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Activités pédagogiques
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  • Activités réalisables en cours d'anglais, français, histoire, économie, droit en BEP ou Baccalauréat professionnel, à partir de documents authentiques. christiankrock@yahoo.fr. Certaines activités peuvent être adaptées aux classes de 4e et 3e de collège.
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20 juin 2007

Histoire Bac Pro : la dictature stalinienne

STALINE, LE TYRAN ROUGE, DIFFUSE LE 13 MARS 2007 SUR M6

(EXTRAIT) - DUREE : 50 mn ENVIRON 

OBJECTIF : dans le cadre de l’étude des régimes totalitaires en Europe au XXe siècle, définir ce qu’est une dictature à travers l’exemple de l’URSS.

                              Informations sur le documentaire :

A partir d’images d’archives tournées en noir et blanc puis colorisées ou de films d’actualité en couleur, le documentaire, construit de manière chronologique, retrace l’ascension politique de Staline mais aussi le quotidien des Soviétiques entre 1924 et 1953.  Plus d’un an de travail et de recherches a été nécessaire pour réaliser ce portrait.  Au départ, la tâche des réalisateurs s’annonçait délicate. « Notre principale difficulté était de lutter contre la propagande. », explique Mathieu Schwartz, qui a signé Le tyran rouge. « Au total, près de 95% des images ont été contrôlées par Staline et le pouvoir alors en place. Idem pour les photographies officielles qui ont été totalement « nettoyées ». Notre ambition était donc de mettre aussi la main sur des documents qui avaient échappé à la censure. » Tâche ardue car au Kremlin, sous le joug du « tyran rouge », pas de documents personnels, pas de télévisions étrangères. Que des sources officielles dûment corrigées. Il a donc fallu que les réalisateurs traquent les rares défaillances de la censure : par exemple, le film d’une touriste à qui on ne demande pas d’ouvrir ses bagages : c’est ainsi que lady Mountbatten immortalise clandestinement, avec une caméra portable, une longue file d’attente devant un magasin de Moscou presque vide, alors qu’en trente ans de règne de Staline, il n’en existe par ailleurs aucune image. D’abord censurées, ces images ont ensuite été ignorées car reflétant un passé gênant.

Les réalisateurs, qui ont obtenu le concours de l’historien du CNRS Nicolas Werth, ont visionné de multiples pellicules à Moscou, analysé des centaines d’archives provenant d’une quinzaine de sources d’information différentes. Cette enquête, menée avec l’accord des autorités russes,  a conduit les journalistes à rencontrer des associations de victimes du régime stalinien.

« Les textes lus dans le documentaire nous ont permis, dans bien des cas, de détacher l’image du carcan de la propagande. », déclare Mathieu Schwartz, évoquant ces séquences où Staline mettait en scène « l’ardeur » et « la joie » des travailleurs. Extraites de cahiers intimes ou de discours de témoins de l’époque, les citations se multiplient dans ce film qui ne propose aucune interview mais s’appuie sur des documents d’époque. Sur le plan technique, c’est une réussite indéniable. Afin de proposer un documentaire réaliste, accessible à tous, les auteurs ont opté pour la colorisation des archives. Le seul moyen, selon l’un des réalisateurs de « restituer l’atmosphère de l’époque » et de créer « un film vivant » qui s’appuie « sur un mode de narration moderne ».

A signaler que ce documentaire a été encensé par certains médias (Le Figaro, L’Histoire, Le Monde, Le Nouvel Observateur) et tourné en ridicule par d’autres (Libération, Télérama).

Il a reçu l’aval du Ministère de l’Education nationale. Le DVD est disponible à la vente. 

1.Sous forme de « brainstorming », les élèves proposent une définition de ce qu’est une « dictature » grâce à leurs connaissances personnelles, des dictionnaires de langue, des manuels.

2. Visionnage des 50 premières minutes du documentaire. (La deuxième partie, consacrée à la victoire de l’Armée rouge sur l’Allemagne nazie, ne concerne pas directement notre sujet.)

Problématique : comment un dictateur assure-t-il sa domination sur un peuple ? Les élèves répondent en empruntant des exemples au documentaire (images et commentaires). Grille à compléter.

UN SEUL CHEF, UN SEUL PARTI

-la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme : Staline élimine tous ceux qui contrecarrent ses projets ou simplement le contredisent. Un seul parti : le parti communiste. En 35, il décide de liquider toute la génération qui lui fait encore de l’ombre : Kamenev, Zinoviev, Tomski, Rykov, Radek et Boukharine sont exécutés. C’est la période des « purges ». 

-le culte de la personnalité : affiches, sculptures représentant Staline, défilés de foules en son honneur. Un poète écrit : « Staline, tu es plus haut que les hauts espaces célestes et seules tes pensées sont plus hautes que toi. Ton esprit est plus lumineux que le soleil. » Il est l’idole de centaines de millions de personnes. Au cours d’un défilé, les soldats du parti, toujours prêts, « remercient Staline pour le bonheur qu’il procure à leur pays. »

Son portrait est partout : dans les usines, sur les trains, dans toutes les salles de classe et même dans les salles-à-manger. Il a lui-même corrigé sa biographie officielle, vendue à des millions d’exemplaires, en ajoutant : « Staline est le plus grand capitaine de tous les temps et de tous les peuples. »

En 38, Staline crée un nouvel héros soviétique en la personne de Chkalov, un pilote qui a relié la Russie à l’Amérique en passant par le pôle Nord.

GOUVERNER EN EMBRIGADANT LES MASSES

-une idéologie dominante qui fédère la nation : Staline veut faire table rase du passé et supprimer les traces de la vieille Russie que la révolution avait épargnées. Il décrète que la religion est contraire aux intérêts du peuple. Dans tout le pays, il fait décrocher et brûler les vieilles icônes. A la place de l’ordre ancien, il veut réaliser le communisme, une société idéale heureuse et saine, sans aucun riche ni pauvre. Chacun aura les mêmes chances à la naissance, santé et éducation seront accessibles à tous. Collectivisation forcée de l’agriculture. 

-une propagande omniprésente : lorsqu’en 1932 son épouse Nadia se suicide, on raconte aux Russes qu’elle est morte de l’appendicite. 

En septembre 33, le député français Edouard Herriot débarque en Ukraine à l’invitation du gouvernement soviétique. Lorsqu’il visite l’Ukraine, il voit non pas la famine mais « un jardin en plein rendement » car avant sa venue de la nourriture a été apportée, des figurants ont été embauchés pour jouer le rôle de travailleurs, bref il s’est fait duper par la propagande.

Staline a confié une mission aux journalistes et aux cinéastes : ils ne doivent plus décrire le monde comme il est mais comme il devrait être. La récolte est mauvaise : on filme des gens radieux dans des paysages magnifiques ; les résultats industriels sont décevants : on publie des communiqués avec des chiffres truqués. On fabrique des héros comme le mineur Stakhanov qui aurait battu un record de productivité en extrayant quatorze fois plus de charbon que les autres, une histoire inventée par le parti.

Intoxiquées par la propagande, chaque année des délégations communistes viennent du monde entier saluer Staline à Moscou. Louis Aragon approuve le goulag et en fait publiquement l’éloge : « la rééducation de l’homme par l’homme ».

En 1935, Maurice Thorez, secrétaire général du P.C.F., déclare dans un discours que Staline « a rendu leur fierté aux ouvriers ».

Pour se débarrasser de Boukharine, un compagnon de lutte de quinze ans qui a osé le contredire plusieurs fois, Staline lance contre lui le rouleau compresseur de la propagande. Dans tout le pays, on conditionne l’opinion : Boukharine complote contre la patrie et le peuple. A l’issue de son procès – une simple formalité – il est fusillé et sa famille déportée.

GOUVERNER PAR LA FORCE

-un gouvernement par la force et la terreur : Staline martyrise son peuple avec une brutalité sans limites. Un million d’exécutions. « Nous anéantirons sans pitié quiconque menace par les faits ou même par la pensée l’unité de l’Etat. […] La mort résout tous les problèmes : plus d’homme, plus de problème. » Il crée le goulag et réduit en esclavage 18 millions de personnes. Il provoque avec cynisme des famines qui font 7 millions de morts. 

A partir de 1930, il invente le procès politique pour désigner officiellement les coupables de l’échec de sa politique économique. Les accusés sont des scientifiques, des ingénieurs, des hauts fonctionnaires, qui auraient saboté l’économie soviétique. Pour juge, il choisit un de ses fidèles et fixe la peine à prononcer : la mort, une peine commuée en dix ans de prison. Les accusés ont été préalablement torturés pendant des semaines pour qu’ils avouent leurs fautes.

Les paysans qui refusent de céder leurs terres à l’Etat et de rejoindre les kolkhozes (coopératives où tout est mis en commun sous contrôle du parti) voient les policiers réquisitionner leurs récoltes, sont victimes de tortures, viols, assassinats. En 1933, Staline interdit aux paysans ukrainiens affamés de quitter leurs villages pour rejoindre les grandes villes. Il condamne ainsi 5 millions de personnes dont la moitié d’enfants. C’est le plus grand massacre du siècle. 

L’URSS devient un gigantesque état policier : les agents de Staline sont partout et contrôlent toute la société. Il donne l’ordre d’arrêter les suspects et de les déporter vers les goulags, camps de travail soviétiques qui sont en réalité de véritables camps de concentration. Ceux présentés officiellement comme des ennemis de la Révolution sont en réalité de simples citoyens, notables ou religieux qui n’ont rien à se reprocher. C’est la rééducation par le travail. Les prisonniers politiques sont des intellectuels, des scientifiques. Un exemple de la stupidité du système : le 2 avril 33 voit l’inauguration du canal Staline, 200 km de voies navigables qui relient la mer Blanche à la mer Baltique. Un dixième des prisonniers, soit 30 000, meurent d’épuisement pendant le chantier. Mais comme le canal n’a pas été creusé assez profond pour tenir les délais fixés par Staline, les bateaux ne pourront jamais l’utiliser. Ces prisonniers sont donc morts pour rien … 

Contre ceux qu’il soupçonne de menacer son pouvoir, il encourage la délation : on doit dénoncer ses voisins et ses propres parents d’agir de manière contre-révolutionnaire. Il fixe à son homme de main, Iejov, le chef du NKVD (police secrète), des quotas d’exécutions et de déportations, charge aux membres du parti de trouver des victimes pour remplir les quotas. Toute personne « mal intentionnée envers le pouvoir soviétique » est fusillée et tous ses biens lui sont confisqués. C’est la grande terreur. A partir de 37, Iejov fait fusiller 1000 personnes par jour, mais la terreur va se retourner contre lui car il sera torturé, exécuté et même effacé des photos officielles.

En 38, Staline a liquidé tous ses ennemis, réels ou imaginaires. Il les a remplacés par une nouvelle génération de militants qui lui doivent tout : c’est la « nomenklatura ». Ils se sont répartis les biens des victimes de la terreur et profitent des appartements libérés. 

-le dirigisme économique : il lance de gigantesques travaux : gratte-ciel, métros, chemins de fer, barrages, centrales électriques … Il veut moderniser la Russie à marche forcée pour qu’elle devienne le paradis des travailleurs et en faire un monde où le chômage n’existe pas et où chaque ouvrier peut offrir une existence décente à sa famille. 

Regard critique : une réflexion peut être proposée sur la façon de fabriquer un tel documentaire, sur l’origine des images et des commentaires en voix off, sur les difficultés qu’ont pu rencontrer les réalisateurs pour se les procurer, sur cette impression de proximité que nous éprouvons avec ces événements en tant que téléspectateurs plus de cinquante ans après. (voir « Informations sur le film »).

Cette impression de proximité est également due à des anecdotes, à la présentation de la vie privée de Staline, à des scènes qui font appel à l’émotion.

Possibilité de lire une biographie de Staline concernant la période présentée ici et de vérifier si le documentaire y est fidèle (aspects omis ? aspects accentués ?).

3. Les élèves consultent Internet pour trouver d’autres exemples de dictatures au XXIe siècle (Cuba, Birmanie … ) et indiquer des points communs avec celle mise en place par Staline (ex : culte de la personnalité).

A LIRE :

" La vérité sur la Grande Terreur" in L'Histoire 324, 10/2007, p. 56-65

"Le vrai visage de Staline" in L'Express 2933, 20/09/2007, p. 38-60.

"Les derniers secrets de Staline" in Le Nouvel Observateur 2177, 27/07/2006, p. 8-19

"La mort de Staline" in L'Histoire 273, 02/2003, p. 31-59.

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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> L’intérêt que vous portez à Staline (et peut-être aux preuves des crimes qui lui sont ordinairement attribués) me détermine à vous indiquer l’étonnement qui est le mien à lire, avec la plus grande attention, « Les origines du totalitarisme » d’Hannah Arendt. Vous en trouverez la marque dans :<br /> <br /> http://crimesdestaline.canalblog.com<br /> <br /> Très cordialement à vous,<br /> <br /> Michel J. Cuny
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