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Activités pédagogiques
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  • Activités réalisables en cours d'anglais, français, histoire, économie, droit en BEP ou Baccalauréat professionnel, à partir de documents authentiques. christiankrock@yahoo.fr. Certaines activités peuvent être adaptées aux classes de 4e et 3e de collège.
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28 juillet 2007

Français BEP : "La lettre", sketch de Muriel Robin : le ton du discours

LA LETTRE : SKETCH DE Muriel ROBIN – DUREE : 9 mn 

OBJECTIF : identifier le ton d’un discours.

Ce sketch figure sur le DVD Muriel Robin se plie en quatre – Coffret intégral (éditeur Mercury).

On vient de me remettre une lettre, je crois que c’est mon fiancé. Je vous demande deux petites minutes, hein ? Je voudrais être fixée … Je vérifie quand même. Ma chérie. C’est moi. Ma chérie, je t’écris d’Amsterdam où je me sens si seul sans toi. Je ne sais pas vivre sans toi. Je t’en supplie, ne me quitte pas. Il faut oublier, tout peut s’oublier. Il faut oublier ? Y a des trucs que j’ai bien en travers, moi, mais enfin, bon .. Qui s’enfuit déjà. Quoi, qui s’enfuit déjà ? J’comprends pas ce que ça veut dire. Excusez-moi, je suis un peu troublée, j’m’attendais pas à une lettre … Il faut oublier, tout peut s’oublier, qui s’enfuit déjà. Pour moi, ça ne veut rien dire ! Ah, d’accord. Il faut oublier, tout peut s’oublier. Qui s’enfuit déjà ? Qui s’enfuit déjà, on l’saura pas. Oublier le temps des malentendus et le temps perdu à savoir comment, oublier ces heures qui tuaient parfois à coups de « pourquoi » le cœur du bonheur. Des heures, des après-midi, des week-ends entiers, le jour, la nuit. Lui, c’est un garçon, ça ne le dérangeait pas de me réveiller à quatre heures du matin pour savoir si je l’aimais. Moi, à quatre heures du matin, je n’aime personne : je dors ! ça me donnait des palpitations … Alors, après. Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas … ça me rappelle une chanson, moi, ça. Je sais : Serge Lama, Je suis malade. C’est ça, c’est toujours ces garçons qui vous font du chantage affectif, en fin de compte et c’est quand on s’en va qu’ils se rendent compte … Moi, je t’offrirai des perles. J’en veux pas de tes perles ! Il pense que c’est avec des cadeaux qu’il va rattraper le coup, lui. Il sait très bien que je vais aimer ça parce qu’une fois déjà on s’était disputés et il m’a eue comme ça. Avec une grenouille. Parce que je fais la collection de grenouilles. La semaine dernière, j’étais dans les Pyrénées, j’en ai trouvé une sur un petit marché. Elle est grande comme ça, elle est en faïence. D’accord … de pluie. C’est pas clair son truc, hein ? Moi, je t’offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas. Très fort ! Toujours plus malin que les autres ! Je creuserai la terre jusqu’après ma mort pour couvrir ton corps d’or et de lumière. Il faut quand même que je vous dise une chose importante : il se droguait déjà avant de me connaître. Je ferai un domaine où … Quand je lis ça, ça me fait un petit pincement au cœur parce qu’il voulait faire plein de choses et j’aimais bien ça. Justement, en lisant ça, j’ai une image très précise : un jour, il a déboulé dans la chambre, il me dit : « Oui, si j’avais un marteau, je cognerais le jour, je cognerais la nuit. » Je le connais, il y aurait mis tout son cœur, hein. Il voulait faire une ferme, une grange et puis une histoire de barrière. Il voulait mettre du monde là-dedans : son père, sa mère, ses frères et ses sœurs. Le bonheur ! Pour les projets, y avait du monde. Je l’attends encore, le domaine. Je ferai un domaine où l’amour sera roi, où l’amour sera loi, où tu seras … J’lis pas ce qu’il a mis … Où l’amour sera roi, où l’amour sera loi, où tu seras ruine. Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas. C’est pas que je les compte, hein ? Y en a quand même dix depuis le début. Je pense que c’est l’idée maîtresse de la lettre. Je t’inventerai des mots insensés que tu comprendras. C’est très gentil. Je te parlerai de ces amants-là qui ont vu deux fois leurs cœurs s’embraser. J’sais pas du tout pourquoi il me met ça, mais enfin … Ah si ! C’est des amis à nous, Madeleine et Emile. Bien sûr. Ils étaient ensemble, ils ont cassé, ils se sont plus vus et le jour où ils se sont revus, ploup !, c’est reparti. Belote et rebelote. Deux fois leurs cœurs s’embraser. C’est joli, d’ailleurs, comme histoire. Emile, je le vois peu, mais avec Madeleine on est carrément amies. D’ailleurs hier, je l’ai attendue, Madeleine. On devait aller au cinéma. Elle aime bien ça, Madeleine, alors .. La prochaine fois, je lui apporterai des … Je te raconterai l’histoire de ce roi mort de n’avoir pas pu te rencontrer. Eh ben, c’est pas ma faute ! Ce roi mort de n’avoir pas pu te rencontrer, en même temps, c’est très joli. Je le vois bien mais faut pas marcher à ça. Ne me quitte pas … On a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux. Il est, paraît-il, des terres brûlées donnant plus de blé qu’un meilleur avril. Comment je dois le prendre, ça, à votre avis ? Il a l’air de dire que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Donc le vieux pot, c’est moi. Franchement, c’est pas le passage que je préfère. Il a quand même le chic pour m’en servir une juste avant la fin. Et quand vient le soir quand un ciel flamboie … Tu sais ce qu’il te dit, le vieux pot ? Excusez-moi, ça m’a échappé, je suis un petit peu contrariée. Et quand vient le soir donc pour que … Mais enfin, j’suis un vieux pot ? Et quand vient le soir pour qu’un ciel flamboie le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas ? Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas … T’avais qu’à y penser avant. Je ne vais plus pleurer … M’étonnerait ça. Je ne vais plus prendre, je ne vais plus vendre ? « er », c’est bon. Je ne vais plus pleurer, je ne vais plus parler, je me cacherai là à te regarder danser et sourire et à t’écouter chanter et puis rire. Moi, je pense que … (Elle mime quelqu’un qui fume.) J’vois qu’ça. ça me fait beaucoup de peine mais j’vois qu’ça. Laisse-moi devenir l’ombre de ton ombre, bien sûr, l’ombre de ta main … Oui, eh bien on va faire comme ça, y a pas de raison. l’ombre de ton chien. En plus, ça va faire plaisir à tout le monde. Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas … Si, justement, je te quitte, je te quitte, je te quitte, je le quitte … C’est pas un garçon comme ça qu’il me faut. C’est trop compliqué. Je ne sais même pas comment ça marche, j’suis pas équipé pour. A côté de ça, je reconnais que c’est très très joliment écrit. Je le sais, je le sais parce que c’est un petit peu comme ça qu’il m’a eue. C’est joli, c’est un joli poème. Moi, je marche à ça, c’est magique. C’est magique. Il y en a un que j’aimais beaucoup. Je suis sûre que vous le connaissez tous : il s’appelait Jacques … (introduction de Ne me quitte pas) Prévert. 

DEROULEMENT :

1.      Audition et visionnage de Ne me quitte pas, chantée par J. Brel (1959).

En quoi la chanson et son interprétation sont-elles émouvantes, pathétiques, dramatiques, suppliantes ? On suppose en effet que la femme aimée, qui reste indifférente malgré les supplications du chanteur, va le  quitter quels que soient ses arguments; c'est pour lui une bataille perdue d'avance. Quelles sont ici les caractéristiques de l’amour ? Il transfigure les amants (je te ferai reine) ; il est éternel (jusqu’après ma mort).

Relever les images poétiques, les métaphores : le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas ?.

2.      Visionnage du sketch La lettre. Quel est le point commun entre les deux

textes ? L’auteur argumente pour reconquérir la femme aimée. Cependant, La Lettre présente le point de vue de celle-ci. Pourquoi le texte de la chanson devient-il comique ?

-supériorité du spectateur qui connaît cette chanson alors que la destinataire de la lettre l’ignore, se trompe sur son auteur et interprète

-situation d’énonciation : une énonciation est une parole située, considérée à l’intérieur d’une communication. Le message réalisé ici est « il est inutile de chercher à poursuivre cette relation ». En ce qui concerne l’étude de l’expression grammaticale, le niveau de langue du locuteur est familier (Y a des trucs que j’ai bien en travers ; c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes …), les déictiques indiquant le destinataire visent à le déprécier : un garçon, du monde, ça (comment ça marche). [Le destinataire réel n’est pas le fiancé, mais le public, que Muriel Robin rend témoin de cette rupture par lettre.] Les déictiques indiquant le lieu et le temps de la communication réfèrent à l’ « ici » et « maintenant ». L’adverbe « hier » et quelques expressions « un jour » font référence à des anecdotes de leur histoire commune.

En ce qui concerne l’étude de la relation de communication, la fonction du locuteur est expressive (ses réactions à la lecture de la lettre). Ici, l’acte de parole ne peut influer sur le destinataire (fiancé) puisqu’il n’est pas présent, mais il influe sur le destinataire réel, le public, en suscitant le rire.

-commentaires de la destinataire qui touchent au burlesque : les « perles de pluie » deviennent une grenouille (en plâtre) ; « ces amants-là » deviennent Madeleine et Emile ; le fait de n’attribuer aucun talent poétique à l’auteur de la lettre mais de n’y voir que les élucubrations d’un toxicomane.

-décalage entre le ton suppliant de la chanson et le ton indifférent (Eh ben, c’est pas ma faute !), froid (je ne vais plus vendre ? « er », c’est bon), perplexe (Quoi, qui s’enfuit déjà ?) critique (C’est trop compliqué.), ironique (Toujours plus malin que les autres ! ), agacé (J’en veux pas de tes perles !) de la destinataire

Faire remarquer que le sketch est un « collage » de chansons :

-Ne me quitte pas, composée et interprétée par Jacques Brel

-La ferme du bonheur, interprétée par Claude François (1964)

-Madeleine, composée et interprétée par Jacques Brel (1962)

-Les bonbons, composée et interprétée par Jacques Brel (1967)

Qu’est-ce qu’une parodie ? C’est l’imitation burlesque d’une œuvre littéraire ou artistique. En l’occurrence, si on prend au pied de la lettre (!) le texte de cette chanson devenue classique, on la fait basculer dans le ridicule.

3.    Expression écrite : les élèves choisissent un texte sérieux (chanson, poème, discours politique …) et le transforment pour le rendre comique ou vice-versa. 

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Commentaires
C
Encore merci. J'ai vraiment apprecié de lire cette article. Amicalement,
A
Bonjour,<br /> <br /> je cherchais le texte du sketch de Robin pour une séquence la parole en spectacle que je monte pour mes terminales. Merci d'avoir posté ce texte. <br /> <br /> Pour ce qui est du ton du discours il y a aussi une tirade de Cyrano reprise pour une pub de sport façon rap/slam. <br /> <br /> Alexandre Aubry
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