Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Activités pédagogiques
Activités pédagogiques
  • Activités réalisables en cours d'anglais, français, histoire, économie, droit en BEP ou Baccalauréat professionnel, à partir de documents authentiques. christiankrock@yahoo.fr. Certaines activités peuvent être adaptées aux classes de 4e et 3e de collège.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
21 juin 2007

Histoire BEP : "Harkis", téléfilm : la décolonisation

HARKIS, TELEFILM D’Alain TASMA, DIFFUSE LE 10 OCTOBRE SUR France 2 – DUREE : 1 H 38 mn

(scénario co-écrit par Dalila Kerchouche, fille de harkis, née dans un camp en 1973)

Le DVD de ce téléfilm est disponible à la vente.

                                                                     

OBJECTIF : en prolongement à l’étude de la guerre d’Algérie (ex de décolonisation) en cours d’histoire de Seconde professionnelle, proposer une réflexion sur le cas concret des harkis en s’attachant à l’évolution psychologique de deux personnages.

1.      Les élèves effectuent des recherches au CDI sur les harkis : le téléfilm est

en effet ancré dans un contexte historique.

Quelle est l’origine du mot harki  ?

Le mot "harki" ['aYki] n. m. désigne un individu servant dans une "harka" et vient du mot arabe harka signifiant mouvement.

Qui étaient les harkis et quel rôle ont-ils joué dans la guerre d’Algérie ?

De 1957 jusqu'en 1962, les harkis sont des soldats autochtones engagés aux côtés des Français dans des unités appelées harkas tandis que l'Algérie était constituée en un ensemble de départements français. Au sein même de l’armée française, ils totalisaient 66 000 hommes en décembre 1961, dont près des deux tiers étaient des appelés. Le ministère des Armées évalue à 4 500 le nombre des soldats musulmans   

morts pour

la France

, pendant la guerre d'Algérie, et à plus de 600 les disparus. Au total, durant cette guerre, l'armée française aurait inscrit dans ses registres 160 000 harkis, moghaznis, GMPR devenus GMS ou « assès ». Par extension, on a dénommé « harkis » tous les Algériens partisans du maintien de la présence de la France lors de la guerre d'Algérie.

Quelle a été leur situation après la guerre d’Algérie, en 1962 ?

À la suite de l'infléchissement de la politique française vers l'indépendance algérienne à partir de 1962, commencèrent la démobilisation et le désarmement des supplétifs. Les accords d'Évian signés le 18 mars 1962 ne prévoyaient aucune disposition particulière quant à la protection ou l'avenir des pro-français en général ni des harkis et de leur familles en particulier, mais incluait une amnistie pour les actes

effectués et les opinions émises avant l'indépendance. Les harkis furent désarmés par l'armée Française (repliée dans ses garnisons) qui laissa le territoire au FLN Le nouveau pouvoir se lança rapidement dans une politique de répression vis-à-vis des pro-Français, avec pour slogan « la valise ou le cercueil ». A Paris, le gouvernement, dirigé par Charles de Gaulle, limita fortement le nombre de ceux qui purent se replier sur

la France.

[…]

En fait, il n'existait aucun plan d'évacuation ni de protection des harkis et de leurs familles, et le gouvernement fut pris de court par l'arrivée des rapatriés. On estime (Philippe Denoix) à 15 000 ou 20 000 le nombre de familles de harkis, soit environ

90 000 personnes, qui purent s'établir en France de 1962 à 1968. La grande majorité resta en Algérie et des dizaines de milliers d'entre eux furent assassinés.

Ces massacres perpétrés parfois par familles entières s'accompagnèrent souvent de tortures, de viols, etc. se déroulèrent dans le climat d'instabilité, de luttes internes (y compris armées) du FLN et de l'ALN pour la prise de pouvoir qui précéda et suivit l'indépendance. […]

Fin 1962, 20 000 supplétifs avaient été accueillis dans les camps d’hébergement militaires en France et 3 200 se sont engagés dans l’armée française. Fin novembre 1963, le ministère des Rapatriés chiffre à 42 000 le nombre de musulmans ayant transité dans les centres d’accueil. Au final, seulement 91 000 harkis et membres de leurs familles purent s'établir en France de 1962 à 1968.

Comment les harkis sont-ils considérés aujourd’hui en Algérie ?

Le GPRA prend la directive 442 du 10 avril 1962, relative aux "harkis, goumiers et ralliés servant dans les rangs ennemis", directive en violation flagrante des accords d'Évian : "Si la révolution les a condamnés, il n'en reste pas moins que le peuple les frappe de son mépris et continuera à les haïr et les nier… Nous devons user de tact et agir avec souplesse afin de les gagner provisoirement… Leur jugement final aura   lieu dans une Algérie libre et indépendante devant Dieu et devant le Peuple qui sera seul responsable de leur sort… Les égarés abandonnés doivent être surveillés dans leurs moindres gestes et inscrits sur une liste noire qu'il faudra conserver minutieusement."

En 1965,

la Croix rouge estimait à 13 500 le nombre de harkis incarcérés dans les prisons civiles ou militaires algériennes.

A ce jour, certains harkis figurant sur des listes tenues secrètes par les services de sécurité, (police, armée, service de renseignements, gendarmerie) sont interdits de séjour et n'ont pas droit à un passeport Algérien.

Des familles n'ont pas eu droit d'enterrer en Algérie des harkis qui vivaient et décédèrent en France.

Comment sont-ils considérés en France ?

Leurs hauts faits sont oubliés et il faut attendre la loi du 23 février 2005 (controversée dans son article 4) qui reconnaît et protège les harkis en France. Elle fixe également des conditions de versement d'indemnités de

la France

en reconnaissance des services rendus et des souffrances endurées par eux. A noter que les harkis contestent dans leur ensemble ces déclarations car ces indemnisations ne font que  transformer la rente viagère dite "Jospin" qui est une retraite militaire déguisée en capital versable en une seule fois.

(Réponses extraites de l’encyclopédie Internet Wikipédia.)

Lexique à expliciter : pieds noirs, fellaghas, FLN.

2.Visionnage du téléfilm.

Les élèves doivent relever les indices spatio-temporels (1972, camp de réfugiés du Var, dans le sud de

la France

), puis établir une liste des situations contre lesquelles les harkis du camp – en particulier les personnages suivants: Leila, Saïd, Aïcha, Ahmed, les petits frères de Leïla - peuvent légitimement éprouver un sentiment de révolte.

- le fait d’être parqués dans un camp, alors qu’ils se sont battus pour préserver les intérêts de

la France

en Algérie et ont parfois payé de leur personne (Saïd est invalide d’un bras). L’action se situe en 1972 et, depuis dix ans qu’ils sont en France (rapatriés le 30 juin 62), les Benamar ont connu six camps.

- leurs conditions de vie misérables : ils découvrent un rat mort en entrant dans leur baraquement, qui est sombre ; le chef de camp, Robert, prélève indûment une partie des allocations familiales qui leur sont versées, soit

200 F

. au lieu de

300 F

., ce qui réduit encore leur pouvoir d’achat.

- le règlement strict du camp : « Salut au drapeau français tous les dimanches matins, courrier distribué à la criée, interdiction d’installer des antennes de télé sur les toits, douches collectives une fois par semaine, dimanche pour les hommes, jeudi pour les femmes et les enfants. N’oubliez pas le plus important : tout ce que fait le chef de camp, c’est bon pour les harkis. »

-  l’attitude paternaliste, humiliante, méprisante, injuste, voire raciste du chef de camp :

Quelques exemples : le capitaine Robert traite Saïd de « bourricot » ; discours de

« bienvenue » : « Vous avez été fidèles à

la France.

La

France vous tend la main, c’est normal. Moi, mon boulot, c’est de faire de vous des gens honnêtes, travailleurs et propres. Des Français civilisés, des Français à part entière. Je suis là pour ça, pour vous éduquer : ce qu’il faut manger, comment il faut s’habiller, le respect de l’autorité et des valeurs de

la République.

» ou encore : « En France, on est un pays civilisé. »

- le racisme ambiant : un marchand traite Saïd de « bicot » ; la monitrice change le prénom maghrébin de la petite sœur de Leïla en Marianne « pour éviter le racisme » ; le cafetier déclare : « On sert pas les bougnoules, ici ! »

- Leïla se révolte par ailleurs contre le poids des traditions. L’autorité qui règne au sein de la famille Benamar peut être vue comme reproduisant sous forme de micro-société l’autorité qui règne dans le camp.

   

Saïd

Ahmed

Leïla

Aïcha

Petits frères de Leïla

Le personnage se révolte-t-il ?

De quelle manière ?

Quelles en sont les conséquences ?

Il est d’abord résigné, passif. Lorsque le capitaine Robert le traite de « bourricot », il ne réagit pas. Ensuite, il déclare à son frère Ahmed, révolté : « J’te comprends pas, Ahmed. T’es jamais content. Vous avez un toit, un travail, de quoi manger. Sans

la France

, on serait pas là en train de discuter autour d’un couscous, on serait allongés sous terre. […] On est vivants, vivants et nos enfants sont avec nous. »

Lorsqu’Ahmed est arrêté, il n’ose pas demander d’explications au chef du camp.

Il évoque avec nostalgie des souvenirs de sa vie passée : les helvas (bonbons turcs), le ramadan … ou fait des projets : « Un jour, je vous emmènerai dans votre village. », dit-il à ses enfants.

Il ne conteste pas lorsqu’il perçoit un demi-salaire parce qu’il ne travaille que d’un bras.

IL trouve un travail d’appoint (vente de pommes sur les marchés grâce à Lucien) et veut faire payer une pomme 50 centimes lorsque l’aide de camp pense pouvoir la prendre gratuitement.

Il dit à ses enfants qu’il est important de lire. Mais il continue à dire, face à Leïla révoltée, : «

la France

nous protège du FLN. » Il exprime son impuissance face aux autorités quand Leïla (qui sait lire) s’aperçoit que le capitaine Robert retient indûment

100 F

. par mois sur les allocations familiales, en ces termes : « Ca doit être une erreur. Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? »

Il rappelle à sa fille que c’est lui qui dirige la famille. Lorsqu’il apprend qu’elle fréquente un Français, il la traite de « salope », la frappe à coups de ceinturon et l’oblige à épouser un cousin. Sa révolte éclate lors de la confrontation verbale avec le capitaine : « Je suis plus français que toi, mon capitaine. » Et c’est pour l’avenir de ses enfants qu’il décide de quitter le camp.

Conséquences : ses enfants sont victimes de brimades : le capitaine Robert ne donne pas de cadeau à l’un de ses fils pour Noël et le gifle parce que « son père sait se débrouiller si bien »..

Le capitaine Robert interdit à Saïd de travailler pendant un mois.

Oui, très rapidement.

En paroles : « C’est pas un village ici. C’est comme la prison. Quel crime on a commis ? Moi, j’ai fait deux guerres pour

la France.

Qu

’est-ce que j’ai gagné ? De vivre ici, caché dans une forêt comme si j’étais un chacal ? …] Ici, on mérite autant que les autres. On mérite d’être libres, d’être respectés et de vivre normalement. »

Ensuite, il écrit une lettre au ministère pour que cela change au camp et que le chef change aussi.

Conséquence : il est arrêté par les gendarmes et conduit à l’hôpital psychiatrique. Lorsqu’il en ressort, il semble avoir subi un lavage de cerveau.

Elle refuse très tôt cette situation  et feint de croire qu’elle se trouve dans un palais merveilleux où son père porte un joli turban. Elle manifeste sa révolte verbalement : « T’as vu comment ils nous traitent, les Français ? » Très vite, son unique objectif est de quitter le camp.

Elle incite toutes les femmes à exiger que l’argent des allocations familiales leur soit versé directement.

Leïla trouve une maison en location. Par ailleurs, elle se révolte contre les traditions en lisant « Salut les copains », ce que sa mère désapprouve et elle fréquente en cachette un Français, Jérôme. Elle s’enfuit pour échapper au mariage forcé et manque de se suicider. Elle décide de suivre des études d’aide-soignante. Son père, qui est fier d’elle, décide de porter un costume tous les jours.

Conséquences : la famille est privée de charbon.

Cette relation avec Jérôme est un échec. La rupture est provoquée par les insultes racistes de Jérôme envers Moktar.

Elle est très résignée : « Qu’est-ce que tu connais de l’Algérie ? Là-bas, c’est la misère. », dit-elle à sa fille. Elle la gifle lorsque celle-ci déclare que les harkis sont des traîtres.

Elle ne proteste pas lorsque la monitrice remplace le prénom de son bébé par un prénom français.

Lorsque Leïla trouve une maison à louer, elle lui dit : « Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse dehors tout seuls ? On ne connaît rien à

la France.

On

sera perdus. «  Elle a peur de la police qui ramène menottes aux mains les harkis qui s’échappent des camps. » Elle pense que le chef de camp « a tous les droits ». Elle a peur également des démarches de sa fille : « Tu veux qu’on finisse tous comme l’oncle Ahmed ? »Fais attention, Leïla. A cause de toi, on est mal vus. »

Oui

Ils tentent de voler une mobylette pour s’enfuir en Belgique.

Conclusion : quel personnage évolue le plus ?

L’épilogue est-elle optimiste ou pessimiste ? optimiste car la famille réussit à quitter le camp et Leïla, malgré toutes les injustices qu’elle a subies en France et en Algérie, continue de croire en un avenir meilleur en France.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité