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  • Activités réalisables en cours d'anglais, français, histoire, économie, droit en BEP ou Baccalauréat professionnel, à partir de documents authentiques. christiankrock@yahoo.fr. Certaines activités peuvent être adaptées aux classes de 4e et 3e de collège.
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21 juillet 2007

Français Bac Pro : la dictature dans la fiction

LA DICTATURE DANS LA FICTION

OBJECTIF : étudier les caractéristiques d’une dictature, en français, en liaison avec le cours d’histoire, à travers trois œuvres de fiction :

·        Persepolis de Marjane Satrapi : volume 1, Editions L’Association, coll.

« Ciboulette », 2000, 978-2-84414-058-6, 14,00 €.

·        Le Cantique de Meméia d’Heloneida Studart (extraits), Editions Les Allusifs,

2006, 2-922868-31-1, 176 pages, 14 €. (existe aussi en 10/18).

·        La Rédaction d’Antonio Skarmeta in Le cycliste de San Cristobal, Editions du Seuil, coll. « Points

Virgule », 2002, 2-02-055085-7, 4,95 €.

Les élèves lisent l’un des trois ouvrages et orientent leurs observations selon les aspects suivants :

PERSEPOLIS (planches 16-37« La cellule d’eau » jusqu’à « La lettre »)

LE CANTIQUE DE MEMEIA (chapitres 1 et 10) 

LA REDACTION

(14 pages) 

Pays où la dictature est en place

Iran

un pays d’Amérique du Sud, vraisemblablement le Brésil

Chili

Période de l’histoire du pays

1978

pas d’indices temporels pour donner aux évènements une portée universelle, une valeur de parabole

manifestement 1973, bien que la date ne soit pas précisée

Nom du dictateur

le chah Mohammad Reza Pahlavi

chapitre 1 : Menina (qui a mis en place une dictature en miniature)

chapitre 10 : « forces obscures » = police, organes de répression

général Pinochet

Type de dictature

·        militaire

·        religieuse

·        policière

militaire et religieuse

chapitre 1 : familiale

chapitre 10 :policière 

militaire (« junte fasciste »)

Dans quelles conditions est-elle instaurée ?

coup d’Etat fomenté par le père du chah, avec l’aide des Britanniques

chapitre 1 : tradition familiale : elle est centenaire

Caractéristiques de cette dictature (port du voile, tortures, journalistes emprisonnés …) 

-l’armée réprime les manifestations dans le sang; interdiction de les photographier

- confiscation de biens

-emprisonnements arbitraires pour raisons politiques

-tortures en prison

-fêtes somptuaires organisées par le régime

-manuels scolaires revus et corrigés (propagande)

-censure (séance de dédicaces clandestines)

chapitre 1 :

-Menina procède à des punitions (enfermement au couvent, châtiments corporels …) et décide du sort des membres de sa famille.

chapitre 10 :

-emprisonnements arbitraires, tortures

-absence de liberté de parole : Joao et Pablo sont torturés pour avoir dit que « les moineaux (étaient) des oiseaux bleus »

-les militaires sont omniprésents à Santiago

-arrestations des citoyens « de gauche », antifascistes

Comment la résistance s’organise-t-elle ?

- révolution, manifestations dans les rues : « A bas le roi ! »

-les habitants écoutent la radio clandestinement

-on a écrit « Résistance » en rouge sur le mur blanc de l’école 

Qui raconte les évènements ?

l’auteur, alors âgée de huit ans

une servante, Meméia

Antonio Skarmeta

Regard porté par le narrateur/la narratrice sur les événements ?

regard subjectif : naïf, parfois humoristique, plein de curiosité (cherche à s’informer)

regard ironique, joue un rôle de modérateur

regard subjectif, à la manière d’un enfant : cf. portrait du capitaine Romo

Prolongements possibles :

-à partir de ces observations, donner une définition de la littérature engagée.

-lire (ou feuilleter)des ouvrages documentaires traitant de la dictature dans les pays évoqués dans les fictions et confronter le traitement des informations fournies dans les deux types d’ouvrages sur :

·        les personnages (FICTION : créés par l’auteur, personnages historiques évoqués/DOCUMENTAIRE : personnages historiques, groupes, peu de cas individuels)

·        le point de vue (subjectif/objectif)

·        informations sur la dictature (fournies par le contexte de l’histoire/nombreuses avec évolution dans le temps

·        types d’écrits (narration avec dialogues/récit de l’historien, illustré de documents qui sont des traces des évènements)

·        Que peut-on attendre d’une œuvre de fiction ? Et d’un ouvrage documentaire ?

                     INFORMATIONS SUR LES AUTEURS ET LES ŒUVRES

1. Persepolis

Née en 1969, Marjane Satrapi a grandi à Téhéran où elle a étudié au lycée français. Compte tenu de la situation en Iran, ses parents l’ont envoyée à Vienne alors qu’elle avait 14 ans : une expérience malheureuse suivie d’un retour au pays et d’une installation définitive en France, en 1994.

A Paris, elle décide de raconter son histoire en bande dessinée. Les quatre volumes de Persepolis remportent un vif succès en France, aux Etats-Unis – 160 lycées et universités, dont Yale, Harvard et Ucla, l’ont inscrit à leur programme – et au Moyen-Orient, où il a été édité au Liban, en arabe. Dans cette autofiction, Marjane Satrapi  raconte son enfance choyée par des parents modernes et cultivés et une grand-mère tout aussi moderne. Cette vie paisible s’effondre avec la chute du Shah en 1978, alors qu’elle a huit ans, et l’instauration du régime islamique. Avec beaucoup d’humour, elle narre les contrôles des commissaires de la Révolution, les cours de dessin anatomique où le modèle est recouvert d’un tchador, ceux d’histoire de l’art où le professeur a masqué la nudité de la Vénus de Botticelli. Elle évoque la douloureuse séparation d’avec ses parents et sa vie de galère.

Ayant reçu de nombreuses propositions d’adaptation au cinéma, elle écrit le scénario d’un film d’animation et le coréalise  avec Vincent Paronnaud, issu lui aussi du monde de la BD. Les deux partenaires se livrent à un travail de réécriture durant trois ans pour aboutir à un film en noir et blanc d’1h 35 qui obtient le prix du Jury à Cannes en 2007 mais est censuré en Iran. Persepolis  parvient à dire, dans un même élan, la censure politique, les désirs d’une jeune fille, la mémoire d’un pays, le besoin de racines.

D’après Vincent Paronnaud, « certaines références sont claires : on a fait un travail minutieux à partir de photographies de Vienne, de Téhéran, et Les Affranchis de Martin Scorsese nous ont aidés pour le rythme du montage et l’utilisation de la voix off. Parfois, l’inconscient est également remonté : lorsqu’on nous présentait les décors, on nous citait toujours Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene (1924) ou Nosferatu de F.W. Murnau (1922). »

Condensé de L’Est Républicain, 27 juin 2007 et de L’Express n° 2921, 28 juin 2007. 

2. Le Cantique de Meméia

Heloneida Studart est née en 1932 dans une famille aisée de Fortaleza, ville du Nordeste brésilien. Elle est devenue députée de l’Etat de Rio de Janeiro sous la bannière du parti des Travailleurs (PT) en 1978, un siège qu’elle occupe encore à ce jour, chef de file des élus du PT dans une assemblée où elle préside aussi la commission permanente de défense des droits de l’homme. Militante féministe et syndicaliste très active avant de devenir députée, fondatrice du Centre de la femme brésilienne en pleine dictature militaire, elle a été aussi brièvement emprisonnée, en 1969, pour activité littéraire et syndicale « subversive ».

Elle a quitté sa famille à 19 ans, son premier roman sous le bras, et a reçu quatre ans plus tard un prix de l’Académie brésilienne des lettres pour son deuxième texte, Diz-me o teu nome, soit Dis-moi ton nom, publié en 55. En 69, est paru Deus nao paga em dolar (Dieu ne paie pas en dollars).

Très longtemps journaliste, H. Studart a aussi écrit des textes pour la télévision, des pièces de théâtre et des essais féministes, notamment le petit Muhler, objeto de cama e mesa

(La Femme : objet de lit et de table), qui fut un best-seller au Brésil. Il s’agit d’un très court ouvrage fondé sur sa propre expérience, où elle dénonce, entre autres, « le monde gélatineux et peuplé d’enfantillages dans lequel vivent la majeure partie des femmes qui ne travaillent pas », au Brésil. Elle est l’auteur de neuf romans. 

Dans Le Cantique de Meméia, roman paru en 1975 au Brésil, puis traduit en français, elle explore, sous des traits empruntés à sa propre biographie, la faille sociale qui traverse le Brésil, celle-là même qui l’a poussée vers l’action politique. Ce roman n’est pas seulement une œuvre de combat, plutôt le tableau plein de sortilèges d’un monde à l’écart du temps, immobile à force de rites et de superstitions. Un monde où l’horreur le dispute au merveilleux.

3. La Rédaction

Né à Antofagasta en 1940, Antonio Skarmeta a dû quitter en 1973 le Chili, où il était professeur à l’université de Santiago. Scénariste et cinéaste, il a vécu en Europe et aux Etats-Unis. Il est actuellement ambassadeur du Chili en Allemagne. Ses recueils de nouvelles et ses romans ont été publiés dans plus de 20 langues. Il est l’auteur en 87 d’Une ardente patience, dont a été tiré Le Facteur, avec Philippe Noiret dans le rôle de Pablo Neruda. On lui doit aussi T’es pas mort ! en 82, Le Cycliste de San Cristobal en 84 et La Noce du poète en 2001.

Contexte politico-historique de Persepolis (extrait du Petit Larousse): 

1979 : Mohammad Reza, chah (souverain) de la dynastie Pahlavi, au pouvoir en Iran depuis 1941, est renversé par l’opposition et obligé de quitter le pays. Une république islamique est instaurée, dirigée par l’ayatollah (chef religieux chiite) Khomeini, défendue par la milice des gardiens de la révolution (pasdaran). Il s’ensuit une crise avec les Etats-Unis (prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran).

1980 : Bani Sadr est élu président laïc de la République ; l’Iraq attaque l’Iran.

1981 : Bani Sadr est destitué. Le pays connaît des vagues de terrorisme. L’Iran s’érige en « guide de la révolution islamique » à travers le monde, notamment au Liban.

1988 : un cessez-le-feu intervient entre l’Iran et l’Iraq.

Contexte politico-historique du Cantique de Meméia (extrait du Dictionnaire encyclopédique Larousse en 15 volumes, article « Brésil »)

L’ère de Vargas : la fermeture des marchés européens, l’effondrement des cours du caoutchouc et surtout du café, en 1929, entraînent la fin de la république des coronels (le pouvoir appartient alors aux oligarchies qui tiennent les terres et les hommes ; la culture du café est prépondérante, assurant la prospérité, avec le blé et le caoutchouc). Le chef des libéraux, Getulio Vargas, homme du Sud, constitue un gouvernement provisoire et dictatorial, suspend la Constitution de 1891, réprime un mouvement insurrectionnel à Sao Paulo, qui réclame son autonomie (1932), se fait élire président pour quatre ans et impose le vote d’une nouvelle Constitution (1934) prévoyant la désignation d’un Parlement en partie représentatif, en partie corporatif. Le caractère dictatorial du régime s’accentue encore quand, en 1937, le président Vargas licencie le Congrès, dissout les anciens partis et devient, en vertu d’un plébiscite, dictateur du Brésil pour six ans. C’est le début de l’Estado Nôvo, qui s’appuie sur le peuple et la bourgeoisie des villes contre les grands propriétaires fonciers. Le 30 octobre 45, le général Vargas est déposé par un groupe de généraux et, en 46, une nouvelle Constitution démocratique et fédéraliste est adoptée. En 51, Vargas redevient président, mais l’opposition déchaîne contre lui une violente campagne qui le conduit au suicide en 54. Plusieurs présidents se succèdent, dont Janio Quadros, déposé par les militaires en 64. 

Les présidences militaires : un régime militaire strict se met alors en place. Des actes institutionnels amendent dans un sens autoritaire la Constitution libérale et une épuration sévère frappe les milieux oppositionnels. Les partis politiques traditionnels sont interdits et remplacés par l’officielle Arena (Aliança Renovadora Nacional) et le président reçoit des pouvoirs exceptionnels au détriment du Congrès et des Etats (Constitution du 30 octobre 1969). Les présidents sont tous des militaires jusqu’en 85 : les maréchaux Castelo Branco (64-67) et Costa e Silva (67-69) et les généraux Garrastazu Médici (69-74), Geisel (74-79) et Figueiredo (79-85).

Leur politique est axée sur la lutte contre la subversion, sur le développement industriel et, tout en maintenant de bons rapports avec les Etats-Unis, la recherche d’une certaine indépendance nationale.

Le retour à la démocratie : l’élection à la présidence de la République, le 15 janvier 85, de Tancredo Neves consacre le retour à la démocratie.

Contexte politico-historique de La Rédaction (extrait du Petit Larousse) :

1973 : le candidat de la gauche Salvador Allende remporte les élections présidentielles, mais il est éliminé par une junte militaire. Le général Augusto Pinochet, « chef suprême de la nation », instaure un régime d’exception : état de siège, tortures, emprisonnements politiques, disparitions …

1980 : une nouvelle Constitution confirme le caractère autoritaire du régime, confronté à une contestation grandissante.

1988 : Pinochet organise un plébiscite visant à assurer la reconduction du régime en place. Le « non » l’emporte, mais Pinochet décide de rester à la tête de l’Etat jusqu’en 1990, terme légal de son mandat.

Le retour à la démocratie : le 11 mars 1990, à la suite à d’élections démocratiques, Pinochet cède son poste de président de la République au démocrate chrétien Patricio Aylwin, élu à la tête d’une coalition, la Concertación, englobant les héritiers du socialisme d’Allende. Pinochet demeure encore sept ans chef des armées. Aylwin doit remettre en place la démocratie, établir une nouvelle politique nationale, maintenir la bonne santé économique du pays (sans mettre en cause le néolibéralisme instauré sous Pinochet), réduire de façon importante la pauvreté. Enfin, fait le plus important pour les Chiliens, l’armée doit reconnaître les violations des Droits de l’Homme commis pendant la dictature.

Pinochet meurt en 2006, alors que les procédures judiciaires engagées contre lui n’ont pas encore abouti.

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