événement inquiétant ?

Relevez les indices spatio-temporels : une belle maison à Berlin

le Fourreur (les allusions à Hitler et au camp d’extermination d’Auschwitz situent le récit dans les années 1940, celui-ci ayant été créé en mai 1940)

2. Quel est le personnage principal ? Quels en sont les indices ? C’est le premier personnage qui apparaît dans la narration ; le déménagement est vu à travers lui, d’un point de vue interne (le Fourreur, « faire des bêtises », en se demandant si la nouvelle maison dans le nouvel endroit du nouveau travail aurait une rampe aussi formidable que celle-ci pour les glissades). Le titre du roman laisse supposer qu’il est écrit d’un point de vue interne car ce que Bruno nomme « pyjama rayé » est l’uniforme que portent les prisonniers du camp d’Auschwitz. Le titre évoque surtout Shmuel, jeune Juif polonais que Bruno rencontre au chapitre 10, mais aussi Bruno lui-même (qui se fait passer pour un détenu au chapitre 19).

Dressez son portrait physique et psychologique : il s’appelle Bruno ; on ignore son âge (on apprend p. 28 qu’il a neuf ans) ; il n’est pas décrit physiquement (mais on apprend p. 28 qu’il est de petite taille pour son âge) ; il vit avec ses deux parents et sa sœur Gretel, avec laquelle il ne s’entend pas très bien ; il est issu d’un milieu social aisé (bonne, majordome, cuisinière) ; respecte ses parents (Mère, Père) et les domestiques; il a un père militaire (uniforme épatant) ; il a reçu une éducation stricte et se montre soucieux de respecter les règles de politesse et les interdits qu’ils lui ont fixés.

3. Pour quelle raison toute la famille doit-elle déménager ?

Le Fourreur exige que Père se rende quelque part pour un travail particulier, un travail très important, qui requiert un homme exceptionnel. Sa famille doit l’accompagner.

4. Quels sentiments Bruno éprouve-t-il face à cette nouvelle ? Il est surpris et contrarié (p. 7), inquiet (p. 8) lorsqu’il trouve Maria en train de faire sa valise, il culpabilise car il se demande s’il s’agit d’une punition (p. 8). Il éprouve un sentiment d’injustice à l’idée que tous les membres de la famille et les domestiques doivent accompagner Père. Il est surpris lorsque sa mère lui dit que le nouveau lieu de travail de Père est très loin et qu’il devra dire adieu à ses camarades de classe (p. 12), ce qui le rend triste (p. 14).

Comment son inquiétude se manifeste-t-elle ? 1. Il pose beaucoup de questions à Mère : il veut savoir pourquoi ils partent, où ils se rendent (réponse très vague : quelque part, à plus de un kilomètre), qui s’occupera de la maison en leur absence. Il se demande également si la nouvelle maison aura une rampe pour faire des glissades, et si ses grands-parents vont venir avec eux. 2. Cette inquiétude se manifeste aussi par le fait qu’il enfreint certaines règles de politesse : il interrompt sa mère (p. 12) et élève la voix (p. 13)

Quels inconvénients le dérangent particulièrement ? (p. 12-14) Le fait de ne plus voir ses trois camarades de classe préférés et de ne pouvoir réaliser leurs projets communs, le fait que leur nouvelle maison n’aura peut-être pas de rampe se prêtant aux glissades.

5. Comment Mère réagit-elle à ce déménagement ? Cet événement semble la perturber : p. 8 : elle se tordait nerveusement les mains comme si elle refusait à devoir dire ou croire quelque chose. […] Elle poussa un soupir et lança les mains en l’air en signe d’exaspération. p. 9 : elle avait les yeux plus rouges qu’à l’accoutumée.

p. 11 : Mère soupira et parcourut la pièce du regard comme si elle ne devait jamais plus la revoir. p. 12 : Oh, s’exclama Mère en riant d’un drôle de rire, car elle n’avait pas l’air gaie du tout et se retourna, comme si elle voulait lui cacher son visage.

p. 15 : Il l’entendit élever la voix puis Père parla plus fort qu’elle, ce qui mit un terme à leur conversation (ce qui consiste, comme pour son fils, à enfreindre une des règles de politesse à l’intérieur de la maison ; elle transgresse une autre règle en entrant dans le bureau de Père.) Elle répond à certaines questions de son fils avec embarras et parcimonie, en particulier sur le travail de son père, ce qui suscite de la part de Bruno d’autres questions plutôt que de satisfaire sa curiosité et celle du lecteur.

Conclusion sur la façon dont le déménagement est vécu : à travers les réactions des personnages (Bruno et sa mère) et par l’utilisation du point de vue interne, l’auteur présente ce déménagement comme un événement très perturbateur, aux motifs non entièrement élucidés, ce qui nous incite à poursuivre la lecture.

Chapitre 2 : « La nouvelle maison » : résumé : Bruno découvre sa nouvelle maison, bien différente de l’ancienne car située dans un endroit désolé, au milieu de nulle part. Il a envie de retourner à Berlin, mais ce n’est pas possible. Il fait la connaissance d’un des soldats de son père, qu’il juge « trop sérieux », le lieutenant Kotler. Par une fenêtre, il aperçoit un spectacle « qui le remplit de crainte et de froid ».

Chapitre 3 : « Le cas désespéré » : Raisons pour lesquelles Bruno ne s’entend pas avec Gretel, sa sœur aînée. Ils sont juste d’accord sur un point : ils détestent « Hoche-Vite », cet endroit hostile où ils vivent désormais. Même les enfants d’ici ne paraissent pas sympathiques à Bruno. Gretel, qui ne les a pas encore vus, se met à les regarder par la fenêtre de sa chambre.

Séance n° 2 : chapitre 4 : « Ce qu’ils voient par la fenêtre »

Problématique : étudier la manière dont s’exprime l’incompréhension des enfants, qui découvrent Auschwitz et l’observent.

PAR QUEL TERME LES ENFANTS DESIGNENT LE LIEU QU’ILS DECOUVRENT (p. 35, 37, 39, 41)

cet endroit ; un endroit pareil ; cet endroit ; un endroit aussi horrible

REACTIONS PHYSIQUES (p. 35, 37,38)

bouche bée

elle referma la bouche

serra les lèvres, fronça les sourcils

QUESTIONS QUI RESTENT SANS REPONSE (p. 35, 37, 39, 40, 41, 42)

C’est qui ? […] C’est quoi cet endroit ?

Qui voudrait construire un endroit pareil ?

Si c’est la campagne comme tu le dis, où sont les animaux ?

Qui sont tous ces gens ? […] Et que font-ils là ?

Pourquoi Père a-t-il accepté un travail dans un endroit aussi horrible, avec autant de voisins ?

Pourquoi tous ces gens portent-ils la même tenue : un pyjama gris rayé et un bonnet assorti ?

EXPRESSIONS MONTRANT LEUR INCOMPREHENSION TOTALE (p. 35, 41, 42)

Je ne sais pas.

Cela n’a pas de sens.

C’est incroyable.

FAITS QUI LES INTRIGUENT ET LEURS TENTATIVES POUR LES EXPLIQUER :

-p. 35 : ils ne voient ni filles, ni mères, ni grand-mères.

-p. 37 : les maisons n’ont pas d’étage et sont très basses.

-p. 38 : ils se trouvent face à un grand espace nu/une immense étendue.

-p. 41 : avec brutalité, les soldats obligent les enfants à se mettre en rang.

-p. 41-42 : les enfants paraissent très sales.

Explication : peut-être vivent-elles ailleurs.

Explication : ce sont sûrement des maisons modernes.

Explication : ce doit être la campagne.

Explication : il doit s’agir d’une sorte de répétition.

Explication : peut-être n’ont-ils pas de baignoires.

CONNAISSANCES SUR LESQUELLES ILS FONDENT LEURS HYPOTHESES (p. 38, 40, 41)

les cours de géographie, les jeux, les comparaisons entre le camp et Berlin

Conclusion sur l’incompréhension de Bruno et Gretel : mettre en évidence l’échec des enfants : ils se rendent compte qu’ils se trouvent dans un univers étrange, mais bien qu’ils rivalisent d’hypothèses pour tenter de comprendre ce qu’ils voient (cf. dialogue argumentatif p. 38-39 : Gretel use en vain de son statut d’aînée et d’élève brillante), ils ne sont  pas eux-mêmes convaincus par ces hypothèses.

Leur naïveté est toute relative car :

-nous disposons, par rapport à eux, d’un recul historique d’une soixantaine d’années

-ils pressentent, malgré leur jeune âge, qu’il se passe quelque chose de terrible sans pouvoir le nommer : l’horreur de la « solution finale ».

Prolongement : La création littéraire : John Boyne n’a pas connu cette période historique personnellement. D’après vous, de quelles sources a-t-il pu s’inspirer pour décrire le camp de concentration d’Auschwitz ? Livres et films documentaires, témoignages de rescapés, visite du camp. 

Lisez cet extrait de l’ouvrage documentaire L’Etat SS : le système des camps de concentration allemands (KOGON, Eugen. Seuil,  Points Histoire H158,

2-02-014136-1, édition de 1993, 9,45 €, traduit de l’allemand) et dites quelles informations sont communes avec le texte de fiction de John Boyne.

Pour établir des camps de concentration,

la SS

choisissait toujours des endroits isolés, à proximité des villes relativement importantes. On donnait la préférence aux régions boisées ou marécageuses. En agissant ainsi,

la SS

avait deux intentions : les camps devaient être coupés du monde extérieur, mais

la SS

devait avoir à sa disposition les sources de revenus et les agréments des villes. […] La question de l’adduction d’eau ne jouait dans l’établissement des camps qu’un rôle secondaire. On installait rapidement des conduites d’eau provisoires, suffisantes pour les SS, même s’il fallait venir l’eau de très loin, même s’il fallait bâtir d’énormes pompes. Ce fut souvent la pénurie d’eau qui a largement contribué à l’aggravation des conditions de vie dans de nombreux camps. Il n’est pas besoin de dire ce que cela peut être que de ne pouvoir boire pendant des journées brûlantes, de ne pouvoir se baigner, et pas se laver !

On délimitait généralement une étendue de terrain suffisante pour pouvoir contenir les SS et de 10 000 à 20 000 détenus. Pour ces derniers, on ne réservait que la plus petite partie. La construction du camp commençait par la construction des logements de

la SS

, tandis que les détenus étaient logés dans des baraquements des plus primitifs. […]

Chaque camp comportait trois zones : le camp proprement dit à l’intérieur des barbelés ; la zone de

la Kommandantur

et les cités SS.

La zone de

la Kommandantur

comprenait les bâtiments administratifs, les casernes, les maisons des officiers (pour la plupart des villas très bien aménagées avec de grands jardins), une série d’installations splendides : jardins zoologiques, serres chaudes, parcs, manèges, etc., qui formaient un tableau extrêmement agréable à l’œil. […]

Les cités SS étaient la plupart du temps disposées en cercle autour du camp, en des points bien choisis et dans un paysage le plus agréable possible.

[…] La zone des barbelés formait un affreux contraste avec

la Kommandantur

et les cités. L’impression dominante qu’elle donnait était celle de solitude et de désespoir. Une surface nue, défrichée à travers les bois, était entourée par des barbelés hauts de plusieurs mètres et chargés de courant électrique. (p. 47-48)

Faire remarquer en particulier le contraste que perçoit Gretel entre les deux paysages différents s’étendant de part et d’autre de la barrière.

Possibilité de situer sur un plan d’Auschwitz les zones décrites dans le chapitre 4.

Chapitre 5 : « En aucune circonstance et sous aucun prétexte » : Avant de quitter la maison de Berlin, Mère a eu un moment de tristesse. Bruno n’a pas été en contact avec Père depuis leur arrivée à Auschwitz. Il va le voir dans son bureau pour lui dire que leur nouvelle maison ne lui plaît absolument pas et tenter de le convaincre de partir, mais Père est inflexible : ils y sont pour un laps de temps indéterminé. Lorsque l’enfant l’interroge sur tous ces gens dehors, habillés pareils, il lui répond que « ce ne sont pas des gens ». Avant de quitter le bureau, Bruno doit faire le salut nazi, dont il ignore la véritable signification.

Chapitre 6 : « La bonne trop bien payée »  : Bruno demande à Maria, la bonne, si elle déteste « Hoche-Vite » autant que lui. Il espère ainsi faire d’elle une alliée qui l’aiderait à convaincre Père de retourner à Berlin, mais elle hésite à répondre. Comme il semble très fâché contre Père, elle lui raconte que c’est un homme bon car il l’a prise à son service alors qu’elle était en difficulté et il a aidé sa mère qui travaillait pour sa famille. Elle lui conseille de se résigner à sa nouvelle situation. Bruno songe à s’enfuir mais il n’ose pas le faire.

Chapitre 7 : « Mère s’attribue le mérite de quelque chose qu’elle n’a pas fait » : Bruno se rappelle un voisin, à Berlin, qui était devenu fou après avoir pris part à

la Grande Guerre.

Pour tromper l’ennui, il décide de se fabriquer une balançoire et demande au lieutenant Kotler, en pleine conversation avec Gretel, s’il pourrait lui donner un pneu. Celui-ci ordonne alors de manière insultante à Pavel, le maître d’hôtel, de lui en trouver un. Peu après, Bruno tombe de la balançoire et se blesse. Pavel le soigne et lui apprend qu’il est médecin, ce qui surprend beaucoup Bruno. Informée de l’incident, Mère, contrariée, déclare à Pavel qu’elle dira à Père que c’est elle qui l’a soigné.

Chapitre 8 : « Pourquoi Grand-mère est partie comme une furie » : Grand-père et Grand-mère, qui sont restés à Berlin, manquent beaucoup à Bruno. Il se souvient des spectacles qu’elle mettait en scène à l’occasion de réunions familiales. Lorsque Père est devenu « commandant » après la visite du « Fourreur », Grand-Mère a critiqué son nouvel uniforme tandis que Mère et Grand-Père se sont montrés satisfaits de cette promotion. Grand-Mère a quitté la réunion, très fâchée. Bruno écrit une lettre à Grand-Mère pour lui faire part de son affection.

Chapitre 9 : « Bruno se souvient qu’il aimait explorer » : Père et Mère décident que Bruno et Gretel doivent reprendre leurs études. M. Liszt, précepteur, axe son enseignement sur l’histoire des origines, la mère patrie. Pour tromper l’ennui, Bruno décide d’explorer « Hoche-Vite ». Il s’interroge sur la présence des soldats et des « gens en pyjama », puis il commence l’exploration du camp malgré l’interdiction de ses parents.

Séance n° 3 : chapitre 10 : « Le point qui devient une tache qui devient une forme qui devient une silhouette qui devient un garçon »

chapitre 12 : « Shmuel se demande que répondre à Bruno »

Problématique :  Première rencontre entre Bruno et Shmuel : sur quoi repose l’amitié qui va naître entre eux ?

1.      Par quel procédé cinématographique l’auteur fait-il apparaître le jeune garçon à

Bruno ? (p. 102)  zoom avant

2.      Relevez toutes les différences et tous les points communs entre Bruno et Shmuel.

Différences : Bruno est allemand (fils d’un nazi), libre/Shmuel est polonais (fils d’un Juif déporté), prisonnier ; Bruno porte des vêtements civils et vit dans le confort/Shmuel porte l’uniforme des détenus et vit dans le dénuement ; Bruno est en bonne santé/Shmuel ne semble pas bien portant (peau presque grise ; Bruno était certain de n’avoir jamais rencontré de garçon aussi maigre) ; Bruno est seul alors que Shmuel a beaucoup d’ «amis» ; Bruno ne parle que l’allemand alors que Shmuel parle plusieurs langues ; Bruno mange à sa faim alors que Shmuel souffre de la faim.

Ressemblances : ils sont nés le même jour ; ils sont associés tous les deux à un signe distinctif (Shmuel porte un brassard orné d’une étoile/le père de Bruno porte un brassard rouge avec un dessin noir et blanc) ; tous deux sont tristes (à des degrés différents) ; ils s’étonnent de leurs prénoms respectifs, puis s’y habituent ; ils parlent la même langue : l’allemand ; chacun pense que son pays est le plus beau ; tous deux sont nostalgiques du passé ; tous deux ont déménagé à cause du « Fourreur », sans qu’on leur demande leur avis, et sont déracinés ; ils ont été tous les deux malmenés par un adolescent (Bruno par Gretel/Shmuel par Luka) ; ils n’ont ni l’un ni l’autre le droit de se trouver à cet endroit du camp.

3. La découverte de Shmuel par Bruno est le « résultat » de son goût pour l’exploration. Quelle conception Bruno a-t-il de l’exploration et du métier d’explorateur ? Dès le chapitre 2, le lecteur apprend ce goût, que Bruno a mis en pratique dans la grande maison de Berlin. A Auschwitz, cette activité lui sert à tromper l’ennui, mais il voudrait en faire son métier. Il ne connaît l’exploration qu’à travers les livres et pense que cela réserve des surprises, qui en valent la peine ou pas.

4. Comment chaque enfant aborde-t-il la situation présente ? Shmuel raconte avec dignité et pudeur les péripéties douloureuses qu’il a vécues. Bruno réagit à ce récit avec beaucoup de naïveté, se plaignant de contrariétés bien dérisoires (couvre-feu, maison moins agréable) en comparaison avec les conditions de vie de Shmuel, mais il remarque la maigreur excessive de son nouvel ami et préfère tenir leur rencontre secrète, ce qui laisse supposer qu’il pressent quelque chose d’anormal. Si Shmuel semble plus mature, il est ignorant lui aussi de l’horreur de la tragédie dans laquelle ils sont impliqués. Par exemple, quand il dit à Bruno : « Tu es du mauvais côté de la barrière. », cette phrase a un sens figuré qu’il ne soupçonne pas.

5. Que symbolise cette barrière qui sépare les deux enfants ? pays en guerre, bourreaux/victimes, Juifs/non-Juifs, idéologies différentes…

Conclusion sur l’amitié entre Bruno et Shmuel : l’attachement qui naît entre ces deux enfants que tout sépare repose sur les similitudes qu’ils se découvrent. Leur amitié, faite de spontanéité, d’intelligence et de respect (Nous ne sommes pas du même avis, nous devons l’accepter, dit Bruno) contraste avec l’étroitesse d’esprit des adultes en guerre et invite à la tolérance.

LE GHETTO DE CRACOVIE (cf. p. 123-124)

Le 3 mars 1941, le gouverneur de la région de Cracovie, Otto Wächter, ordonne la création d'un ghetto à Cracovie. Tous les Juifs restant à Cracovie doivent y entrer au 20 mars 1941.     Le territoire du ghetto couvre une surface de

20 hectares

, comprend 15 rues et 320 appartements. Il est partiellement entouré d’un mur et d’une clôture de bois. Toutes les fenêtres et portes donnant sur le côté « aryen » sont murés. Quatre entrées gardées permettent l’accès au ghetto. 

La plupart des immeubles sont vieux et mal entretenus. Avant la guerre, environ 3 000 habitants vivaient dans le secteur de ghetto, maintenant, plus de 15 000 s’y entassent. Selon le règlement, quatre familles doivent partager un appartement. En raison du surpeuplement, beaucoup de personnes passent leur journée dans les rues. En octobre 1941, arrivent 6 000 Juifs supplémentaires des villages environnants. La faim devient un problème lancinant car la nourriture est rationnée. La plupart des Juifs travaillent dans des ateliers et les usines du ghetto, en grande partie pour le compte de

la Wehrmacht

ou de

la Luftwaffe. Ils

reçoivent progressivement des cartes d’identification spécifiques, le « Blauschein ».

Dans la seconde moitié de 1942, les Allemands déportent environ 13 000 personnes du ghetto. La plupart des déportés sont envoyés au camp d’extermination de Belzec, et quelques-uns à Auschwitz, à

65 km

environ de Cracovie. 

A la mi-mars 1943, les Allemands détruisent le ghetto de Cracovie. Plus de 2 000 personnes sont déportées à Auschwitz-Birkenau, où elles sont exterminées.

Cracovie est libérée par l’armée soviétique en janvier 1945.

www.encyclopedie.bseditions.fr

Chapitre 11 : « Le Fourreur » : quelques mois plus tôt, le « Fourreur » est venu dîner à la maison en compagnie d’Eva (Braun). Père a exposé à Bruno et Gretel les règles à observer en sa présence. Bruno a apprécié Eva, mais a trouvé que le « Fourreur » était un « homme horrible ». Après leur départ, Bruno a entendu une conversation animée entre Père et Mère.

Chapitre 13 : « La bouteille de vin » : Bruno s’habitue à sa nouvelle vie. Un jour, il demande à Maria des explications sur Pavel qui lui a dit qu’il était médecin alors qu’il est maître d’hôtel. Puis il rejoint Shmuel, à qui il parle de Pavel et ils évoquent leurs futurs métiers ainsi que le lieutenant Kotler. Ce soir-là, le lieutenant dîne avec la famille. Bruno se plaint à Père de M. Liszt : il ne leur fait étudier que l’histoire et la géographie. Puis un incident oppose Père à Kotler : le lieutenant parle de son père qui a quitté l’Allemagne pour

la Suisse

et Père le soupçonne d’avoir ainsi manifesté son désaccord avec le nazisme. Pavel renverse du vin sur le lieutenant, qui le châtie durement.

Chapitre 14 : « Bruno raconte un mensonge parfaitement justifié » : un après-midi, alors que Bruno ne peut aller retrouver Shmuel à cause de la pluie, il parle à Gretel, sans le vouloir, de son nouvel ami. Puis il ment en lui disant que c’est un ami imaginaire.

Séance 4 : chapitre 15 : « Quelque chose qu’il n’aurait pas dû faire » : 

Problématique : par quels procédés l’auteur crée-t-il un personnage antipathique : le lieutenant Kotler ?

1. En vous basant sur ces anecdotes (p. 155-156), trouvez des adjectifs qui décrivent la personnalité du lieutenant. séducteur, charmeur, intriguant, moqueur, méprisant, méchant, brutal, violent, inculte, bref très antipathique malgré son jeune âge (19 ans) et un physique avenant.

2. Quels sentiments Bruno éprouve-t-il pour le lieutenant ? (p. 158) colère, frustration, sentiment d’injustice

3. Pourquoi le lieutenant a-t-il choisi Shmuel parmi d’autres détenus pour travailler dans la maison du commandant ? Il faut laver de petits verres pour préparer la réception donnée à l’occasion de l’anniversaire de Père et ce travail nécessite d’avoir des doigts fins.

[On relèvera le peu de réalisme de cette situation car c’est précisément Shmuel qui est choisi parmi des milliers d’enfants prisonniers. Quel est l’intérêt dramatique de ce choix ? Montrer la différence de traitement entre les deux enfants ? Mise à l’épreuve de leur amitié ?]

4. Comment la terreur qu’éprouve Shmuel vis-à-vis du lieutenant se manifeste-t-elle? (p. 162-165)

–l’expression de son visage (air désespéré, yeux terrifiés), qui traduit le dilemme qui l’habite (manger ou ne pas manger)      

-la rapidité avec laquelle il dévore les tranches de poulet : d’abord parce qu’il souffre de la faim, ensuite parce qu’il a peur d’être surpris par Kotler

-le fait qu’il tremble de peur lorsque le lieutenant apparaît dans la cuisine

-son incapacité à prononcer un mot lorsque Kotler l’accuse d’avoir volé de la nourriture

-le regard que porte Bruno sur sa peur : Il n’avait jamais vu personne avoir aussi peur que Shmuel …

-son désir de mourir (p. 165)

-le fait qu’il tremble de peur à l’idée de casser un verre

5. Comment la peur qu’éprouve Bruno se traduit-elle ? (p. 164) Que pensez-vous de son attitude à l’égard de Shmuel ?

Malgré son attitude bravache (p. 161), il est aussi terrifié que Shmuel par le lieutenant car il a déjà été témoin à plusieurs reprises de sa violence, et il nie connaître le garçon (par trois fois, comme Pierre reniant le Christ).

6. Que pensez-vous du jugement que Bruno porte sur lui-même : « Il n’aurait jamais imaginé se conduire de façon aussi cruelle. » ? (p. 165-166)

7. Quel acte rend le lieutenant particulièrement odieux ? (p. 166) Le fait de frapper un jeune enfant à bout de forces, ce qui est d’une lâcheté et d’une inhumanité extrêmes. [Cet acte est présenté sous forme d’ellipse.]

8. Relever l’ambiguïté de l’affirmation de Shmuel : « Je ne sens plus rien », « Je ne sens plus rien à présent » (p. 166-167). Cela peut signifier : « Je suis guéri » parce qu’il cherche à rassurer Bruno, mais cela signifie certainement qu’il a tellement enduré de coups qu’il est au-delà de la douleur.

Conclusion sur la personnalité de Kotler : la brutalité, la cruauté, la méchanceté, le sadisme de Kotler contrastent avec la dignité et le courage des deux enfants. Bien qu’il les fasse souffrir physiquement (Shmuel) et moralement (Bruno), il ne peut briser leur amitié, qui sort renforcée (les deux garçons se serrèrent la main et se sourirent).

Séance 5 : chapitre 16 : « La coupe de cheveux » : Problématique : en quoi l’approche qu’ont Bruno et Gretel d’Auschwitz diffèrent-elles désormais ?

1. Récapituler, dans les chapitres précédents, tous les indices de la « solution finale »  et de l’idéologie nazie que les enfants ont remarqués.

-chapitre 4 : « Ce qu’ils voient par la fenêtre » : cf. séance 2

p. 55 : « Ce ne sont pas des gens … »

-p. 56 : Heil Hitler !

-p. 75-76 : Kotler insulte Pavel

-p. 82-84 : Pavel, le maître d’hôtel, est en réalité médecin ; Mère dit que c’est elle qui a soigné Bruno. p. 133 : Bruno comprend qu’il « n’a plus le droit [d’être médecin] ».

p. 89-91 : Grand-Mère critique l’uniforme de Père, dit qu’elle a « honte de [son] fils » et se fâche avec lui.

p. 96 : M. Liszt veut apprendre aux enfants « d’où [ils viennent] ».

p. 100 : l’inscription sur « le banc avec sa plaque »

p. 108 : bribes de conversations entre Père et Grand-Père : « Nous sommes supérieurs. »

chapitre 11 : la visite du « Fourreur » ; p. 119 : discussion entre Père et Mère

chapitre 12 : p. 122 : l’étoile jaune, la croix gammée ; récit par Shmuel de sa déportation

p. 138 : « Nous corrigeons l’histoire actuellement ».

p. 141 : Père soupçonne le père de Kotler d’avoir quitté l’Allemagne parce qu’il est un

opposant au régime.

p. 142 : Kotler frappe Pavel.

p. 165-166 : Kotler frappe Shmuel.

2. Un an s’est écoulé depuis que Bruno a quitté Berlin. Quels détails montrent que le temps a passé ? (p. 168) Ses souvenirs de son ancienne vie se sont estompés ; il se rend compte qu’il a grandi physiquement.

A quoi voit-on que Gretel a évolué psychologiquement ? (p. 171) Elle a jeté ses poupées (sur lesquelles l’auteur insiste au début du roman (p. 27 : une impressionnante collection de poupées) et les a remplacées par des cartes de l’Europe.

3. Qu’est-ce qui intrigue particulièrement Bruno ? La barrière. Quelle démarche entreprend-il pour tenter de comprendre la situation ? Il questionne Gretel.

4. Relevez les expressions qui montrent que Gretel est devenue perméable à l’idéologie raciste nazie (p. 173-174). Parce qu’il faut qu’ils restent entre eux. … avec ceux de leur espèce. C’est pour cela qu’ils doivent rester entre eux. Et ne pas se mélanger avec nous. Bien sûr que non, nous ne sommes pas [juifs]. Et tu ne devrais même pas dire une chose pareille. Non, c’est nous qui ne les aimons pas, espèce d’idiot.

Elle considère cette situation comme une évidence.

5. Les explications de Gretel lui paraissent-elles claires à elle-même ? Pourquoi ? Elle est parfois embarrassée (Nous sommes … répéta-t-elle, sans savoir vraiment quelle était la réponse.) car elle ne fait que répéter ce que Père - et sans doute

M. Liszt et Kotler - lui ont dit, sans vraiment le comprendre.

6.  Bruno comprend-il/accepte-t-il les explications de Gretel ? Non, car ce que lui dit Gretel ne nuit pas à son amitié avec Shmuel. Bien au contraire, il considère qu’il est comme lui. [Le fait qu’on doive raser la tête de Bruno parce qu’il a des poux va avoir une conséquence tragique pour lui.]

Conclusion sur l’évolution psychologique des enfants : un an après leur arrivée à Auschwitz, Gretel partage (par mimétisme, sans le savoir) l’idéologie nazie tandis que Bruno est toujours très innocent (ex : il continue à prononcer le nom du camp « Hoche-Vite »). Il perçoit toujours qu’il se passe des choses étranges autour de lui, mais sans en comprendre les enjeux et en ignorant le rôle que son père y joue. Il ne fait pas le lien entre les divers indices qui pourraient lui faire prendre conscience de l’horreur dans laquelle il vit malgré lui. Il continue à porter un regard candide sur une réalité terrifiante : celle de l’univers concentrationnaire.

Chapitre 17 : « Mère obtient ce qu’elle veut » : Mère est de plus en plus malheureuse à Auschwitz. Bruno surprend une conversation entre Père et elle au cours de laquelle elle critique vivement son « travail » et lui dit qu’elle ne supporte plus de vivre dans le camp. Sur un éventuel retour à Berlin, Bruno est partagé. Finalement, Père le convoque dans son bureau avec Gretel pour leur annoncer qu’ils vont rentrer à Berlin avec Mère.

Chapitre 18 : « Le plan de la dernière aventure » : Deux jours de suite, Shmuel ne vient pas au rendez-vous. Le troisième jour, il raconte à Bruno qu’il était à la recherche de son père, qui reste introuvable. Il lui dit aussi que les soldats les haïssent, lui et ses semblables, et qu’il les hait aussi. Avant de partir définitivement, Bruno aimerait entrer dans le camp pour voir où Shmuel vit, explorer les lieux et l’aider à retrouver son père, mais il ne lui est pas permis de franchir la clôture. Il a alors l’idée de porter un pyjama rayé pour passer inaperçu.

Séance 6 : chapitres 19 : « Ce qui arriva le lendemain » et 20 : « Le dernier chapitre » : Problématique : étudier l’ironie de l’épilogue.

1.      Lire les deux chapitres et commenter la chute de chacun d’eux.

2. Dresser dans les chapitres précédents la liste des événements et des traits de personnalité de Bruno qui vont le conduire à la mort :

-le fait qu’on lui tonde les cheveux, ce qui va lui donner l’idée de se faire passer pour un détenu 

-son départ imminent d’Auschwitz

-son côté très enfantin : son goût de l’exploration et du jeu

-sa serviabilité, son sens de l’amitié (désir d’aider Shmuel à retrouver son père).

ironie : 1. Raillerie consistant à ne pas donner aux mots leur valeur réelle ou complète ou à faire entendre le contraire de ce qu’on dit.

2. Fig. Contraste entre une réalité cruelle et ce que l’on pouvait attendre. Ironie du sort. (Le Petit Larousse)

[Pour que l’ironie fonctionne, une connivence avec le destinataire (ici : le lecteur) est nécessaire. Celui doit en effet être capable d’identifier les indices lui permettant de comprendre que l’énonciateur n’est pas d’accord avec les idées qu’il affirme : ton décalé par rapport aux propos tenus, vocabulaire exagéré, contexte …]

3. (Classe divisée en deux groupes) Groupe 1 : relevez les marques de l’ironie dans le chapitre 19 et expliquez-les en vous appuyant sur cette double définition. Précisez si elles relèvent du point de vue de Bruno (via l’auteur) ou d’une situation.

Exemple p. 188 (chapitre 18) : C’était, somme toute, un plan très sensé et un excellent moyen de se dire au revoir. Le plan n’est pas du tout sensé (commentaire) puisqu’il va conduire les deux enfants à la mort ; ils vont se dire au revoir dans la chambre à gaz (situation).

-p. 189 : une aventure qui promettait d’être particulièrement excitante

-p. 190 : la pluie finit par cesser (après un certain suspense) alors que s’il avait continué de pleuvoir, Bruno n’aurait pu sortir : Elle finit heureusement par cesser …

Il ne risquait plus grand-chose de ce côté-là. Il s’en est fallu de peu [que je reste à la maison]. Le temps était tellement mauvais. (p. 191) La pluie ne s’arrête que pour lui laisser le temps d’aller au rendez-vous (p. 199) Il songe aussi aux ennuis qu’il pourrait avoir en rentrant à la maison. Or, il prend un risque beaucoup plus grand en pénétrant dans le camp.

-p. 191 : bouche bée de plaisir (alors que ce pyjama va causer sa perte)

Je ne te laisserai pas tomber. (C’est exact, mais dans la mort p. 200)

en se maudissant de ne pas avoir pensé à prendre un sac pour y ranger ses habits (il prend de nombreuses précautions pour ne pas salir ses vêtements et ne pas se faire gronder au retour par Mère alors qu’il n’en aura plus besoin)

-p. 192 : en se changeant, Bruno fait preuve d’une grande pudeur alors que les prisonniers étaient obligés de se déshabiller avant d’entrer dans la chambre à gaz.

C’était vraiment extraordinaire.

p. 193 : c’est sa grand-mère, que Bruno a beaucoup aimée, qui lui a donné le goût du déguisement

p. 194 : et trouvait cela merveilleux.

p. 198 : Père était le commandant : l’auteur rappelle que le propre fils du commandant d’Auschwitz va être gazé

p. 199 : une longue pièce [….] sans doute très bien conçue […] Une bonne chose (Bruno est à l’abri de l’orage, sans se douter qu’il court un risque infiniment plus grand).

p. 200 : Mon meilleur ami pour la vie (il fait ce serment alors que leur mort est proche).

Groupe 2 : relevez les marques de l’ironie dans le chapitre 20 en prêtant attention aux retournements de situation. Exemple p. 201 : le commandant fut incapable de comprendre ce qui était arrivé à son fils : cf. l’incompréhension par Bruno du fonctionnement d’Auschwitz et des circonstances de sa mort

Marques de l’ironie :

-Mère croit (ou s’efforce de croire) que Bruno est rentré seul à Berlin alors qu’il a été enterré ou incinéré à quelques mètres de la maison.

p. 202 : Gretel pleure l’absence de son frère qu’elle aimait vraiment, alors qu’elle n’a cessé de se montrer méprisante envers lui.

Retournements de situation : 

-p. 201 : les soldats et le commandant explorent le camp pour retrouver Bruno

-p. 202 : Père souffre de la disparition de son fils alors qu’il a fait gazer des milliers d’enfants sans penser à la douleur des parents

-Il se retrouva assis par terre, pratiquement dans la même position que celle de Bruno (car il est anéanti quand il comprend dans quelles conditions horribles son fils est mort).

-Père est fait prisonnier, alors qu’il dirigeait un camp de prisonniers. (Auschwitz a été libéré par les Russes en 1945).

-p. 201 : plus rien de ce qu’ils pourraient lui faire n’avait d’importance : cf. p. 167 : Je ne sens plus rien à présent, répéta Shmuel.

Conclusion sur les deux chapitres qui constituent l’épilogue : le destin des deux enfants est empreint d’une ironie dramatique implacable. L’innocence de Bruno, qui persiste jusqu’à la fin, ne masque en rien l’horreur de la tragédie, même si l’auteur évite tout détail sordide.

CONCLUSION SUR L’ŒUVRE : EN QUOI S’AGIT-IL D’UNE FABLE ? (p. 5)

Du latin « fabula » signifiant récit, fiction, la fable peut être définie comme « un petit récit, généralement allégorique, qui contient une leçon morale, une leçon de sagesse ». (www.espacefrancais.com)

Le garçon en pyjama rayé est un roman court dont l’épilogue se termine en forme de morale : Tout cela s’est passé il y a fort longtemps, bien sûr, et rien de semblable ne pourrait plus jamais arriver. Pas de nos jours. Cette formule ironique (fort longtemps est relatif ; ne pourrait plus jamais arriver : on déplore aujourd’hui encore des conflits raciaux dans le monde) invite le lecteur à se méfier d’idéologies qui conduisent à des catastrophes. Si l’on se réfère aux animaux doués de parole dans les Fables de

La Fontaine

, on peut considérer qu’une fable comporte des invraisemblances. Ici, on peut relever les exemples suivants :

-la facilité avec laquelle Bruno et Shmuel communiquent chaque jour au travers de la clôture du camp (explication p. 195)

-le fait que la vie des enfants à Auschwitz était brève, or Bruno et Shmuel se voient pendant un an

-la facilité avec laquelle il leur est possible de se faufiler sous le grillage

-le fait qu’ils parlent la même langue, l’allemand (explication p. 108)

-le fait que, parmi tous les enfants prisonniers à Auschwitz, Kotler choisisse Shmuel pour nettoyer les verres (chapitre 15

Le langage du roman est simple, limpide, volontairement enfantin. On remarque également des formules qui se font écho (ex : p. 9, 1, 120 : Toutes ses affaires y compris celles qu’il avait cachées dans le fond et qui ne regardaient que lui. Autre exemple : cette expression, souvent employée par Mère pour désigner Père : Certaines personnes …).

PROLONGEMENT : par groupes, les élèves font des recherches et rédigent un compte-rendu à propos des thèmes suivants :

-l’idéologie nazie (cf. le contenu de l’enseignement de M. Liszt p. 95-96)

-la résistance allemande au nazisme (à l’image de Grand-Mère, de Mère, du père de Kotler, de Bruno qui résiste sans le savoir en se liant d’amitié avec un enfant juif)

[Le roman montre, en arrière-plan, un milieu familial qui se fissure.]

-Que savaient ou pas les contemporains de la « solution finale » ? (Bruno symbolise-t-il l’aveuglement des populations face au génocide juif ?)

-le procès de Nuremberg.

Etape n° 1 : recherche d’informations dans le roman (sauf pour le procès de Nuremberg)

Etape n° 2 : recherche d’informations complémentaires sur Internet et dans les ouvrages documentaires du CDI.

Etape n° 3 : mise en commun.

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18 mars 2008

Français BEP : "Energies bloquées" et "Exit Wounds" de Rutu Modan

ENERGIES BLOQUEES DE Rutu MODAN, Actes Sud BD, 2005

2-7427-5351-6  22,00 € (traduit de l’hébreu)

OBJECTIFS : étudier plusieurs récits en bande dessinée, présenter un auteur israélien et le conflit israélo-palestinien, lire l’image.

                                            BIOGRAPHIE DE Rutu MODAN

Née en 1966 à Tel-Aviv, Rutu Modan publie régulièrement des dessins humoristiques et politiques dans la presse israélienne et collabore au New York Times. Elle a été récompensée à plusieurs reprises pour son travail d’illustratrice. Elle enseigne la bande dessinée en Israël et participe à l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs. Elle a fondé la maison d’éditions Actus Tragicus avec quatre autres dessinateurs. En 2005, elle a publié l’album Energies bloquées. Exit Wounds a reçu le prix France Info 2008 de la bande dessinée d’actualité et de reportage. Le jury a salué une œuvre de fiction tout entière dominée  par l’actualité de la société israélienne, ses peurs et douleurs face aux attentats aveugles. Polars, faits divers, nouvelles illustrées constituent son univers. En tant qu’illustratrice jeunesse, elle a notamment illustré Fou de cirque, paru chez Albin Michel Jeunesse en 2005.

Energies bloquées, Actes Sud BD, 2005

Energies bloquées est un recueil de six nouvelles aux styles, formats et thèmes variés. Au premier coup d'oeil, le graphisme de Rutu Modan frappe par son originalité et son inconstance. Les dessins s'encombrent rarement des règles de la perspective ou de l'anatomie. Dans Jadis, cela va plus loin : les cases semblent jetées dans la plus grande urgence. Rutu Modan s'y contente du strict minimum pour qu'on reconnaisse les personnages d'une vignette à l'autre. Pourtant, la même histoire contient des astuces intéressantes : pour raconter un incendie en quatre cases, au lieu de mettre des flammes dans le décor, elle dessine des cases qui semblent elles-mêmes se consumer. Dans les autres nouvelles, le graphisme est tout aussi atypique, mais incontestablement maîtrisé. S'y ajoute une palette de couleurs très rétro, qui rappelle les illustrés des années 1950 ou les Sunday pages des journaux américains. (chronique http://clairdebulle.com)

Exit Wounds, Actes Sud BD, 2007

Les personnages, un chauffeur de taxi, une jeune femme soldat, un épicier et une mère de famille orthodoxe, se croisent, se cherchent et ont beaucoup de mal à se trouver. Finalement, la figure centrale de cette bande dessinée, c’est la société israélienne elle-même, ses peurs et ses doutes, ses douleurs quand elle est confrontée aux attentats aveugles, ses frictions entre modernité sociale et orthodoxie religieuse, ses déchirements et ses solidarités. D’un point de vue graphique, le trait de Rutu Modan apparaît lisse, d’un réalisme simplifié, quelque peu déformé, avec des couleurs acidulées. Un style que le grand auteur de bandes dessinées Moebius qualifiait récemment de "pop". (chronique France Info) 

Energies bloquées se compose de six nouvelles dont l’action se situe en Israël et se caractérise par la diversité des thèmes abordés ainsi que par la diversité de la tonalité (humour, tragédie, fantastique …) Ces récits ont été publiés entre 1998 et 2003.

L’album se caractérise aussi par sa diversité graphique : facture classique dans l’ensemble (vignettes rectangulaires, de taille variable, mais grandes en général); une vignette = une planche (Retour à la maison); cinq nouvelles en couleurs et une en noir et blanc (Jadis) ; texte illustré (Bitch) ; couleur et noir et blanc (L’assassin culotté). Les couleurs, très rétro, rappellent les illustrés des années 50.

JAMILTI : 12 pages

Problématique : comment le conflit israélo-palestinien est-il représenté dans cette bande dessinée ?

Recherches documentaires préalables sur :

-l’enjeu du conflit israélo-palestinien depuis 1948 : 1947 : « plan de partage » de

la Palestine

voté par l’ONU ; 1948 : création de l’Etat d’Israël ; 1948-49 : Israël agrandit son territoire à l’issue de la première guerre israélo-arabe ; à partir de 1970, Israël favorise l’implantation de colonies de peuplement juif dans les territoires occupés : Gaza, Jérusalem-Est, qui fait partie de

la Cisjordanie

et Cisjordanie ; 2008 : malgré diverses initiatives de paix, le conflit est toujours aigu.

-Yasser Arafat : 1924-2004 : président, à partir de 1969, de l’Organisation de Libération de

la Palestine

= OLP. Il est nommé en 1989 président de « l’Etat palestinien » proclamé par l’OLP. Un des artisans de l’accord israélo-palestinien signé à Washington en 1993, il reçoit en 94 le prix Nobel de

la Paix

avec Y. Rabin et S. Peres. Devenu en 94 le président  de l’Autorité nationale palestinienne, élu en 96 raïs (président) du Conseil de l’autonomie palestinienne, il assume ces fonctions jusqu’à sa mort.

-le Hamas : mouvement de la résistance islamique : organisation islamique palestinienne issue des Frères musulmans, fondée en 1987. Revendiquant la libération de

la Palestine

, le Hamas, acteur majeur de l’Intifada (= soulèvement populaire palestinien en 1987 dans les territoires occupés par Israël), mène une lutte armée (attentats) contre Israël.)

                       BREF HISTORIQUE DE

LA SITUATION AU

PROCHE-ORIENT

Suite au plan de partage de 1947, voté par la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU,

la Palestine mandataire devait être partagée entre Juifs et Arabes pour y fonder deux États. Jérusalem et ses environs devenaient un territoire sous autorité internationale.

Néanmoins, après la guerre de 1948 qui a suivi ce vote et

la Déclaration d'Indépendance de l'État d'Israël, seul l'État hébreu a vu le jour, gardant le contrôle des territoires qui lui étaient dévolus par le plan de partage ainsi que Jérusalem-Ouest et une partie des territoires accordés à l'État arabe. La Transjordanie a pris le contrôle de la Judée et de la Samarie (rebaptisées Cisjordanie) ainsi que de

la Vieille

ville de Jérusalem et de Jérusalem-Est, tandis que l'Égypte a pris le contrôle de

la Bande de Gaza.

Suite aux accords d'Armistice négociés en 1949, une ligne de cessez-le-feu a été établie autour de ces territoires. Si la communauté internationale a reconnu Israël dans les territoires délimités par cette ligne de cessez-le feu, ce n’a été le cas d'aucun pays arabe ou musulman.

La question palestinienne peut se résumer par la formule "un peuple sans Etat". Dès lors, les Palestiniens vont se battre par tous les moyens - y compris le terrorisme - pour obtenir une reconnaissance de leur droit à une patrie.

Leur lutte aboutit à la création en 1964 de l'Organisation de libération de

la Palestine

(O.L.P.) qui est  dirigée par Yasser Arafat à partir de 1969. (extrait de Wikipédia)

On appelle guerres israélo-arabes (1948-1973) les quatre conflits qui ont opposé l’Etat d’Israël à divers Etats arabes. La création en 1948  de l’Etat d’Israël, conformément  au plan de partage de

la Palestine

adopté par l’ONU en 1947, n’est pas acceptée par les Etats arabes. Il en résulte une tension permanente qui aboutit à plusieurs conflits armés. La première guerre (mai 1948-janv. 1949) s’achève par la défaite des Etats arabes. Des conventions d’armistice sont signées qui font des lignes de cessez-le-feu les nouvelles frontières d’Israël. La deuxième (oct-nov. 1956) oppose Israël à l’Egypte dans le Sinaï, parallèlement à l’expédition franco-britannique sur le canal de Suez. L’ONU rétablit la ligne d’armistice de 1949. La troisième guerre (guerre des Six-Jours, juin 1967) se solde par une sévère défaite arabe et l’occupation par Israël de

la Cisjordanie

, de Gaza, du Golan et du Sinaï. La quatrième guerre (guerre du Kippour,
oct. 1973) tourne, après des succès initiaux de l’Egypte et de

la Syrie

, à la faveur d’Israël. Un cinquième conflit se déroule en 1982-1983 au Liban, que l’armée israélienne envahit et dont elle chasse les combattants palestiniens.
La résistance des chiites l’oblige à évacuer le pays à l’exception d’une zone dans le sud. Mais une dynamique de paix s’engage, qui aboutit au traité de Washington (1979) entre Israël et l’Egypte, à laquelle est restitué le Sinaï en 1982, et à l’accord de Washington (1993) entre Israël et l’OLP. (Extrait du Petit Larousse 2008)

Le conflit israélo-palestinien est aussi une guerre de religions : judaïsme contre islam.

1. Travail d’anticipation sur la première planche : quelle scène est représentée ? Quelle émotion traduit l’expression de la jeune fille ? D’après ses vêtements, quel métier exerce-t-elle ?

Personnages :

principaux :

Rama : future mariée

Gouri : futur marié

secondaires :

Ronnie, Shabi : amis de Gouri

chauffeur de taxi

Zuheir al-Aziz, terroriste

Relevez les indices spatio-temporels : (l’action se situe en Israël, dans les années 2000) : prénoms des personnages, Arafat, Hamas, Tel-Aviv (principale ville d’Israël, capitale de l’Etat d’Israël jusqu’en 1980), Bethléem (ville de Cisjordanie, au sud de Jérusalem, lieu de naissance de Jésus, d’après les Evangiles).

Le téléphone portable, les allusions au conflit israélo-arabe indiquent une époque contemporaine. L’allusion à Y. Arafat (mort en 2004) situe l’action avant cette date.

I. Etude des relations entre Rama et Gouri : relevez les indices de l’indifférence de Gouri envers sa future épouse :

-il ne s’intéresse pas à sa robe de mariée, il ne donne pas son avis et préfère répondre au téléphone

-il se désintéresse de l’organisation du repas de noces, il préfère jouer au rugby avec ses copains. Il est en plus de mauvaise foi car son argument consiste à dire qu’il doit y aller parce que c’est lui qui a le ballon.

Trouvez-vous que Gouri est un personnage sympathique ? Il est plutôt antipathique :

-attitude envers Rama : ne s’intéresse pas aux préparatifs du mariage

-ironie vis-à-vis de l’attentat : « C’est calme depuis deux semaines. Ils nous négligent. »

-il se montre méprisant envers elle : « Laissez tomber, elle n’y connaît rien. » ; plaisanterie de mauvais goût : « Si elle n’aimait pas [baiser], je ne serais pas avec elle. », ce qui est très machiste. Comme elle est choquée par ses propos et descend de voiture, elle manque de perdre la vie à cause de lui.

II. L’attentat : planche 4 : événement perturbateur : un attentat commis par les Palestiniens.

Sur quoi porte le désaccord entre les futurs mariés ? Rama pense que Yasser Arafat œuvre pour la paix alors que Gouri et le chauffeur de taxi sont persuadés qu’il finance des attentats. 

Planche 5 : relevez le propos raciste du chauffeur de taxi et trouvez un adjectif qui, selon lui, caractérise les Arabes : fourbes, traîtres, hypocrites …

Rama est pacifiste alors que le chauffeur de taxi est … belliciste.

Planche 5 : expliquer fasciste et rationnel.

fasciste : qui se réfère au fascisme, régime établi en Italie de 1922 à 1945, instauré par Mussolini et fondé sur la dictature d’un parti unique, l’exaltation nationaliste et le corporatisme.

rationnel : qui est fondé sur la raison, la logique, le bon sens ; réaliste.

Planches 7 et 8 : décrivez l’attitude de Rama : elle est courageuse, elle a le sens du devoir.

Aspect technique : quel est l’intérêt des gros plans (planches 6-9)? Ils ont pour fonction d’insister sur l’émotion des personnages, d’impliquer le lecteur davantage dans l’action.

Quelle influence l’attentat a-t-il sur leurs relations ? Il les sépare puis les rapproche : « Ma chérie, tu vas bien ? J’ai eu si peur pour toi. » Il exacerbe les tensions au sein du couple. Il permet à Rama de découvrir son futur époux sous un jour qu’elle ne lui connaissait peut-être pas.

Quelle information importante la télévision donne-t-elle ? Le blessé est un terroriste palestinien, qui aurait déclenché les explosifs involontairement.

Quelle information la signification de « Jamilti » apporte-t-elle ? Il y a eu une très brève histoire d’amour entre le terroriste et Rama, ce qui peut être interprété comme un symbole de paix. Il l’appelle Ma beauté dans une langue qu’elle ne comprend pas. Ces deux êtres que tout sépare auraient pu, dans un autre contexte, s’unir.

Que pensez-vous de la chute de cette nouvelle ? On a l’impression que rien de grave ne s’est produit, Gouri replonge dans l’indifférence, le mariage aura lieu. Pourquoi Rama

va-t-elle l’épouser ? Résignation ?

Conclusion sur la représentation du conflit israélo-palestinien dans cette BD :

il est mis en scène à travers la représentation d’un attentat palestinien contre les Israéliens

-d’un point de vue graphique : représentation du bruit, de la déflagration par des couleurs criardes, l’image de la victime automutilée est choquante (sang rouge), mais peu réaliste

-d’un point de vue narratif : l’attentat aboutit à une discussion montrant des points de vue opposés entre les Israéliens, mais perturbe modérément leur quotidien ; allusion à un personnage historique : Yasser Arafat et à un mouvement historique : le Hamas.

RETOUR A

LA MAISON

: 31 pages

Problématique : étudier l’argumentation des personnages

Anticipation à partir du personnage représenté sur la première planche.

Particularité technique : un dessin par planche. Les personnages, gauches et naïfs, sont représentés sur un fond uniforme, un ciel trop bleu pour être vrai, sur lequel se superposent soudain des avions de chasse puis les fumées grossièrement crayonnées émanant de la carcasse de l’appareil abattu. Possibilité de relever un exemple de succession de plans qui donne son rythme au récit (planches 6 et 7) : le plan américain resserré sur Méli et Max, l’un fuyant le regard de l’autre, met le lecteur face à leur problème de couple. Le plan d’ensemble suivant montre que leur conversation (à sens unique) est perturbée par un événement qui alerte la population du kibboutz.

Personnages :

Méli, Gadi (le mari de Méli), Max (son amant), Joseph, le père de Gadi.

I. Les relations Méli/Max : Relever les indices spatio-temporels : kibboutz Nancholim, été 2001. (Un kibboutz est une exploitation communautaire, le plus souvent agricole.)

Allusion à une guerre au Liban : cette guerre civile a débuté en 1976. Se sont affrontés une coalition de « gauche », favorable aux Palestiniens, et une coalition de droite, favorable à Israël. A partir de 82, l’armée israélienne est intervenue au Sud-Liban, dont elle s’est retirée en 85, mais la guerre civile s’est poursuivie jusqu’en 92. Nouvelle guerre israélienne contre le Liban en juillet-août 2006.

Qu’est-ce qui constitue un obstacle à la relation entre Méli et Max ? Six ans plus tôt, Gadi, le mari de Méli, a été abattu avec son avion au Liban.  Il subsiste un doute quant à sa survie.  Méli attend, par ailleurs, le décès de son beau-père sénile, Joseph, pour se déclarer à Max, qui tente, de son côté, de la convaincre de l’impossibilité du retour de son mari.

Quel événement perturbateur intervient ? Un pilote non identifié  survole le kibboutz. Joseph est persuadé qu’il s’agit de son fils alors que les autorités parlent d’un kamikaze (terroriste-suicide). C’est ce que pensent également Méli et Max.

II. Qu’est-ce qu’argumenter ?

La situation d’argumentation

Dans une argumentation, un émetteur, appelé argumentateur, tente de convaincre un destinataire, appelé également cible.

Le thème et la thèse

Le thème est le domaine abordé, par exemple la politique, la publicité, la justice.

La thèse est l’opinion, le point de vue que l’argumentateur développe. Ex : « Votez pour moi ! »

L’argument

C’est une idée destinée à prouver que la thèse exprimée est juste. Ex : « Je ferai construire  plus de logements sociaux que mon adversaire. »

L’argumentation est une démonstration qui s’appuie sur plusieurs arguments.

L’exemple

L’exemple illustre, facilite la compréhension de l’argument. Ex : « Pendant mon premier mandat, j’ai fait construire des logements sociaux  dans tel quartier; je vais continuer. »

Deux moments d’argumentation :

1. Pendant le vol du pilote :

Thèse de Joseph (soutenue par une femme anonyme) : . . .   ce pilote est mon fils Gadi

Thèse de Méli et Max : . .

ce pilote n’est pas Gadi mais un terroriste-suicide.

Arguments

-Mon fils a toujours été ingénieux : il a volé un avion pour quitter le Liban.

-C’est Gadi et non un kamikaze car un kamikaze commettrait un attentat non pas dans un kibboutz mais à Tel-Aviv pour faire un maximum de victimes et alerter les média.

-Aucune organisation terroriste n’a revendiqué cette opération, donc le pilote n’est pas un kamikaze.

-La radio dit que c’est un kamikaze, donc c’est vrai.

-Le pilote ne s’identifie pas, alors qu’il devrait être fier de revenir en héros, donc ce n’est pas Gadi.

2. Après que l’avion a été abattu par les forces aériennes israéliennes :

Thèse de Joseph : . . .

le pilote n’est pas Gadi.

Thèse de Méli et Max : . . le pilote est Gadi.

Arguments

Gadi était plus grand et plus blond.

C’est un pressentiment.

Conclusion : les points de vue des personnages changent complètement (on peut parler de revirement) car chacun évolue en fonction de ses motivations : depuis six ans, Joseph, qui aime son fils, refuse d’admettre sa mort et attend son retour ; Max, qui aime Méli, voudrait avoir la preuve que Gadi est bien mort pour qu’elle accepte de l’épouser.  Elle hésite en effet pour des raisons psychologiques (elle doit « faire le deuil » de son mari) et légales (son décès doit être reconnu officiellement). Chacun voit donc midi à sa porte.

La situation n’est pas résolue, le lecteur ne sait toujours pas si Gadi est mort ou pas. La fin du récit reste ouverte : le lecteur peut supposer que Méli et Max vont se marier.

L’ASSASSIN CULOTTE : 31 pages

Problématique : mettre en évidence les éléments parodiques de cette intrigue policière

Particularités graphiques : BD en couleurs, reproduction de photos en noir et blanc.

Justifier l’emploi de cases verticales (planches 3, 4). Lorsqu’elles sont hautes et étroites, ces cases donnent, en général, une idée de la hauteur  d’un décor. Ici, elles permettent de montrer la chronologie de l’enquête.

Propositions formulées par les élèves pour élucider le titre : jeu de mots sur « culotté » et anticiper le genre dont il s’agit.

Rappeler le déroulement d’une intrigue policière classique (un meurtre est commis, un détective mène l’enquête pour identifier le coupable parmi plusieurs suspects.) et voir en quoi ce récit en BD s’en détache.

Les élèves remplissent le tableau suivant :

RAPPEL : dans une intrigue policière classique, un meurtre est commis, un détective mène l’enquête pour identifier le coupable parmi plusieurs suspects.

L’ASSASSIN CULOTTE de Rutu MODAN

ELEMENTS CLASSIQUES

ELEMENTS 

INSOLITES

ASSASSIN

tueur en série qui a déjà fait huit victimes

AMBIANCE

terreur

ENQUÊTEUR

la police régionale de Tel-Aviv, et plus particulièrement le sergent Rami et Michaëla

NOMBRE DE VICTIMES

nombre exagéré : l’orchestre Promenade

DEROULEMENT DE L’ENQUÊTE

La police cherche des points communs entre les victimes, se rend sur les lieux qui font progresser l’enquête (le club Caravane où l’orchestre a fait ses débuts, où l’une des victimes travaillait comme serveuse, et que fréquentait le célèbre Marcus Tal). Toutes les victimes étaient au Caravane le soir où le célèbre Marcus Tal était présent. La police protège les victimes potentielles, met en place des filatures.

MOMENT OU L’IDENTITE DE L’ASSASSIN EST REVELEE AU LECTEUR

L’assassin est une femme ; son identité est dévoilée dès le début de la nouvelle.

TON (ex : planches 10, 13, 14, 31)

(page de titre = planche 1)

M. Goldschmidt, le patron du Caravane, est surpris en pleine action. Le spectacle animé par Méir Remez semble très osé. « Je me demande ce qu’il est devenu » est un trait d’humour noir puisque la réponse est apportée par la case suivante. Commentaire final de Pnina, la mère de la coupable.

EXEMPLES DE SITUATIONS :

1.      L’enquêteur protège le

coupable en croyant qu’il est une victime potentielle. Classique ou insolite ?

2.      Un personnage se

dénonce. L’enquête semble résolue mais il y a de nouvelles victimes. Classique ou insolite ?

classique

classique

ARME DU CRIME (planche 29)

un poignard

un grille-pain

MOBILE

Pour protéger sa mère, Pnina, qui a été ridiculisée, Déborah assassine tous les témoins de cette situation.

Qu’est-ce qu’une parodie ? C’est l’imitation d’un genre, d’un style ou d’une œuvre dans un but comique ou satirique. Une parodie s’inspire généralement d’une œuvre connue du grand public (œuvre littéraire, peinture, chanson, titre de roman ou de film, phrase célèbre…) C’est le décalage entre l’original et la parodie qui provoque le rire.

Conclusion : en quoi ce récit est-il tragi-comique ? (Une tragi-comédie est, à l’origine,  une pièce de théâtre du début du XVIIe siècle comportant des éléments comiques.) Les meurtres sont dramatiques, mais les éléments parodiques tournent la violence en dérision (ex : l’assassin poignarde ses victimes puis les ridiculise en les affublant d’une culotte sur la tête ; son mobile est, par ailleurs, futile). La relation mère-fille tourne au drame puisqu’elle est à l’origine des meurtres (Déborah, qui semble avoir été traumatisée durablement en assistant à l’humiliation qu’a subie sa mère, fuit les hommes, est toujours vierge, ce que sa mère lui reproche en se moquant d’elle), mais Pnina conclut sur une note détachée : « Elle n’a jamais eu trop d’humour, cette petite. »

AUTRES NOUVELLES DE L’ALBUM

Energies bloquées (cette nouvelle a donné son titre à l’album) : résumé : Malka, qui a été abandonnée par son mari avec ses deux filles quinze ans plus tôt, tente de se suicider. Lorsqu’elle reprend conscience, elle s’aperçoit qu’elle a des pouvoirs curatifs, de l’électricité dans le corps qui guérit toutes les maladies, et permet de lever les blocages. Elle ouvre une clinique d’énergie électrique. Un jour, elle « flashe » une de ses patientes, Miriam, trop fort. Or, il se trouve que celle-ci est la nouvelle compagne de son ex-mari. En réalité, l’une de ses filles, qui connaissait l’identité de Miriam, l’a flashée avec un ventilateur électrique en espérant que son père viendrait à son chevet et qu’elle pourrait renouer le contact avec lui.

Jadis : résumé : ce récit peut être interprété comme une quête familiale et affective, une sorte de roman d’apprentissage. Thelma dirige un hôtel à thèmes, tout en élevant ses deux sœurs, Minnie et Sarah. D’après Thelma, leurs parents sont morts dans un incendie et elle leur raconte ce drame régulièrement. Thelma a une liaison avec Alex. Sarah fait la connaissance de Benda, un photographe. Elle l’accompagne dans un magasin d’articles photographiques et, grâce à un vieux cliché que le propriétaire du magasin lui donne, elle comprend que Thelma est en réalité sa mère et qu’elle lui a raconté cette fausse histoire d’incendie pour bénéficier de l’assurance vie de ses parents. Alex, l’assureur, a été son complice. Benda part précipitamment. Finalement, Sarah accepte que la situation ne change pas et que Thelma continue à se faire passer pour leur mère.

Bitch : résumé : cette nouvelle emprunte au registre fantastique. Le personnage principal est atteint d’une certaine folie, qui le pousse à agir de façon peu rationnelle. Un veuf voyage dans le train Marseille-Paris. Il va rendre visite à sa fille à Marseille. Une voyageuse lui interdit de fumer, ce qui lui rappelle les reproches de Bertha, son épouse défunte. Il croit reconnaître Bertha dans le caniche d’une dame âgée. Ils dialoguent par le regard, en particulier au sujet d’une armoire que l’homme aurait poussée sur elle. Il caresse le caniche et celui-ci le lèche, ce qui, selon sa maîtresse, est inhabituel vis-à-vis des étrangers.

EXIT WOUNDS DE Rutu MODAN, Actes Sud BD, 2007 2-7427-7107-3  20,00 €

Résumé : Première partie : Personnage du père. L’action se situe à Tel-Aviv, en 2002. Kobi Franco est chauffeur de taxi. Il vit avec sa tante Ruti et son oncle Arieh. Une jeune femme soldat, Nomi, lui apprend qu’un corps non identifié, retrouvé à la suite d’un attentat commis dans un restoroute à Hadera, pourrait être celui de son père, Gabriel. Il téléphone à sa sœur Orly, qui vit à New York, pour lui demander des nouvelles de son père, avec qui il a perdu le contact depuis deux ans, depuis que celui-ci l’a mis à la porte. Ne pouvant le joindre par téléphone, il se rend à son appartement. Il rend ensuite visite à Nomi, qui lui apprend qu’elle a eu une relation avec son père. Elle pense que le corps est celui de Gabriel car, dans un reportage télévisé, elle a reconnu l’écharpe qu’elle lui avait tricotée pour son anniversaire. Elle lui suggère de se soumettre à un test ADN pour identification.

Deuxième partie : Mes voyages avec la girafe. L’action se situe à l’institut médico-légal d’Abou Kabir. Kobi, accompagné de Nomi, vient y subir un test ADN, mais son père a déjà été enterré. Il est possible cependant de l’exhumer, mais Kobi n’y est pas favorable. Ils se rendent au cimetière (divisé en tombes pour Juifs et non-Juifs) et Kobi en profite pour se recueillir sur la tombe de sa mère.

Certains pensent que Gabriel est mort, d’autres qu’il est toujours en vie. Au supermarché, Kobi se querelle avec sa tante en se remémorant sa bar-mitsvah, puis il emmène Nomi en taxi à la gare routière de Hadera pour interroger les survivants de l’attentat et les commerçants. Ils passent la nuit à l’hôtel en attendant de rencontrer Del, la femme de ménage des magasins de la gare routière. Avant de dormir, ils parlent de Gabriel, qui est/était passionné de football. Kobi comprend que Gabriel n’a pas disparu le jour de l’attentat, mais avant. Nomi lui a donc menti : Gabriel l’aurait quittée et elle espèrerait le retrouver grâce à l’aide de Kobi. Le lendemain, ils apprennent que Del est partie aux Philippines. Ils décident alors de consulter une pétition signée le jour de l’attentat. L’homme qui a fait signer cette pétition porte une écharpe qui ressemble à celle de Gabriel. Kobi comprend alors Nomi ne lui a pas menti.

Troisième partie : Le dernier voyage. Kobi a fait faire l’analyse ADN, mais comme les pompes funèbres sont en grève, le corps de son père ne peut être exhumé. Ils décident d’aller voir Altara Dayan, une des signataires, mais le taxi tombe en panne en cours de route. En attendant une dépanneuse, ils nagent dans la mer. Nomi offre à Kobi, en cadeau d’anniversaire, un T-shirt signé par les footballeurs de son équipe préférée. Ils se remettent en route et arrivent chez Altara. Elle nie d’abord avoir été présente lors de l’attentat, puis elle leur raconte qu’elle a vécu une grande histoire d’amour avec Gabriel, qu’elle a connu pendant le service militaire, puis retrouvé récemment, quarante-neuf ans après. Le jour de l’attentat, elle lui avait donné rendez-vous à la gare d’Hadera, mais il n’est pas venu. Nomi en conçoit une vive jalousie. Dans la voiture, Nomi et Kobi s’embrassent, puis s’enlacent. Mais Nomi fait une plaisanterie déplacée et ils rompent.

Quatrième partie : Résurrection. Le mystérieux corps était en fait celui de Chouki Taassa, un gros joueur. Kobi pense que son père et sa tante Ruti ont peut-être eu une aventure ensemble. Il reçoit un courrier accompagné d’un chèque : Gabriel a vendu son appartement. Grâce à l’acte de propriété que lui communiquent les nouveaux occupants, il obtient la nouvelle adresse de son père et se rend chez lui. Il y fait la connaissance de sa nouvelle épouse. Il attend son retour de la synagogue, mais comme celui-ci ne rentre pas, il repart sans l’avoir vu. Il se rend ensuite chez Nomi pour l’informer qu’il a retrouvé Gabriel et lui dire qu’il veut reprendre leur relation, mais elle refuse de lui parler. Il entre dans sa propriété par effraction et se retrouve juché sur un arbre, à la merci de dobermans. Kobi apparaît et il lui saute dans les bras …

Thèmes : une enquête semée d’obstacles, le conflit israélo-palestinien (en toile de fond, d’où le titre évoquant les plaies), l’attente, la relation fils-père (d’où le titre), les relations amoureuses …

Relever les thèmes communs aux deux albums : personnages, lieux, situations …

-Kobi et sa tante Ruti sont chauffeurs de taxi (cf. Jamilti)

-L’action se situe en Israël

-Plusieurs attentats ont eu lieu, dont un à Hadera. Un des cadavres est tellement brûlé qu’il est difficilement identifiable. Il pourrait s’agir du père de Kobi, l’un des personnages principaux. (cf. Retour à la maison : un père à la recherche de son fils).

-Kobi et son amie Nomi mènent l’enquête (cf. L’assassin culotté) pour déterminer si la victime est bien le père de Kobi, grâce à différents indices.

-Une famille déconstruite ou recomposée : Kobi n’a pas vu son père depuis des années. Finalement, il s’est remarié. (cf. Energies bloquées).

RENCONTRE ENTRE Rutu MODAN ET DES ELEVES DE SECONDE PROFESSIONNELLE AU SALON DU LIVRE DE PARIS LE 14 MARS 2008

-Comment vous est venue l’idée d’écrire des bandes dessinées ?

-J’ai commencé à écrire des bandes dessinées avant d’en lire car il n’y en avait pas en Israël. J’ai toujours adoré dessiner et raconter des histoires. Dès l’âge de cinq ans, je trouvais naturel de raconter des histoires en les illustrant. En grandissant, j’ai eu le bonheur de découvrir que je pouvais en faire mon métier. Aujourd’hui encore, je n’arrive pas à croire que c’est un métier. Par la suite, quand je me suis rendue en Europe et aux Etats-Unis pour découvrir la bande dessinée, j’ai appris que les auteurs étaient tous des hommes. Comme il n’y avait pas encore de bandes dessinées en Israël, je ne m’en étais pas rendu compte. Quand j’ai commencé à créer, je me suis sentie libre car je ne me suis pas posée de questions sur ma spécificité de femme. J’ai rapporté des livres de l’étranger pour enseigner la bande dessinée dans mon pays.

-Pourquoi écrivez-vous des bandes dessinées et non des romans ?

-La bande dessinée, c’est une forme, mais sur le plan du contenu, elle ne diffère en rien du roman. Les outils que j’utilise pour décrire le monde sont des outils visuels. C’est, selon moi, la meilleure manière de décrire le monde. Au lieu de rédiger une longue phrase pour décrire un homme roux, grand, mignon, vêtu de telle façon, je trouve plus facile de le dessiner. Quand je lis des livres, je m’ennuie au moment des descriptions. Créer une intrigue de bande dessinée, c’est comme composer un roman. Tout auteur de bande dessinée a son propre style, comme un romancier. Je pense aussi, pour clore cet éternel débat entre scénariste et dessinateur, que le dessin et la bulle sont indissociables ; il n’y en a pas un plus important que l’autre. Mon rêve serait que, dans les librairies ou les bibliothèques, on ne mette plus à part plus romans et bandes dessinées.

-Comment avez-vous eu l’idée de l’intrigue de L’assassin culotté ?

-Quand j’étais au lycée, à la fête de fin d’année, ma mère a été choisie pour prononcer le discours devant l’établissement en tant que parent d’élève. Elle était sur une estrade et elle a eu le hoquet. Cela a été terrible pour moi car cela lui est arrivé devant tous les élèves, les parents et les professeurs. Aujourd’hui encore, j’en rougis et j’en ai des frissons. Pendant des années, j’ai été très gênée rien qu’en y pensant. Comment se fait-il qu’un incident si ancien m’ait poursuivi si longtemps ? D’ailleurs, c’est la première fois que je le raconte. Il arrive que les enfants soient très gênés par ce que font leurs parents. C’est pourquoi j’ai eu cette idée de l’assassin culotté, où la fille est tellement traumatisée par l’humiliation que subit sa mère qu’elle a envie de tuer tous ceux qui ont vu cet acte gênant. Je me suis contentée d’inventer cette histoire plutôt que de tuer tout le monde.

- Souhaitez-vous faire réagir les populations au conflit israélo-palestinien grâce à vos

livres ?

-Je ne crée pas des bandes dessinées pour que les gens réagissent. Mon objectif n’est pas d’exprimer mes idées politiques. Quand j’ai une idée de bande dessinée, c’est parce que je me trouve face à un problème et que j’essaie de me l’expliquer à moi-même. Comme je vis dans un pays où je rencontre des problèmes qui me sont imposés de l’extérieur, ils peuvent intervenir dans mes histoires. Je suis convaincue que lorsqu’on lit un récit, on s’identifie aux personnages, aux situations, mais pas au point d’aller manifester dans la rue. Dans une société, chacun a sa pierre à apporter à l’édifice. On peut le faire en écrivant une bande dessinée. De petits changements aboutiront à de grands changements.

-Comme l’infirmière dans Jamilti, porteriez-vous secours à un Palestinien blessé ?

-Je voudrais croire que oui. Je ne me suis jamais trouvée au milieu d’un attentat à la bombe, mais je suis convaincue que je ne me poserais pas la question, face à un blessé, de savoir qui il est. Mon seul problème est que, quand je vois du sang, je m’évanouis.

-Pourriez-vous épouser un Palestinien ?

-Je suis mariée depuis dix-huit ans avec un très beau garçon. Il m’est difficile d’imaginer être mariée à quelqu’un d’autre. Je ne connais pas suffisamment la culture arabe pour vous   répondre complètement. Une des vraies tragédies de ce conflit est qu’il est tellement ancien et dur qu’une véritable scission s’est produite entre les deux peuples. Les gens ont l’un envers l’autre une peur irrationnelle, la peur de se rencontrer et de se connaître. Le résultat est que certains Israéliens ne connaissent pas un Palestinien de près. La loi ne leur interdit pas de se fréquenter, mais c’est une réalité. Depuis un an, je vis en Angleterre. J’y ai approché des personnes de toutes religions et de toutes nationalités. Je trouve cela formidable et je rêve que ce soit pareil en Israël.

-Dans combien de pays vos livres ont-ils été publiés ?

-Mes premiers récits ont été publiés en hébreu, en français et en anglais. Mon dernier roman, Exit Wounds, a été traduit en de nombreuses langues : espagnol, italien … Il devrait l’être aussi en tchèque, hollandais, polonais, allemand … J’aurais voulu qu’il soit traduit en arabe aussi ; j’ajoute cela à la liste de mes rêves. En tant qu’Israélienne, il m’est interdit d’aller dans un pays arabe. J’irai en Palestine quand j’aurai un passeport, ce qui suppose la création d’un Etat palestinien.

-Selon une biographie, Exit Wounds exprime « les peurs de la société palestinienne ». Ces peurs sont-elles pour vous une source d’inspiration ?

-Des lecteurs lisent mes œuvres et les interprètent. En Espagne, pendant un débat avec des lecteurs, quelqu’un m’a dit que je ne comprenais pas tel personnage alors que c’était moi qui l’avais créé. Un aspect intéressant de ce métier est que chaque livre est une bouteille jetée à la mer. L’idée que mes livres ne m’appartiennent plus me plaît. Peut-être que le critique qui a écrit cette biographie a raison : j’ai peut-être exprimé des peurs qui m’entourent et dont je ne suis plus consciente. Dès qu’on invente, on s’inspire du monde qui nous entoure. Si je vivais dans une pièce fermée, dans l’obscurité, je serais incapable d’inventer des personnages. Lorsque j’en crée un, je m’inspire de gens que je connais. Par exemple, l’héroïne d’Exit Wounds, Nomi « la girafe », est la fille d’une ex-reine de beauté. Sa mère est déçue de ne pas avoir une fille aussi belle qu’elle quand elle était jeune. Ce personnage s’inspire d’une amie d’enfance dont la mère, une reine de beauté, avait épousé un milliardaire très laid. Or, leur fille ressemblait plus à son père qu’à sa mère. Sa mère aurait voulu qu’elle soit belle, et l’enfant avait le sentiment de ne l’être pas assez. Quand elle a eu 16 ans, sa mère lui a fait subir une opération de chirurgie esthétique. Je trouve cela triste car elle a grandi avec le sentiment de ne pas être ce que sa mère aurait voulu qu’elle soit. J’ai emprunté à cette histoire vraie mais je l’ai beaucoup transformée. L’héroïne ne ressemble à mon amie que par cet aspect de sa vie. Je crée souvent des personnages complexes car la vie est complexe.

-Votre ami a-t-elle lu Exit Wounds et s’y est-elle reconnue ?

-Je n’en sais rien car je ne l’ai pas revue depuis vingt ans. En tout cas, l’héroïne ne lui ressemble pas car j’ai changé beaucoup de choses. Quand je m’inspire de personnes réelles, je me demande si j’ai le droit d’utiliser des éléments réels. Par exemple, pour des histoires courtes que j’ai réalisées pour le New York Times, j’ai utilisé des anecdotes familiales drôles. Quand j’ai été invitée à un repas de famille, j’ai eu très peur de ce qu’on allait me dire mais tout le monde était ravi que j’aie écrit sur eux. Chacun m’a raconté d’autres anecdotes en espérant que je les insérerais dans mes prochaines bandes dessinées. A l’exception d’une tante qui m’a demandé : « Qui est cette tante ? » Je lui ait dit, gênée : « Elle est inventée, ce n’est pas une tante réelle. » « Pourquoi a-t-elle un mari médecin, alors ? », a-t-elle insisté. Comme je cherchais une réponse, elle m’a dit : « C’était pour te faire marcher ! Elle ne me ressemble pas du tout. » Finalement, les gens se reconnaissent seulement lorsqu’on les représente de manière positive.

-Dans Energies bloquées, comment choisissez-vous de varier le graphisme (couleur, noir et blanc, une vignette par page …) ?

-Cet album est un recueil d’histoires réalisées en dix ans avec le groupe Actus Tragicus. C’est le groupe qui décidait du format car nous étions nos propres éditeurs et nous pouvions nous permettre d’avoir des considérations plus artistiques que financières. On avait une liberté totale. Dans les pays dits « libres », l’argent peut être un obstacle à la création artistique. Un éditeur peut vous demander, par exemple, de ne pas dessiner les dents d’un enfant car cela risque de déplaire au public.

-Vous êtes vous inspirée, pour le graphisme, des bandes dessinées des années 50 ?

-C’est exact, mais j’ai beaucoup d’autres sources. En général, je m’inspire du graphisme de vieilles photos pour dessiner le mobilier, les vêtements, même si je représente un monde contemporain.

-Vous situez l’action de Retour à la maison en 2001 et vous parlez d’un pilote, Gadi, dont l’avion aurait été abattu au Liban six ans plus tôt, soit en

1995. A

quelle guerre du Liban faites-vous allusion ?

-J’ai peut-être confondu les dates. Israël a occupé le Liban pendant plusieurs années et je ne me rappelle plus quand les troupes ont quitté le Sud Liban. Pendant cette occupation, on ne parlait pas de « guerre du Liban », mais c’était quand même une guerre.

11 mars 2008

Droit BEP : "Le tribunal de commerce"

COMMENT SAUVER MA PETITE ENTREPRISE ? : « ZONE INTERDITE », diffusé sur M6 le 10/02/2008

(Etant donné la durée du magazine : 1 heure 35 mn environ, il est souhaitable d’en sélectionner quelques extraits représentatifs : discothèque, restaurant, contrefaçon.)

OBJECTIF : présenter une juridiction civile : les compétences et le fonctionnement du tribunal de commerce.

1.      Cherchez dans un dictionnaire la définition des termes suivants :

faillite : état d’un débiteur qui ne peut plus payer ses financiers

redressement judiciaire : procédure judiciaire destinée à permettre la sauvegarde d’une entreprise, le maintien de l’activité et l’apurement (remboursement) du passif

actif : l’ensemble des biens matériels  et immatériels d’une entreprise

passif : ensemble des dettes

débouter : rejeter par décision judiciaire la demande de quelqu’un

dépôt de bilan : déclaration de cessation de paiements faite au tribunal par une entreprise

LES TRIBUNAUX DE COMMERCE EN FRANCE

En 2007, plus de 320 000 Français ont créé leur entreprise, une aventure passionnante mais risquée : 50 000 patrons ont dû mettre la clé sous la porte car il arrive que les produits se vendent mal, que la clientèle boude, que les dettes s’accumulent, bref, que l’affaire ne soit pas rentable. Alors, souvent épuisés, surendettés, au bord de la faillite, ils se retrouvent au Tribunal de commerce de Paris où, chaque jour, des hommes et des femmes défilent pour demander conseil, aide et protection pour leur entreprise en difficulté ou bien mettre fin à leur activité. […] Soutenir, redresser les entreprises en difficulté, c’est le rôle de ces juges.  […] Autre mission du tribunal de commerce : arbitrer les litiges entre patrons, du plus sérieux au plus cocasse (ex : affaires de contrefaçon). […] Des patrons jugés par d’autres patrons, selon le code de Commerce, c’est le principe des tribunaux de commerce. Les juges ne sont pas des professionnels : ils sont tous issus du monde de l’entreprise, commerçants,   banquiers, entrepreneurs ou cadres. Ils sont formés en droit depuis 2003 par l’Ecole nationale de

la Magistrature. C

’est aussi leur expérience de chef d’entreprise et des difficultés qu’un chef d’entreprise peut rencontrer qui leur permet de devenir juges. Ils doivent prêter serment devant la cour d’appel de Paris. Chaque juge est élu pour deux ans renouvelables. Autre spécificité : ils sont tous bénévoles et ne touchent ni salaire, ni indemnités. En France, ils sont 3100 juges à décider du sort d’autres entrepreneurs : commerçants, artisans, professions libérales. Répartis dans 185 tribunaux de commerce, ils rendent un million de décisions de justice par an.

[…] Le Tribunal de commerce de Paris, installé sur les bords de

la Seine

depuis 1791, est une institution pourtant mal connue. Sa compétence géographique s’étend à la seule ville de Paris. [ …] Pour la première fois dans son histoire, le président est une femme. Perrette Rey est une ancienne chef d’entreprise. Sous son autorité, 171 juges rendent plus de 100 000 décisions de justice par an.

Pendant plusieurs mois, des salles d’audience de ce tribunal aux coulisses des entreprises, M6 a suivi plusieurs patrons en difficulté. Comment vivent-ils leurs revers de fortune, quelles sont les solutions pour redresser la barre ? Reportage sur des petits patrons à la dérive.

2. CAS n° 1 : Jean-Christophe et Dany, propriétaires de «

La Baronne

» Complétez ce tableau.

TYPE D’ENTREPRISE

discothèque située près de Vannes, en Bretagne

SITUATION FINANCIERE DE

L’ENTREPRISE

POURQUOI ?

La discothèque est au bord de la faillite car la clientèle manque.

FINANCEMENT

prêt contracté auprès d’une banque, obtenu grâce à une caution de 64 000 €, issue de la vente d’une maison de famille

MONTANT DES DETTES

135 923 €

MESURE DEMANDEE AUPRES DU TCP

(Tribunal de commerce de Paris)

Jean-Christophe et Dany, chefs d’entreprise, demandent le redressement judiciaire, qui leur permettrait de suspendre l’ensemble de leurs dettes provisoirement.

CONDITIONS SOUS LESQUELLES

LA MESURE EST

ACCORDEE

Jean-Christophe dispose de quatre mois pour relancer son activité. Un administrateur judiciaire a été nommé par le tribunal pour surveiller les comptes de la discothèque pendant le redressement.

ROLE DE Me Christophe BIDAN

Il administre les comptes de la discothèque. Il se rend sur place pour déterminer les économies à faire. Par exemple, il  licencie Dany, ce qui permet à l’entreprise une économie de 2000 €.

ULTIME MESURE

revendre le fonds de commerce pour rembourser les dettes

3. CAS n° 2 : Denis BLIN et «

La Cuisine Colbert

» Complétez ce tableau.

TYPE D’ENTREPRISE

restaurant

FINANCEMENT

Denis a emprunté 300 000 € à une banque pour acheter ce fonds de commerce, c’est-à-dire le droit d’exploiter commercialement les lieux.

SITUATION FINANCIERE DE L’ENTREPRISE

POURQUOI ?

Au bout d’un an d’exploitation, Denis doit cesser son activité ; son restaurant a fait faillite.

Denis a fait une mauvaise affaire : il a acheté le restaurant beaucoup trop cher et paie au propriétaire des lieux un loyer plus élevé que les autres commerçants du quartier.   

MONTANT DES DETTES

Denis est surendetté : il devra rembourser 300 000 € pendant 40 ans.

SOLUTIONS A CETTE CRISE FINANCIERE

1. Denis va revendre son fonds de commerce par l’intermédiaire du tribunal. (Mais, après une faillite, un commerce perd beaucoup de sa valeur.) Deux repreneurs soumettent leur offre sous pli cacheté. C’est celui qui propose la meilleure offre, soit 25 000 €, qui acquiert le fonds, alors que Denis l’avait acheté douze fois plus cher.

2. Le tribunal va aider Denis en négociant avec sa banque la réduction de ses dettes.

3. Il demande à un avocat de plaider la responsabilité de la banque. Avec l’aide du tribunal, il a décidé de faire un recours contre la banque qui lui a accordé un prêt alors qu’il était fiché à

la Banque

de France comme interdit bancaire après l’achat d’une voiture. Plusieurs mois après le dépôt de bilan, l’avocat épluche les conditions d’acquisition du restaurant ; elles lui paraissent suspectes. Si la banque reconnaît ses torts devant le tribunal, la dette sera effacée en partie. Finalement, la banque efface 40 000 € des dettes de Denis. Il garde l’espoir de négocier avec la banque l’effacement total de cette dette.

4. Les juges de la 11ème chambre du tribunal de commerce de Paris sont chargés de trancher des litiges ayant trait à la contrefaçon.

Citez quelques produits concernés. Pull-overs, Tours Eiffel miniatures, robes de demoiselles d’honneur.

Pourquoi les enjeux sont-ils « colossaux » ? Parce que la contrefaçon fait perdre

6 milliards d’euros aux entreprises et 38 000 emplois chaque année. C’est toute la création française qui est en danger.

Quels jugements peuvent être rendus ? Soit … soit … Soit le fabricant, le créateur/la créatrice gagnent le procès et reçoivent une indemnité, des dommages-intérêts, soit ils sont déboutés de leurs demandes s’ils n’apportent pas la preuve qu’ils détiennent un droit exclusif sur leurs produits.

5. Faites des recherches sur Internet et expliquez en quoi consiste la loi de sauvegarde des entreprises. (www.legifrance.gouv.fr)

Adoptée le 26 juillet 2005, la loi de sauvegarde des entreprises est entrée en vigueur le 1er janvier 2006. Cette loi permet au dirigeant d’une entreprise de déclarer au tribunal les difficultés de son entreprise avant qu’elle ne soit en cessation de paiement, et ce dans le but de faciliter son redressement.

Dites s’il est possible de faire appel d’un jugement rendu par le tribunal de commerce.

Les recours contre une décision du tribunal de commerce sont portés devant la cour d’appel territorialement compétente. Ensuite, si un motif sérieux le justifie, un pourvoi en cassation est aussi possible.

SYNTHESE : de mémoire, récapitulez la spécificité des juges des tribunaux de commerce et les fonctions de ces tribunaux, en donnant des exemples.

19 février 2008

Economie BEP : "Le commerce extérieur de la France"

LE COMMERCE EXTERIEUR DE

LA FRANCE

OBJECTIF : définir ce qu’est le commerce extérieur ; présenter sa situation en 2007.

Le déficit commercial français a dépassé 39 milliards d’euros en 2007. Alors que l’on constate une légère baisse de la facture énergétique, les importations industrielles et agroalimentaires augmentent fortement. Hervé Novelli a annoncé une série de mesures destinées à aider les PME françaises à retrouver le goût de l’exportation.

La détérioration de l’industrie française, première cause du déficit commercial record de 2007

Hervé Novelli, secrétaire d’Etat aux Entreprises et au Commerce extérieur, n’a pu que confirmer hier matin les difficultés du commerce extérieur français : un déficit de 39,2 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2007 selon les Douanes, soit une dégradation sans précédent. […] Pourtant les exportations, bien que moins dynamiques que l’année précédente, restent en hausse et affichent toujours des niveaux record (+ 3%, à 400 milliards d’euros). Mais cette relative bonne santé des ventes françaises à l’étranger qui est d’autant plus remarquable que l’Hexagone continue de perdre des importateurs, est insuffisante pour faire face à la concurrence étrangère. En 2007,

la France

a continué à perdre des parts de marché vis-à-vis de ses principaux partenaires de l’OCDE.

Plus grave, la progression des ventes françaises est aussi insuffisante face à une montée des importations qui, contrairement à une idée reçue, ne tient pas uniquement à l’énergie. La facture énergétique française 2007 est en effet plus faible que celle de 2006 (45,2 milliards d’euros, en baisse de 1,3 milliard d’euros).

Mise en œuvre de dix mesures

Force est de constater en effet que le problème du commerce extérieur français se trouve aussi, et peut-être avant tout, au sein même des frontières de l’Hexagone et que l’industrie tricolore semble incapable de répondre à la demande intérieure. « Hors énergie, la croissance des achats reste soutenue, tant pour les produits agroalimentaires (+8,6%), que pour l’industrie civile (+6,7%) », soulignent les Douanes, en pointant du doigt les secteurs de l’automobile (+11%), des équipements mécaniques (+12%) et des biens intermédiaires (+8,6%).

Et sans surprise, ce sont dans des pays comme

la Chine

ou l’Inde que nos achats progressent le plus (respectivement de 17,2% et 11,6%). Mais les termes de l’échange se sont aussi dégradés entre

la France

et le reste de l’Europe avec un déficit de près de 16 milliards avec l’Union européenne et 24 milliards pour la seule zone euro.

Pour Hervé Novelli, ni le pétrole ni le niveau de l’euro ne suffisent à expliquer les mauvais résultats français en matière de commerce extérieur. « Le décrochage de notre commerce extérieur date de l’année 1998, période pendant laquelle la politique mise en place par le gouvernement avait fortement dégradé la compétitivité de nos entreprises », a-t-il expliqué hier en critiquant vivement les 35 heures et « des politiques qui ont pesé et pèsent encore » sur les entreprises françaises.

Plus de moyens pour Ubifrance

D’où la mise en œuvre de dix mesures destinées à aider les PME françaises à retrouver le goût de l’exportation. […] Hervé Novelli a donc confirmé le doublement du nombre de pays cibles (désormais au nombre de 50), rappelé la réforme récente de l’assurance-prospection, souhaité un doublement du nombre des volontaires internationaux en entreprise (VIE) d’ici à 2009 ou encore décidé un renforcement de l’approche sectorielle. « Je souhaite que

la France

se hisse au niveau des meilleurs dispositifs d’aide européens », a encore expliqué le ministre. […] 

Mais, pour y parvenir, encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions, et notamment assurer le financement de la labellisation des opérations réalisées par Ubifrance : alors qu’actuellement  une PME peut prétendre à un soutien d’environ1500 euros dans le cadre d’une opération collective ou individuelle de prospection ou de participation à un Salon, à l’avenir elle disposera « du double », a assuré Hervé Novelli. Une mesure non négligeable mais dont le financement est toujours en discussion.

CLAUDE FOUQUET

Les Echos, vendredi 8 et samedi 9 février 2008 (adapté)

VOCABULAIRE :

commerce extérieur : échange de biens et de services entre un pays et le reste du monde

l’Hexagone :

la France

part de marché : pourcentage des ventes d’un produit, par rapport au total des ventes des mêmes produits sur un marché

OCDE : (Organisation de coopération et de développement économiques), groupe constitué à Paris en 1961 par dix-neuf Etats européens  et par quelques pays non européens, puis le Japon (1964) et le Mexique (1994) en vue de favoriser l’expansion des Etats membres et des pays en voie de développement.

biens intermédiaires : biens fabriqués par des entreprises, ensuite acquis par d’autres entreprises dans le but d’être transformés en d’autres biens (textile, bois, papier, caoutchouc, plastiques …)

zone euro : zone regroupant les pays de l’Union européenne qui ont adopté l’euro comme monnaie unique

compétitivité : capable de supporter la concurrence

Ubifrance : agence française pour le développement international des entreprises, qui dépend directement du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Emploi.

prospection :  action consistant à utiliser l’ensemble des techniques marketing pour identifier de nouveaux clients potentiels et les transformer en clients réels

assurance prospection : ce dispositif combine une assurance contre le risque d’échec des prospections et la faculté, pour les plus petites entreprises, de bénéficier d’avances de trésorerie.

volontaires internationaux en entreprise : jeunes de 28 ans maximum envoyés à l’étranger pour une mission à l’export de 6 à 24 mois : étude de marchés, prospection, renforcement d'équipes locales, accompagnement d'un contrat, d'un chantier, participation à la création d'une structure locale, animation d'un réseau de distribution, support technique d'un agent...

approche sectorielle : approche par secteur de l’économie (ex : textile, agriculture …)

labellisation : Ubifrance accorde un « Label France » et un soutien financier aux entreprises souhaitant se faire connaître à l’étranger.

 

Lisez cet article des Echos et répondez aux questions, en vous aidant du texte et en faisant appel à vos connaissances ou en ayant recours à des manuels ou à Internet (questions signalées par *).

Sites conseillés :

www.exporter.gouv.fr 

http://lekiosque.finances.gouv.fr

www.insee.fr

1.*Qu’est-ce qu’une PME ? Il s’agit d’une petite et moyenne entreprise.

Une petite entreprise est définie comme une entreprise dont l'effectif est inférieur à 50 personnes et dont le chiffre d'affaires ou le total du bilan annuel n'excède pas 10 millions d'euros.

Une moyenne entreprise est définie comme une entreprise dont l'effectif est inférieur à 250 personnes et dont le chiffre d'affaires n'excède pas 50 millions d'euros ou dont le total du bilan annuel n'excède pas 43 millions d'euros.

2.Le commerce extérieur de

la France

est en déficit. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que

la France

a importé plus de produits qu’elle n’en a vendu à l’étranger.

3. Citez des produits importés par

la France. Energie

, équipements mécaniques, automobiles …

4. A

votre avis, pourquoi

la France

importe-t-elle certains produits ?

Les importations permettent de satisfaire les besoins des consommateurs et des entreprises lorsque la production intérieure s’avère insuffisante.

5. Citez deux causes du déficit du commerce extérieur (§ 1 et 2) ? En ce qui concerne les exportations,

la France

subit la concurrence étrangère, en particulier celle des pays de l’OCDE. De plus, l’industrie française est loin de répondre à la demande intérieure, elle doit donc importer de plus en plus.

6.Citez des pays fournisseurs de

la France

en 2007.

La Chine

, l’Inde, les pays de l’Union européenne.

7.Les échanges de

la France

avec l’Union européenne sont-ils excédentaires ou

déficitaires ? (voir le sens de ces mots dans un dictionnaire) déficitaires

8.*En quoi le fort taux de l’euro peut-il être responsable du déficit du commerce

extérieur ? Le prix des exportations est plus élevé en direction des pays ne faisant pas partie de la zone euro.

9.*Selon le ministre, la loi sur les 35 heures a nui à la compétitivité des entreprises.

Expliquez pourquoi. Cette loi a augmenté le coût du travail pour les entreprises : les salariés passant aux 35 heures ont conservé leur salaire initial (payés 39 heures en ne travaillant que 35 heures) grâce à des subventions financées par la fiscalité, et à une modération des augmentations salariales. Ces subventions coûtent à la collectivité.

10. Citez deux mesures prises par le gouvernement pour favoriser les exportations des PME et dites en quoi elles peuvent être positives. Plus de moyens financiers seront accordés aux entreprises pour les encourager à exporter.

*Citez quelques pays cibles. Les experts du ministère ont défini deux grandes régions : la "zone proche" qui recouvre les pays de l’Union européenne et ceux du pourtour méditerranéen, et la "zone grand large" qui compte les marchés asiatiques, le Proche et Moyen-Orient et les pays d’Amérique. Cette zone intégrera désormais l’Indonésie, le Vietnam, l’Ukraine et la plupart des pays du Golfe.

Synthèse : les caractéristiques du commerce extérieur français :

-produits importés, produits exportés

-pays partenaires (clients, fournisseurs)

-pays concurrents

-montant du déficit

-causes de ce déficit

-mesures incitant les entreprises à exporter

19 février 2008

Français BEP : "Le tissu" de Jeanne Cherhal

ETUDE DE

LA CHANSON LE

TISSU, COMPOSEE ET INTERPRETEE PAR Jeanne CHERHAL (2006)

OBJECTIF : en cours de français/ECJS, étudier cette chanson en préambule à une réflexion sur la citoyenneté : « l’égale dignité de tous les êtres humains » et, en particulier, sur la condition de la femme au XXIe siècle.

Le texte de cette chanson est disponible sur www.paroles.net.

I. ETUDE DE

LA CHANSON

1.  Demander aux élèves de formuler des hypothèses quant au titre : qu’évoque-t-il pour eux ? 

2.   Audition de la chanson : quel est le style musical ? Quels sont les instruments utilisés ? (piano,

guitare, batterie …) Que peut-on dire du tempo ? (voix calme,  rythme lent, qui s’accélère au sixième

couplet, puis redevient lent) Quel est le thème abordé ?

3. Structure de la chanson : elle est composée de 8 couplets et d’un refrain. Chaque couplet se compose de 6 vers (sauf le dernier qui en compte 9) : 4 de six syllabes et 2 de huit syllabes. Les rimes masculines et féminines alternent ; elles sont croisées.

4.   Interprétation : mettre en évidence l’opposition entre les deux parties de la chanson, la rupture étant

assurée par le sixième couplet.

Quelle est la situation ? La chanteuse, qui a ici un rôle de narratrice témoin, prend l’avion. Elle remarque parmi les passagers une femme voilée, accompagnée de son mari. Focalisation externe. On peut noter de nombreux indices de son regard subjectif : « J’ai regardé en face », « Et je l’ai aperçue », « Me rendait triste », « Et je vis », « J’ai vu » … Elle concentre toute son attention sur cette femme et ne nous livre aucune information sur les autres passagers ou sur l’embarquement et le vol. Son interprétation des relations entre la femme et son mari se révèle d’ailleurs inexacte : elle n’est pas soumise à son mari, elle l’aime. Tous deux respectent la tradition du port du voile, et elle le retire d’un commun accord dès qu’ils ont quitté les Emirats.

Quel est le rôle du refrain ? Il traduit une certaine curiosité de la part de la chanteuse et crée chez l’auditeur une attente car il se demande comment elle a réussi à voir le corps de cette femme entièrement voilée.

Relever les expressions qui désignent le vêtement porté par la femme : « tissu », « rideau », « toile de tente », « camouflage », « linceul », « l’habit intégral », «voile », « longue toile ». Qu’évoquent-elles ? l’enfermement, la captivité, la mise en retrait, la censure, la mort (idée renforcée par « enterre »). Préciser de quel type de voile il s’agit grâce au lexique ci-après, c’est-à-dire un abaya.

Relever d’autres expressions qui appartiennent au champ lexical de la captivité : « chaînette », « prisonnière », « geôlier » …

Montrer que la femme ne fait qu’un avec le vêtement : « Cette femme-fantôme

Linceul et monochrome ».

En quoi sa tenue induit-elle son comportement ? Perdant toute trace de féminité « Flou souvenir des pleins, des creux », voire d’humanité : « Sur ce corps qui s’efface », elle reste silencieuse, absente, immobile.

Expliquer : «l’hypocrisie offerte à Dieu ».

Dans le couplet 6, quels termes montrent un changement d’état ? « soudain », « métamorphose ».

Pourquoi se libère-t-elle tout à coup ? Elle change de pays (Abu Dhabi est l’un des Emirats arabes unis et sa capitale ; on ignore d’ailleurs si elle vit à Abu Dhabi ou si la narratrice l’a remarquée à cet endroit de son voyage) et s’affranchit des traditions. Le couplet 5 annonce d’ailleurs cette évolution.

Pour montrer cette évolution, relever dans les couplets 7 et 8 le champ lexical de la liberté : « libérés », « se délier », « évadée ». Mettre en parallèle des expressions de la première et de la deuxième partie qui se font écho :

« Flou souvenir des pleins, des creux »/ « Elle était redevenue femme » ; « Rideau tiré sur les cheveux »/ « Les cheveux libérés » ; « La bouche qu’on enterre »/ « Elle embrassa velours ».

La chanson se termine donc sur une note optimiste, même si cette liberté semble précaire (Partent-ils en vacances ?). Noter la généralisation à la situation des femmes musulmanes : « Au nom de toutes celles ».

En quoi cette chanson est-elle engagée ?

Une chanson engagée prend parti, défend une cause en dénonçant des problèmes, des injustices, éventuellement en en révélant les causes et en proposant des solutions alternatives. Le tissu prend parti contre l’oppression des femmes dans certains pays musulmans.

[Sur l’album L’eau, dont cette chanson est extraite, Jeanne Cherhal interprète également On dirait que c’est normal, qui traite de l’excision.]

PETIT LEXIQUE DU VOILE (Le Monde 2, novembre 2003, p. 56)

Hidjab : dérivé du verbe hajaba (« cacher »), ce mot désigne notamment, dans son sens premier, tout obstacle placé devant un objet ou un être pour l’isoler ou le soustraire à la vue d’autrui. Dans le langage courant, il désigne le foulard, voire, plus généralement, l’ensemble de la tenue féminine musulmane.

Burqa : désigne le voile intégral des Afghanes, généralement de couleur bleue, couvrant l’ensemble du corps et du visage. Souvent muni d’une grille servant à cacher les yeux, il ressemble à la purdah portée par certaines femmes indiennes ou pakistanaises. Ces termes auraient un lien avec le mot arabe burdah (« manteau »), renvoyant à l’un des vêtements en poils de chèvre du Prophète.

Tchador : voile de couleur noire porté en Iran. Ce terme renvoie aussi bien au foulard couvrant la tête qu’à la robe ample qui l’accompagne. Le tchadri, variante du tchador iranien, désigne le voile de mousseline noire porté, de manière similaire, dans certaines régions d’Afghanistan.

Abaya : voile noir couvrant tout le corps, des cheveux aux chevilles, porté notamment dans les pays du Golfe.

Niqab : accessoire très ancien, généralement en voile, rabattu en partie ou en totalité sur le visage, mais laissant une ou deux fentes pour les yeux.

Ces deux extraits proposent un regard différent sur le port du voile.

L’auteur, Lucie Werther, physicienne et photographe, a 27 ans quand elle arrive à Ryad en 2003, venant de France. Accompagnant son mari qui y a été muté par son entreprise, elle y a passé deux ans.

Extrait n° 1 (p. 74-75) : Histoire de voile

Il y a quelques jours, je me trouvais dans un centre commercial, la tête nue comme la plupart des Occidentales. En sortant des toilettes, j’ai tenu la porte à une femme complètement cachée derrière son voile. Au lieu d’un merci, celle-ci m’a dit alors d’une voix ferme : « Islam, islam. » J’aurais voulu voir son visage pour saisir le sens de ses propos. Mais que répondre à un voile noir ? J’ai raconté cette anecdote à Nour. Elle pense que cette femme voulait que je me couvre pour mon bien. Ces mots « Islam, islam » étaient sa façon de me dire : « Tu es jolie et ce n’est pas bien que des hommes te voient ».

Extrait n° 2 : Barbes et voiles (p. 91) Un autre cliché occidental dont il est difficile de se défaire est d’associer le port du voile à l’oppression de la femme. J’ai moi aussi parfois du mal à ne pas céder à la tentation de faire ce raccourci vestimentaire. Beaucoup d’expatriés regardent toujours avec la même incrédulité les silhouettes noires et sans forme des Saoudiennes. Et ils se disent pour la énième fois : « Ce n’est pas possible qu’elles aient envie d’être empaquetées comme ça ! » Evidemment, si l’on m’obligeait un jour à me couvrir des pieds à la tête, je me sentirais opprimée et je crierais à l’aide. Ce serait une privation terrible de liberté. Je ne suis pas saoudienne. Ma mère ne portait pas l’abaya. Le voile est contre ma culture. Les Saoudiennes n’ont pas la même histoire. Leur raisonnement diffère du mien. Faire du voile et de l’abaya un symbole de l’oppression des femmes saoudiennes dessert leur cause. C’est s’arrêter aux apparences et ignorer les problèmes  auxquelles elles sont confrontées quotidiennement. Les pressions familiales, le poids des traditions, les interdits et le manque de liberté, les harcèlements des mouttawa’in et la suprématie de l’homme à tous les niveaux de la société. Elles sont privées de certains droits et libertés élémentaires : elles ont besoin de l’autorisation d’un homme pour travailler, étudier, voyager, faire opérer leur enfant, louer un appartement et même obtenir leur carte d’identité. Le voile n’est qu’un morceau de tissu.

[mouttawa’in = membres de la police religieuse

L’Arabie Saoudite et Abu Dhabi sont des monarchies fondées sur une interprétation stricte de la loi islamique, la charia.]

WERTHER, Lucie. Journal d’une Française en Arabie Saoudite. Plon, 2005. 2-259-20283-1

14,50 €

Extrait 1 : que vous inspire l’attitude de cette femme saoudienne vis-à-vis d’une Occidentale non voilée ?

Extrait n° 2 : comparez le point de vue de deux Françaises : celui du personnage de Jeanne Cherhal et celui de Lucie Werther. Lequel vous semble le plus objectif ? Le plus complet sur la situation des femmes ?

II. DEBAT

Les élèves préparent les échanges en effectuant des recherches sur Internet et dans les documents mis à leur disposition au CDI, sur les thèmes suivants :

-droits des femmes actuellement en Irak et en Arabie saoudite

-situation des femmes actuellement en France : subsiste-t-il des inégalités par rapport aux hommes dans le milieu professionnel (chômage, carrières, retraites …) et politique ? Quelles lois récentes ont été votées en faveur des femmes ?

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13 février 2008

Français BEP : "Lily" de Pierre Perret : l'ironie, le racisme

ETUDE DE

LA CHANSON LILY

, COMPOSEE ET INTERPRETEE PAR Pierre PERRET (1977)

OBJECTIF : étudier le ton du discours : l’ironie.

Pour cette chanson, Pierre Perret a obtenu le prix de

la L.I

.C.R.A. (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme).

Le texte est disponible sur www.paroles.net.

1.      Audition de la chanson : quel est le style musical ? Quels sont les instruments utilisés ? Quel est le

thème abordé ?

2.      Structure de la chanson : la chanson est composée de 11 couplets et il n’y a pas de refrain. (On

peut considérer que la répétition de Lily et la répétition du premier couplet à la fin en tiennent lieu.)

Chaque couplet se compose de 5 octosyllabes. Les rimes sont suivies (plates).

3.

FAITS, REFERENCES A EXPLIQUER (Certains ancrent la chanson

dans un contexte historique précis.)

Somalie : Etat d’Afrique, sur l’océan Indien. En 1977-78, un conflit oppose l’Ethiopie (soutenue par l’URSS) et

la Somalie

à propos de l’Ogaden, que l’armée somalienne doit évacuer.

au pays d’Voltaire et d’Hugo : rappeler les combats de Voltaire et d’Hugo, l’un contre la torture et l’erreur judiciaire (affaires Callas, Sirven,

La Barre

, Traité sur la tolérance), pour la justice, la tolérance et la liberté de penser, l’autre contre la colonisation, l’esclavage, la peine de mort, la pauvreté …

Mais pour Debussy, en revanche,

Il faut deux noires pour une blanche : ces vers sont-ils seulement une référence musicale au fait qu'il faut deux notes noires pour égaler la durée d'une note blanche ou font-ils référence à une déclaration de Claude Debussy (1862-1918, compositeur français) ?

rue Secrétan : rue du 19e arrondissement de Paris.

Memphis : ville des Etats-Unis (Tennessee), sur le Mississippi.

Angela Davis : née en 1944 en Alabama, militante afroaméricaine communiste des droits de l’homme, membre des Black Panthers dès 67, symbole de la lutte des Noirs et des femmes, pour leur émancipation, dans les années 70. Accusée d'avoir participé à une prise d'otages, elle est arrêtée, emprisonnée pendant seize mois avant d'être jugée et acquittée. Cette affaire connaît un retentissement international. En France, Jean-Paul Sartre, Pierre Perret et des milliers de manifestants la soutiennent.

Qui foutent le feu aux autobus : des émeutes raciales ont eu lieu aux Etats-Unis dans les années 60, et plus particulièrement en 65 à Los Angeles, dans le quartier noir de Watts.

4.      Interprétation :

Lily et le racisme : mettre en évidence les différentes manifestations du racisme, en France et aux Etats-Unis :

en France :

-on refuse à Lily un hébergement dans un hôtel

-les immigrés ont les emplois les moins qualifiés, ce qui donne une impression de ghettoïsation (ses frères de couleur)

-on désigne Lily de manière moqueuse ou méprisante : Blanche-Neige, ça

-la famille de son fiancé refuse ce mariage mixte. Noter la formulation stéréotypée de la belle-famille : « On n’est pas racistes, mais … » Remarquer que le « beau blond frisé » est le seul personnage Blanc faisant preuve d’ouverture d’esprit.

aux Etats-Unis :

-des autobus sont interdits aux gens de couleur (période de ségrégation qui dura de 1880 à 1970-80)

Ce racisme, très primaire, est lié à la couleur de peau (Blanche-Neige, deux noires pour une blanche …).

Mettre en évidence la vision idyllique/utopique qu’a Lily du monde ou de la société et la réalité à laquelle elle se heurte :

-elle croyait qu’on était égaux

-elle rêvait de fraternité

-elle aurait pas cru sans le voir

Comment Lily évolue-t-elle psychologiquement face au racisme ? Au début, elle est naïve et ignore l’existence du racisme. Face à ce problème, d’abord, elle serre les dents, puis elle se révolte en participant à des émeutes.

Comment expliquez-vous cette évolution ? Le désespoir amoureux, sa prise de conscience progressive de l’ampleur du racisme (France, Etats-Unis ..), les idées d’Angela Davis la poussent à la révolte.

Commenter le dernier couplet en expliquant l’expression la couleur de l’amour. Le terme couleur est employé à quatre reprises dans la chanson. Quelles en sont les différentes nuances de sens ?

Que pensez-vous de l’avenir que le chanteur prédit à Lily ? Il semble très optimiste, mais est tempéré par la répétition du premier couplet.

L’ironie : établir une liste des marques d’ironie et les expliquer en s’appuyant sur cette double définition. Classer les exemples selon qu’ils se rapportent à la définition 1 ou 2.

ironie : 1. Raillerie consistant à ne pas donner aux mots leur valeur réelle ou complète ou à faire entendre le contraire de ce qu’on dit.

2. Fig. Contraste entre une réalité cruelle et ce que l’on pouvait attendre. Ironie du sort. (Le Petit Larousse)

-… émigrés

Qui venaient tous de leur plein gré

Vider les poubelles à Paris

-situation ironique : c’est Lily, une Africaine, qui porte les valeurs de

la République

française : « Liberté, égalité, fraternité » alors que les Français les bafouent (l’hôtelier, ceux qui l’appellent « Blanche-Neige », la belle-famille). Or, cette devise n’est pas mise en pratique (couplets 2, 3). Vue de l’étranger,

la France

est égalitaire. Cependant, une fois en France, Lily se rend compte brutalement que ce n’est pas le cas.

-l’accompagnent au marteau piqueur (sens ici : « soutenir par un accompagnement musical »)

-la belle-famille (jeux de mots ironique sur « belle » ?)

-Elle a essayé l’Amérique, Lily

Ce grand pays démocratique, Lily

Mise en commun.

Pour que l’ironie fonctionne, une connivence avec le destinataire (ici : l’auditeur de la chanson) est nécessaire. Celui doit en effet être capable d’identifier les indices lui permettant de comprendre que l’énonciateur n’est pas d’accord avec les idées qu’il affirme : ton décalé par rapport aux propos tenus, vocabulaire exagéré, contexte …

Pour chacune de ces marques d’ironie, identifiez les indices par lesquels le chanteur fait comprendre son désaccord avec ce qu’il déclare :

Qui venaient tous de leur plein gré

Vider les poubelles à Paris : l’indice est la situation : il est difficile de croire que l’unique but des émigrés en venant en France est d’effectuer ce travail aussi pénible, et que ce travail est un choix de leur part.

L’accompagnent au marteau piqueur : l’indice est le décalage entre le bruit assourdissant d’un marteau piqueur et le son mélodieux d’un instrument de musique.

Ce grand pays démocratique : l’indice est le contexte socioculturel : les conditions de vie des Noirs contredisent la notion de démocratie.

Quelle est votre conclusion : pourquoi cette ironie ?  Ces marques d’ironie révèlent la présence du chanteur à travers tout le texte. Son intention est, bien sûr, de dénoncer le racisme, quel que soit le pays où il sévit. Sa présence se fait explicite dans le dernier couplet, lorsqu’il s’adresse directement à Lily : Tu connaîtras un type bien …

Rapprocher cette chanson du texte de Montesquieu De l’esclavage des nègres (De l’Esprit des Lois, Livre XV, chapitre 6, 1748), qui repose, lui aussi, sur l’ironie.

5.      Expression écrite.

A propos d’une situation qui vous choque en France ou dans le monde (SDF, guerre …), écrivez une lettre ironique au Président de

la République

du pays concerné.

Préparation : l’expression de l’ironie : les idées que vous voulez transmettre/ par quels moyens faire entendre le contraire de ce que vous écrivez ? Par quels indices faire comprendre que vous n’êtes pas d’accord avec ce que vous affirmez ?

 

 

   

 

 

11 février 2008

Anglais Bac Pro : "Banksy and street art" : l'éventualité ; lecture de l'image

BANKSY’S STREET ART

Cette séquence pédagogique fait suite à l’étude de Nighthawks d’Edward Hopper.

OBJECTIFS : présenter un artiste anglais contemporain, exprimer une éventualité,   lire l’image, donner une opinion.

1. Les élèves comparent Nighthawks d’Edward Hopper (1942) et la parodie (subverted/modified painting) réalisée par Banksy (2005).

                     Afficher l'image en taille réelle

                     Nighthawks by Edward Hopper

                   

                   

                    Nighthawks by Banksy          

                     

NIGHTHAWKS BY Edward HOPPER

NIGHTHAWKS BY BANKSY

SCENERY

a street, a coffee bar

a street, a coffee bar

NUMBER OF CHARACTERS

four : three customers and a waiter

five : three customers, a waiter and an English football hooligan outside.

THE CHARACTERS’ ATTITUDE

None of the three customers is apparently looking or talking to the other but instead is lost in their own thoughts. Looking up from his work, the waiter appears to be peering out of the window past the customers.

They are all looking at the hooligan.

THE FIFTH CHARACTER

What does he look like ?

What has he just done ?

He is dressed only in his Union Jack underpants.

He is shaking his fist and looks threatening; he has just thrown two chairs through the window pane. It is cracked.

THE PAINTER’S MESSAGE

Hopper wants to show the loneliness of a large city, incommunicability, emptiness.

Banksy’s purpose is to subvert Hopper’s painting to show that violence is everywhere, anybody can be affected by violence.

Synthèse : expansion de phrases avec l’utilisation de whereas. Exemple : In Hopper’s painting there are four characters whereas in Banksy’s there are five.

2. A

FEW FACTS ABOUT BANKSY

Banksy is a well-known graffiti artist, who prefers to stay anonymous because graffiti is illegal in the

UK

, so there is uncertainty about his identity and biographical details. His real name may be Robert Banks.

He is believed to be born near

Bristol

and his year of birth has been given as 1974. He is said to be the son of a photocopier engineer. He probably trained as a butcher then started drawing graffiti during the late 1980s. His artwork, which combines graffiti with stencilling technique, soon appeared on walls and bridges throughout

London

and in cities around the world. It is assumed he uses computers to create the images in his stencils as they look very photorealistic. He also makes sculptures (The murdered phonebox), produces subverted paintings (E. Hopper’s Nighthawks) and stunts (for example, at

London

zoo, he climbed into the penguin cage and painted « We’re bored of fish » in enormous letters; he hung some of his humorous works in

New York

museums).

Steve Lazarides, who is Banksy’s agent, has a gallery in

London

’s

Soho

, where originals can be bought. 

Banksy has also self-published several books that contain photos of his art in various countries as well as some of his canvas work and exhibitions. Some of his works can be seen on his official website. In February 2007, Sotheby’s auction house in

London

sold three Banksy creations, reaching the highest ever price for a Banksy work at auction : over £ 102,000 for his Bombing Middle England.

VOCABULARY :

stencil : pochoir

stunt : cascade, ici : évènement provocant, réalisé à des fins publicitaires

canvas : toile

auction : enchères

Les élèves repèrent dans le texte les expressions évoquant l’éventualité, la possibilité, puis complètent la biographie supposée en réutilisant ces expressions :

- be 34 years old

- go to school in

Bristol

-not always observe the school discipline

-be good at art

-be very rich now

3. Look at some of his works and say what are his favourite themes, characters and animals. The message is usually anti-war, anti-capitalist, anti-establishment, or pro-freedom. Subjects include monkeys, rats, policemen, prisoners, soldiers, children …

Oeuvres à présenter aux élèves :

Anarchist rat; the Pulp Fiction killers; The Mild Mild West; Elephant painted pink and gold; Images on Israel’s West Bank barrier; Charles Manson in a prison suit 

4.« His artworks are often satirical pieces of art. » Give one example.

5. Controversy : classify these arguments for and against Banksy and his artwork.

ARGUMENTS FOR BANKSY

ARGUMENTS AGAINST BANKSY

1. A

journalist, who has interviewed him face-to-face, describes him as « a young man who showed up wearing jeans and a T-shirt with a silver tooth, silver chain, and one silver earring ».

2. Banksy’s parents think their son is a painter and decorator.

3. A

member of the organisation Keep Britain Tidy said : « We are concerned that Banksy’s street art glorifies what is essentially vandalism ».

4.Banksy gets paid for charity work (e.g., Greenpeace) and can demand up to £25,000 for canvases. This is why he has been accused of being careerist by other artists.

5. In

2003 in

a show, Banksy painted on animals and an animal rights association protested.

6. Brad Pitt said : « He does all this and he stays anonymous. I think that’s great. These days everyone is trying to be famous. He has anonymity. »

Imagine other arguments …

6. Production écrite : give your personal opinion about Banksy and his work.

I find Banksy friendly/unfriendly because … I like his art because … I can’t stand his art because …

original – subversive – shocking – provocative - stupid -  . . .

23 janvier 2008

Economie BEP : "L'inflation en France"

L’INFLATION EN FRANCE

OBJECTIFS : définir l’inflation et ses conséquences ; illustrer la théorie de l’offre et de la demande.

Les documents ci-après sont extraits du Figaro, 16 janvier 2008, p. 20

Document 1

Evolution des prix à la consommation, en glissement annuel, en %

GRAPHIQUE NON REPRODUIT

Ce graphique représente l’évolution de l’inflation en France, entre 1999 et 2007.

Qu’appelle-t-on « inflation » ? C’est la hausse durable et auto-entretenue de l’ensemble des prix. Qu’appelle-t-on « désinflation » ? C’est le ralentissement de l’augmentation des prix.

Repérez les périodes d’inflation et de désinflation depuis 1999. Quand l’inflation a-t-elle connu son niveau le plus élevé ? Quand a-t-elle connu son niveau le plus bas ?

Document 2

CONJONCTURE La hausse des prix atteint 2,6% en un an. Les prix de l’alimentation et de l’énergie dérapent.

L’inflation est de retour

Depuis mai 2004,

la France

n’avait plus connu un tel niveau d’inflation. Elle n’est « plus seulement dans la tête des Français, elle l’est aussi dans les statistiques officielles », lâche un expert. De fait, en décembre, les prix ont progressé de 0,4%, soit 2,6% en un an, selon les chiffres publiés hier par l’Insee. Dans la grande distribution, ils ont augmenté de 0,8% en décembre et de 2,3% au cours des douze derniers mois.

Pas de quoi rassurer les Français , particulièrement inquiets depuis de nombreux mois sur la question de leur pouvoir d’achat. D’autant que les étiquettes qui flambent sont celles des dépenses du quotidien. En un an, les prix des produits frais ont augmenté de 3,4%, ceux du tabac de 6,2%, des produits pétroliers de 17,1% et des loyers de 3,4%.

« Si l’hyper inflation n’est toujours pas à l’ordre du jour, il faut tout de même reconnaître que les dangers qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages n’ont jamais été aussi forts depuis plus de quinze ans et ce d’autant que la progression des revenus est loin d’être

à l’aune de celle des prix », note l’économiste Marc Touati.

Cette flambée des étiquettes va-t-elle continuer ? L’inflation pourrait rester « bien au-dessus de 2% durant la majeure partie de l’année, avec un pic autour de 3% durant le premier trimestre., poussée par les tensions sur le prix des matières premières et des effets de base défavorables », répond l’économiste Mathieu Kaiser, qui table sur une inflation de 2,5% en moyenne en 2008. Le ministre de l’Economie Christine Lagarde, elle-même, a reconnu récemment que la hausse des prix serait certainement plus importante en 2008 qu’en 2007.

La France

reste cependant une bonne élève au sein de la zone euro, où l’inflation annuelle vient de s’installer à 3,1%.

Le dilemme de

la BCE

Ces chiffres « laissent

la BCE

face à un vrai dilemme », estime l’économiste Alexander Law. Certes, l’objectif de maintenir une inflation inférieure ou égale à 2% dans la zone euro « n’a pas été atteint, ce qui plaiderait pour une hausse du taux directeur ». Mais

la BCE

ne veut pas non plus prendre le risque de contribuer au ralentissement de la croissance économique – ce qui plaide alors pour un maintien ou une baisse des taux -, alors que les prévisions ne sont déjà pas bonnes pour les mois à venir.

Parfois critique à l’égard des décisions de

la Banque

centrale européenne,

la France

– qui assumera la présidence de l’Union européenne au second semestre 2008 -, a indiqué hier par la voix du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, qu’elle ne lancera aucune initiative visant à modifier les statuts de

la BCE

dont elle approuve désormais la politique. A

la BCE

, donc, « de voir quel est l’équilibre le plus satisfaisant entre les impératifs de croissance et les objectifs d’inflation », a-t-il dit hier depuis Strasbourg.

MARIE VISOT

VOCABULAIRE :

produits frais : produits alimentaires n’ayant subi, après fabrication, aucun autre procédé de préservation que la mise sous emballage étanche  et le maintien à température froide, pour un délai de vente de un à vingt-et-un jours : laitages, viandes, poissons, fruits, légumes …

à l’aune de : comparable à (ici : n’est pas aussi forte que)

effets de base : l’augmentation des coûts de production due à la hausse du prix du pétrole aboutit à la hausse des prix.

dilemme :  choix difficile

BCE :

la Banque

centrale européenne est chargée de définir les grandes orientations de politique monétaire de la zone euro et de prendre les décisions nécessaires à sa mise en œuvre. Créée en 1998, elle a son siège à Francfort, en Allemagne.

taux directeurs :  taux d’intérêts fixés au jour le jour par la banque centrale d’un pays ou d’une union monétaire, permettant de réguler l’activité économique.

Les élèves répondent aux questions signalées par un astérisque rouge en faisant des recherches sur Internet ou en s‘aidant d’un manuel. Pour les autres, ils utilisent les informations contenues dans le texte, leurs connaissances et leur réflexion.

1. *Qu’est-ce que l’Insee ? Institut national de la statistique et des études économiques

2. *Quel est son rôle en ce qui concerne les prix ? Pour mesurer le niveau général des prix, cet organisme public calcule et publie tous les mois des indices de prix à la consommation.

3. *Qu’appelle-t-on « pouvoir d’achat » ? C’est la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acquérir.

4. Quel est le résultat de l’inflation sur le pouvoir d’achat des consommateurs ? Elle diminue la quantité de biens qu’ils peuvent acquérir avec une somme donnée. 

5. Dites, pour chacun de ces secteurs : produits frais, tabac, énergie, logement, quelle est, selon vous, l’origine des hausses :

produits frais : par exemple, le prix des fruits et légumes repose sur l’équilibre entre l’offre et la demande. Ce prix subit des variations car il est fixé en fonction de l’abondance de la récolte (incidents climatiques), du moment de la récolte (saisons), des différences de variété et des modes de production. Si le prix du blé augmente à cause d’intempéries, les aliments pour bétail subissent une hausse, donc le coût de la viande s’en ressent.

tabac : depuis la loi Evin de 1991, pour lutter contre le tabagisme, l’Etat pratique une politique de hausse des taxes sur le tabac, ce qui a pour résultat d’en faire augmenter le prix.

énergie : la hausse du coût du pétrole s’explique par une forte demande mondiale émanant notamment de

la Chine

, désormais second importateur mondial après les Etats-Unis ; par des tensions géopolitiques (menace d’une intervention militaire des Etats-Unis contre l’Iran, 4ème producteur mondial de pétrole ; tensions au Pakistan : crise soulevée par les activités terroristes du KDD, parti des travailleurs du Kurdistan, qui a envenimé les relations entre Bagdad et Ankara, créant des inquiétudes autour d’une interruption éventuelle de la production pétrolière dans le nord irakien ; tensions au Nigeria, au Moyen-Orient)

logement : loi de l’offre et de la demande : le marché de l’immobilier en France se caractérise par une demande supérieure à l’offre (pénurie de logements), ce qui entraîne l’élévation des prix. De plus, les loyers sont indexés sur l’indice des prix (rapport entre le prix d’un bien ou d’un service à une période donnée et le prix du même produit à une période de référence prenant la valeur 100).

6. Les prévisions des experts pour 2008 sont-elles optimistes ou pessimistes ? Pessimistes car ils pensent que l’inflation va continuer.

7. Quel est l’objectif principal de

la Banque

centrale européenne ? Est-il atteint ? Il s’agit de maintenir l’inflation dans la zone euro à moins de 2%. Cet objectif n’est pas atteint.

8. Expliquez le dilemme de

la Banque

centrale européenne : quelles sont les conséquences sur l’économie, selon qu’elle décide de relever ou de baisser les taux d’intérêts ? Elle est écartelée entre réduire l’inflation et ne pas ralentir la croissance.

Soit elle baisse les taux d’intérêts directeurs, ce qui incitera les ménages à consommer et les entreprises à investir car les taux d’intérêts d’emprunts seront plus bas et cela va dynamiser la croissance. Soit elle ne les baisse pas pour lutter contre l’inflation.

Document  3

Evolution des prix entre octobre 2006 et octobre 2007 :

SOJA :    + 150%

LAIT   :    +  90%

BLE    :    +  70%

CACAO : + 15%

Document 4

Les prix alimentaires continueront à croître

La hausse des cours des matières agricoles commence seulement à se répercuter sur les produits.

N’en déplaise aux consommateurs, les prix de l’alimentaire vont continuer à augmenter cette année. « La hausse des prix pourrait même s’accélérer au premier semestre », prévoit Eric Dubois, économiste à l’Insee. Selon cet institut, les prix dans l’alimentaire ont augmenté de 3,1% entre décembre 2006 et décembre 2007. En juin prochain, la hausse sera de 3,9% par rapport à juin 2007. En réalité, l’augmentation des matières premières a débuté fin 2006 mais c’est seulement maintenant qu’elle va commencer à se répercuter sérieusement sur les produits alimentaires. Jusqu’à présent, les prix étaient encore à peu près contenus par la concurrence entre les distributeurs. « Sur l’ensemble de l’année, la concurrence peut faire baisser les prix de l’ordre de 0,2 à 0,3 point », indique Eric Dubois. Surtout, la grande distribution a freiné au maximum les demandes de hausse de l’industrie agroalimentaire. Confrontée au même problème sur ses propres marques, la grande distribution a commencé à passer des hausses sur les produits les plus sensibles comme les pâtes, l’huile, les laitages, le pain, les biscuits ou encore les glaces.

Détente au second semestre

Le second semestre 2008 est très attendu car il pourrait amorcer une première détente des prix. Selon plusieurs observateurs, le cours des matières premières agricoles, élément clé du 

problème, pourrait se stabiliser. L’année 2007 s’est terminée à des niveaux records. Le soja est au plus haut depuis 1973, à 13 dollars le boisseau ; le maïs dépasse les 5 dollars, soit un record depuis au moins 1922, tandis que le cours du blé atteint de nouveaux sommets à 8 dollars le boisseau. « Si les récoltes sont optimum, c’est-à-dire sans catastrophe climatique, nous pourrions espérer une reconstitution partielle des stocks et donc un début de détente sur les cours », prévient l’économiste Philippe Chalmain. Mais le moindre incident pourrait avoir des répercussions dramatiques.

Car la demande, malgré les tensions inflationnistes, reste soutenue dans les pays émergents. Et la pression sur les marchés issue de la demande en agrocarburants a peu d’incidence en Europe sur les prix, elle continue de peser sur les marchés mondiaux, notamment sur les cours de l’huile et du maïs. « Il y a près d’une centaine d’usines d’éthanol qui sont opérationnelles aux Etats-Unis et qu’il faut alimenter en maïs », rappelle Hervé Guyomard, directeur scientifique à l’Inra.

Le monde agricole a déjà commencé à s’adapter à cette forte demande. Mais les effets ne sont pas immédiats. Les prix élevés incitent à l’augmentation des surfaces cultivées. Les biocarburants devraient accaparer 12% des terres agricoles au cours des dix prochaines années, selon une étude du Crédit Suisse. En Europe, la suppression des jachères, la fin progressive des quotas laitiers ou des taxes à l’importation sont autant d’outils pour relancer la production.

Il reste des inconnues, à commencer par la future réforme de

la PAC

qui devra tenir compte de ce contexte.

THIEBAULT DROMARD

VOCABULAIRE :

boisseau : ancienne mesure de capacité pour les grains et les matières premières, restée en usage dans les pays anglo-saxons pour les céréales ; le boisseau de Paris contenait environ

12,5 l

.

pays émergents : pays en voie de développement. Leur PIB par habitant est inférieur à celui des pays développés, mais ils vivent une croissance économique rapide, et leur niveau de vie converge vers celui des pays développés.

éthanol : alcool dérivé de l’éthane, hydrocarbure gazeux, utilisé comme combustible, une fois  mélangé à de l’essence

Inra : Institut national de la recherche agronomique. Créé en 1946, cet établissement public effectue des travaux de recherche dans le domaine de l’agriculture.

jachère : terre non cultivée temporairement

PAC :

la Politique

agricole commune a été mise en place dès 1962 à l'échelle de l'Union européenne. Elle est basée principalement sur des mesures de soutien des prix et de subventionnement, visant à moderniser et développer l'agriculture.

La PAC

s’applique aussi aux produits de la pêche ainsi qu’aux produits de première transformation.

1.      En vous aidant du document 3, dites pourquoi le prix des produits alimentaires a augmenté. Donnez des exemples de produits concernés au quotidien. La hausse du prix des matières premières alimentaires se répercute directement sur le coût des denrées alimentaires. Par exemple, la hausse du prix du blé a des conséquences sur celui du pain, des croissants, des pâtes ; celui du lait se répercute sur celui des yaourts, des glaces … [En ce qui concerne le prix du pain, le reportage intitulé « Quand la baguette augmente, qui s’enrichit ? », diffusé dans Capital : « Pouvoir d’achat : révélations sur la flambée des prix » le 20/01/2008 sur M6 évoque aussi une hausse du coût de la main d’œuvre et des loyers des fonds de commerce, selon leur emplacement.]

2.      Quelles sont les deux raisons pour lesquelles le prix des céréales a progressé ?

En raison du phénomène de l’offre et de la demande : les pays émergents en consomment de plus en plus (Chine, Inde …), tandis que les pays industrialisés en utilisent eux aussi de plus en plus pour fabriquer des agrocarburants, comme alternative au pétrole dont le coût flambe.

3. Par quelles mesures l’Union européenne peut-elle répondre à cette demande croissante de céréales ?

En réformant

la PAC

pour aboutir à plus de surfaces cultivées.

Conclusion : Synthèse sur la loi de l’offre et de la demande, source d’inflation, illustrée d’un exemple.

Notions à utiliser :  produit - quantité - variation - prix - équilibre – ajustement

14 janvier 2008

Histoire Bac Pro : "La dictature en Corée du Nord"

ENQUÊTE D’ACTION : « COREE DU NORD, CUBA : AU CŒUR DES DERNIERES DICTATURES », diffusé en novembre et décembre 2007 sur W9 (extrait) - Durée :  41 mn environ

OBJECTIF : en classe de Terminale professionnelle, dans le cadre de l’étude des régimes totalitaires en Europe au XXe siècle, définir ce qu’est une dictature à travers un exemple très contemporain, celui de

la République

  populaire démocratique de Corée du Nord.

Déroulement :

1.      Sous forme de « brainstorming », les élèves proposent une définition de ce

qu’est une « dictature » grâce à leurs connaissances personnelles, des dictionnaires de langue, des manuels.

Les caractéristiques principales sont :

-un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne (généralement chef d’un parti qui devient parti unique) ou un groupe de personnes (caste, armée, groupe religieux …)

-un exercice du pouvoir sans contrôle démocratique, sans limite légale ou constitutionnelle, de manière arbitraire et autoritaire, voire violente (répression des opposants)

-l’absence d’élections libres

-l’absence de séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, juridique)

-le non-respect de la liberté de la presse

-l’application d’un système économique du type autarcique

2. Visionnage des premières minutes du documentaire. (La deuxième partie est  consacrée à Cuba.)

La Corée

du Nord est un pays où il n’y a rien à manger, mais où il y a 1 200 000 soldats. Un pays où il n’y a pas de voitures, mais des agents à chaque coin de rue pour régler la circulation. C’est aussi la nation la plus secrète du monde et il a fallu des mois pour obtenir l’autorisation d’emporter une caméra dans ce pays fermé comme une prison. Les habitants vivent dans une autre réalité, totalement manipulés par la propagande du dictateur Kim Jong-il.

Problématique : en quoi ce régime politique diffère-t-il d’une démocratie ? Les élèves répondent en empruntant des exemples au documentaire (images et commentaires). Grille à compléter.

 

UN SEUL CHEF, UN SEUL PARTI

-la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme : Comment le président à vie s’appelle-t-il ?

-le culte de la personnalité : Dans chaque rame, on voit les portraits de Kim-Il-sung (mort en 1994) et de son fils Kim Jong-il, des portraits que l’on retrouve aussi sur les murs de l’école et que l’on est prié de saluer. Chaque matin, les enfants sont obligés de se prosterner devant le père de la nation avant de rejoindre leurs classes. On diffuse des slogans à la gloire du régime à l’usine : « Les temps sont durs, on manque de tout, mais grâce au grand général Kim Jong-il et à notre foi inébranlable en la victoire, nos cœurs sont prêts au combat. Allons dans la joie au travail ce matin … » A la fin de la journée de travail, on est invité à chanter en chœur à la gloire du cher dirigeant Kim Jong-il : « On veut suivre l’infiniment bon Kim Jong-Il pour l’éternité/ C’est notre grande joie/ La flamme est sa création, avec laquelle il a créé le matin éternel/ Tous unis, faisons briller sa volonté vers un paradis plus beau/ On veut suivre l’infiniment bon Kim Jong-Il pour l’éternité ».

A l’école, on apprend d’abord à honorer le leader nord-coréen : « Chers enfants, comme une fleur fleurit grâce au soleil, l’enfant a besoin de l’amour du grand général Kim Jong-il pour grandir et grandir en apprenant à jouer de son instrument traditionnel. », dit l’institutrice. «  A l’heure de la récréation, ils ne doivent pas s’amuser dehors, ils s’entraînent à jouer du kayagum ou du choptaé afin de pouvoir ravir un jour notre grand général à l’occasion d’un beau concert. » Puis elle raconte aux enfants une histoire de bottes, visiblement romancée pour vanter les exploits et la grandeur d’âme de Kim Jong-il, le président à vie de

la Corée

du Nord. « Le grand chef, qui portait ces jolies bottes, a couru jouer vers ses camarades. Mais soudain, le grand chef s’est arrêté parce qu’il était triste : il venait de s’apercevoir que ses pauvres petits camarades portaient des tennis mouillées. Le général, généreux et attentionné, est rentré chez lui et il portait des tennis mouillées car il avait donné ses bottes. Répétez avec moi ! » Et pour apprendre l’histoire par cœur, les enfants sont ensuite priés de la réciter. Ici, la propagande commence dès le cours préparatoire. Dans la capitale, Pyongyang, l’imposante statue de Kim Il-sung ne s’éteint jamais. Un jour, Kim Il-sung s’est identifié à Tangun (roi légendaire, fondateur de

la Corée

antique il y a 5000 ans) et a ordonné la reconstruction de son temple (qu’il avait fait détruire), en prenant soin toutefois de faire inscrire dans la roche cette phrase qui exprime la pensée profonde du chef dirigeant : « Vive Kim Il-sung, soleil éternel » .

GOUVERNER EN EMBRIGADANT LES MASSES

-une idéologie dominante qui fédère la nation : Kim Jong-il a inauguré la première dynastie communiste de l’histoire.  Dans les années 50, Kim-Il-sung avait fait brûler tous les temples du pays. Seule la religion du parti (bouddhisme) était autorisée.

-une propagande omniprésente :  les enfants rendent hommage au père de la nation. Régulièrement, les petits Coréens du Nord viennent déposer des gerbes de fleurs au pied d’immenses fresques. C’est une sorte de pèlerinage obligatoire, imposé dès le plus jeune âge. Obligatoire et indispensable pour devenir, plus tard, un bon communiste. Des fresques guerrières et idéologiques, des monuments à la gloire des dirigeants, des affiches de propagande, il y en a partout. Ici, c’est l’environnement quotidien. Une maman et sa petite fille chantent ensemble, sur le chemin de l’école, un hymne à la gloire des dirigeants : « Notre grande armée populaire secoue le ciel et la terre ; les hideux Américains se prosternent devant elle. ». En Corée, on est élevé dès le plus jeune âge dans la haine du peuple américain. Dans le métro, comme ailleurs, il y a de la musique patriotique en fond sonore. Sur les murs de chaque station, des fresques célèbrent la révolution.            

A l’atelier de couture, on diffuse un petit air patriotique pour motiver les ouvrières qui doivent accélérer la cadence (elles doivent confectionner 150 manteaux aujourd’hui) : « L’amour est ma patrie/ Mon cœur brûle pour elle ».

Au cours d’un déjeuner familial, un vieil homme rappelle son passé glorieux de militaire et explique à ses enfants que l’Amérique est vraiment un mauvais pays. Chaque membre de la famille est convaincu qu’il faut « détruire ces monstres américains. »

Lorsque les journalistes filment une chambre de l’hôpital universitaire de la capitale, une mise en scène a été organisée : une charmante infirmière veille deux fausses malades, maquillées pour l’occasion. Une belle image pour magazines de propagande, destinée, peut-être, à masquer la réalité du système de santé, qui est à l’agonie. En province, les hôpitaux ne bénéficient pas du même confort que ceux de la capitale. Dans celui que visitent les journalistes, le toit est troué, il n’y a pas suffisamment de chauffage. Les conditions sanitaires sont particulièrement spartiates (instruments rouillés, bouteilles de bière contenant des solutions servant à perfuser des enfants malades). Dans les hôpitaux pourtant, on voit des affiches à la gloire du régime et d’autres qui présentent le système de santé nord-coréen comme un modèle de réussite.

«Korean TV » est l’unique chaîne officielle du pays. La présentatrice du journal récite toujours à peu près les mêmes histoires : les pèlerinages sur le berceau familial de la famille dirigeante et les grands défilés populaires comme celui qui commémore l’anniversaire de la naissance de la nation.

Les journalistes sont invités à un banquet officiel par un représentant du ministère des Affaires étrangères ; on leur sert un dîner de luxe alors que certaines denrées manquent dans le pays.

GOUVERNER PAR

LA FORCE

-un gouvernement par la force et la terreur : on voit des soldats, hommes et femmes, qui font d’interminables rondes dans les rues de la ville. Dans le métro, il y a des militaires partout, qui surveillent les allées et venues des camarades communistes. Des agents automates règlent le trafic. Il est interdit de quitter le pays. A l’atelier, à la fin de la journée, on fait le bilan : c’est le moment de distribuer les bons et les mauvais points à chacune des ouvrières textiles. Deux d’entre elles sont des exemples pour toutes.

Le « compound » est le quartier des rares étrangers autorisés à résider dans le pays : une centaine de personnes : des personnels d’ambassades, des représentants d’ONG vivent et travaillent dans ce ghetto interdit à la plupart des Coréens et d’où il est très difficile de sortir.

Par exemple, pour les membres de « Première Urgence », la seule ONG française présente en Corée du Nord, il est impossible d’aller d’un endroit à un autre sans avoir déposé à l’avance un plan de route et demandé une autorisation. Ils sont encadrés par deux guides détachés du ministère des Affaires étrangères nord-coréen.

Dans ce pays où les moindres faits et gestes sont surveillés, il est quasiment impossible de sortir à la nuit tombée.

Il y a des travaux d’intérêt général obligatoires. Réquisitionnés par le parti, tous les habitants de Pyongyang – même les enfants - remplissent leur devoir à tour de rôle : ils repeignent les ponts, les bâtiments, nettoient les rues.

Les coopérants sont libres de penser, mais ne sont pas libres de leurs mouvements. Les Coréens n’ont pas le droit de communiquer avec eux en dehors du travail. Les commissaires politiques empêchent les journalistes de filmer lorsqu’ils craignent que ces images ne montrent une image défavorable du pays ou qu’elles soient interprétées « de façon très mauvaise » en Occident.

La Corée

du Nord, d’après de très nombreux témoignages, abrite encore des camps de concentration. Dans un camp, filmé en caméra cachée, les prisonniers sont soumis aux travaux forcés par des températures de moins 20°, et se nourrissent de feuilles de choux.

   

-l’économie : sur quoi repose-t-elle ? sur l’autosuffisance. Caractérisez-le niveau de vie et la qualité de vie.

archaïque, en échec. Dans la capitale, il y a très peu de circulation ; les quelques voitures qui circulent sont réservées au cadre du parti ou aux étrangers. Il n’y a pas beaucoup de bus non plus. Alors, pour aller travailler, les gens marchent.

Les appartements sont prêtés par le régime, mais la télévision ne fonctionne pas bien, tout comme l’électricité, le chauffage, les sanitaires. Il n’y a pas d’éclairage public dans les villes en dehors de la capitale. Internet est peu accessible.

A la campagne, les travaux des champs se font à la main, on utilise encore les charrues à bœufs, et les enfants sont réquisitionnés pour les récoltes. L’agriculture est exsangue, archaïque, basée sur l’autosuffisance. On utilise les rares tracteurs pour transporter les gens des campagnes. Cette année, il y a eu de fortes inondations et les récoltes ont été mauvaises. A part pour la culture du pavot, forcément très protégée et très surveillée par les barons de la drogue, les paysans sont inquiets. Certains craignent une nouvelle famine, comparable à celle qui a ravagé le pays au milieu des années 90. Les rendements agricoles avaient été désastreux. En Corée du Nord aujourd’hui, on manque de savon et  tout le monde a des poux. Il y a des canons et beaucoup de militaires : une armée de 1 200 000 soldats pour une population de 22 000 000 d’habitants. Il y a aussi des centrales nucléaires et des bases secrètes où l’on fabrique l’arme atomique.

La Corée

du Nord est aujourd’hui l’une des plus grandes puissances militaires de la planète et c’est en même temps le pays le plus assisté au monde. Un pays qui ne peut survivre que grâce à l’aide humanitaire. Chaque année, le programme alimentaire mondial distribue un million de tonnes de nourriture, ce qui permet de nourrir six millions de personnes. Le réseau ferroviaire est en mauvais état. Les rares trains qui circulent sont systématiquement pris d’assaut.

3. Synthétiser cette prise de notes en choisissant trois exemples qui montrent les différences entre la dictature nord-coréenne et une démocratie :

Par exemple, les lieux de culte contraires à la religion prônée par le parti ont été détruits alors que, dans une démocratie, il y a la liberté de culte.

4. Grâce à des recherches sur Internet, complétez les informations contenues dans le reportage en vous renseignant sur :

-l’origine de cette dictature (dans quelles circonstances a-t-elle été instaurée ? partition de

la Corée

en 1948 ; préciser le rôle de Kim Il-sung dans la résistance à l’occupation  japonaise et dans la guerre de Corée, de 1950 à 53)

-l’importance du communisme dans le pays, notamment dans le domaine économique : développement autocentré, de type « socialiste soviétique », recherchant l'autosuffisance jusqu’en 2002, puis mesures de libéralisme …

-l’évolution des relations entre les deux Corées : le début du reportage montre une ligne de démarcation en béton et les

250 km

de barbelés qui séparent

la Corée

du Nord et

la Corée

du Sud depuis plus d’un demi-siècle, mais quel événement a montré un début de rapprochement entre les deux Etats en 2007 ? rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes depuis mai 2007

[L‘intérêt de l’exercice n°4 est d’attirer l’attention des élèves sur l’insuffisance principale du reportage, à savoir le fait de décrire une situation sans en expliquer les causes.]

Au cours d’un entretien avec François Pécheux, le présentateur, Pierre Rigoulot, spécialiste de

la Corée

et de Cuba et directeur de l’institut d’histoire sociale, confirme l’authenticité du reportage :

-Nous savons qu’au quotidien la propagande est générale. Il y a ce que nous avons vu (le grand-père, l’école) et en dehors de l’école, vous avez une propagande quotidienne. Vous ne pouvez pas tourner votre visage vers autre chose que les grands leaders, Kim-Il-sung et Kim Jong-il, le père et le fils. Il y a 3000 statues d’eux dans le pays, des slogans partout, des portraits. Il y a quelque chose de plus en Corée du Nord qui distingue d’une dictature normale, c’est le fait qu’on veut changer l’homme, les individus. Ce n’est pas seulement, comme en Birmanie, « Taisez-vous ! », c’est « Manifestez votre enthousiasme pour le régime, pour le merveilleux avenir que notre leader génial vous propose. » Donc il y a un enthousiasme obligatoire, il y a un engagement individuel obligatoire, il y a la tentative par le régime de créer un homme nouveau. Naturellement, tout cela, c’est purement idéologique, ce n’est pas du tout un homme nouveau mais un homme qui a faim de nouvelles de l’extérieur et tout simplement de nourriture. Je pense que le changement peut venir de l’extérieur.

-Quand George Bush définit

la Corée

du Nord comme faisant partie de « l’Axe du Mal », que veut-il dire et qu’est-ce que nous avons à craindre ?

-Les Etats qui font partie de « l’Axe du Mal » sont les Etats qui répriment leur population, les oppriment ; il n’y  a pas de doute là-dessus. Ce sont les Etats qui peuvent avoir des contacts avec des organisations terroristes ; il n’y a pas de doute non plus, ils l’ont fait, eux-mêmes ont pratiqué d’ailleurs le terrorisme. Ils ont fait, par exemple, exploser un avion de ligne sud-coréen pour montrer que la sécurité ne pouvait pas être assurée aux jeux olympiques de Séoul en 1988. Et puis ce sont des Etats qui sont susceptibles de s’armer de façon nucléaire.

-Alors, quel est l’avenir d’un pays comme ça parce qu’on voit combien il est dinosaure ?

-Oui, on peut se le demander. D’abord sur le plan économique, c’est un désastre.

La Corée

du Nord est certainement un des pays du monde le plus aidé. Le tiennent à bout de bras les Chinois qui l’aident sous forme énergétique, sous forme alimentaire. Leur malheureux frère opprimé par le capitalisme et l’impérialisme américain du Sud les aide beaucoup, leur envoie des engrais, de la nourriture, donc il y a une véritable aide internationale. Il y a une aide également par le programme alimentaire mondial, c’est-à-dire par l’ONU, et cependant l’idéologie, c’est celle de l’autosuffisance : on se suffit à soi-même.

-De l’intérieur, on a compris que ça ne pouvait pas changer, ça c’est sûr, tout est muselé. Le seul changement viendrait de l’extérieur.

-Voilà.

5. Les élèves consultent Internet pour trouver d’autres exemples de dictatures au XXIe siècle (Cuba, Birmanie … ) et indiquer des points communs avec celle mise en place en Corée du Nord (ex : culte de la personnalité).

BIBLIOGRAPHIE :

GRANGEREAU, Pierre. Au pays du grand mensonge : voyage en Corée du Nord. Payot, « Petite Bibliothèque Voyageurs », 2003. ISBN 2228897426   7,95 €

RIGOULOT, Pierre. Corée du Nord, Etat voyou. Buchet-Chastel, « Au fait », 2003.

ISBN 2283019214   14,00 €

WHEELER, Tony. Dans les pays de l'axe du Mal. Lonely Planet, « Ecrivains-Voyageurs », 2007. ISBN : 2840706709    21,00 €

7 janvier 2008

Anglais BEP : "If you were a sailboat", chanson de Katie Melua : le conditionnel présent

IF  YOU WERE A SAILBOAT, CHANSON DE Katie MELUA (2007)

OBJECTIF : étudier cette chanson dans le cadre d’une séquence sur le conditionnel présent.

[Elle peut être écoutée sur www.youtube.com.]

                                                        A SHORT BIOGRAPHY

Katie Melua was born in

Georgia

(in the former

USSR

) in 1984. She first lived in

Moscow

. When she was nine, her father got a job as a heart surgeon in

Belfast

(

Northern Ireland

), so all the family moved there. She started writing songs in 2005 and her influences are Queen, Bob Dylan, Irish folk music and Indian music.

                                                      ABOUT THE SONG

If you were a sailboat is the first single from Katie’s third album, « Pictures ».

What she said of the song : « This love song deals with how you get very selfish when you fall in love with someone, and you don’t want to share them with the world. You just want them all about yourself. What’s genius about the lyrics is that instead of saying that directly they use these crazy strange metaphors. »

 

                                                                                             Afficher l'image en taille réelle

1. Audition globale de la chanson. Is this song › a love song ? › a song about the sea ? › a song about animals ?

What words or phrases do you remember ?

2. Exercice lacunaire de compréhension orale portant sur le premier couplet et le refrain.

If you were a -----  I would trail you

----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- I’d nail you ----- ----- -----

If you were a sailboat ----- ----- ----- ----- to the shore

If you were a river ----- ----- ----- -----

----- ----- ----- ----- ----- I would live in you all my days

If you were a preacher ----- ----- ----- ----- ----- ----- -----

CHORUS

----- ----- ----- in fate

But ----- ----- ----- -----

Always seem to ring more true

You ----- ----- ----- ----- ----- -----

I ----- ----- ----- ----- ----- -----

3. Deuxième partie de la chanson : associer les différentes propositions en faisant appel à la logique. Vérification grâce à une réécoute de la chanson.

If I was in jail

If I was a telephone

If I was in pain

If I was hungry

If I was in darkness

If I was a book

you would feed me

you’d ring me all day long

you would lead me to the light

you’d spring me

you’d read me every night

you’d sing me soothing songs

In linguistics what are the phrases : ‘ I would nail you …  If I was a telephone  …’ ? They are metaphors. What do they express ? They express how much in love she is. Have a look at the structure of the song. What do you notice ? There is an alternation between ‘If you were’ and ‘If I was’. Do you like the song ? Why ? Why not ?

4. Vérification de la compréhension du sens.

Find in the text the verbs that mean :

               clouer – aider à s’évader – suivre à la trace –  parier sur

What other words don’t you understand ?

5. Production écrite : trouver d’autres propositions : If I was a lion … If you were an apple …

                                                      AN EXPERIMENT

Mark Radcliffe of BBC Radio 2 was amused by the lyric ‘If you were a piece of wood, I’d nail you to the floor’, and asked his listeners to send in equally strange lyrics and compose a parody song for Katie to sing, not expecting her to actually do so.

However she sportingly contacted the show and agreed to play the song. The lyrics included ‘If you were some tiling, I would grout you !’ and ‘If you were ten pints of beer, I would drink you down my dear.’

           IF YOU WERE A SAILBOAT

If you were  a cowboy I would trail you

If you were a piece of wood I’d nail you to the floor

If you were a sailboat I would sail you to the shore

If you were a river I would swim you

If you were a house I would live in you all my days

If you were a preacher I’d begin to change my ways

                         CHORUS

Sometimes I believe in fate

But the chances we create

Always seem to ring more true

You took a chance on loving me

I took a chance on loving you

If I was in jail I know you’d spring me

If I was a telephone you’d ring me all day long

If I was in pain I know you’d sing me soothing songs

                          CHORUS

If I was hungry you would feed me

If I was in darkness you would lead me to the light

If I was a book I know you’d read me every night

If you were a cowboy I would trail you

If you were a piece of wood I’d nail you to the floor

If you were a sailboat I would sail you to the shore

If you were a sailboat I would sail you to the shore

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