Français BEP : "Le petit train" des Rita Mitsuko
ETUDE DE LA CHANSON LE PETIT TRAIN, COMPOSEE ET INTERPRETEE PAR LES RITA MITSUKO
OBJECTIF: aborder cette chanson dans le cadre de l’étude de la poésie, en liaison avec le programme d’histoire de BEP : la Deuxième guerre mondiale
1. Demander aux élèves de formuler des hypothèses quant au titre : qu’évoque-t-il pour eux ? A priori des idées positives : un train touristique, un train en modèle réduit ou (pour les plus anciens) le petit train Interlude de l’ORTF, dont les wagons représentaient un rébus …
2. Audition de la chanson : quel est le style musical ? Quels sont les instruments
utilisés (synthétiseur, batterie …) Que peut-on dire du tempo ? (rythme syncopé, en relation avec les
mouvements saccadés du train) Quel est le thème abordé ?
3. Structure de la chanson : la chanson est composée de 12 couplets dont certains sont répétés mais il n’y a pas à proprement parler de refrain. Le nombre de vers à l’intérieur de chaque couplet et le nombre de syllabes de chaque vers est irrégulier pour évoquer à nouveau le rythme saccadé du train.
Il semble que le couplet n° 5 ait un rôle de charnière car il nous informe sur le type de train dont il s’agit et sur sa destination.
4. Interprétation : mettre en évidence le contraste entre le début de la chanson
(quatre premiers couplets) et la fin. Au début : atmosphère paisible (tortillard), légère, voire festive (« serpentin »), description stéréotypée de la campagne (« soleil couchant », « vent », «champs », présence de personnages stéréotypés (paysans et paysannes), pleins de joie de vivre, qui tiennent des propos banals. L’ondulation des chapeaux rappelle une fois encore le mouvement du train.
A partir du cinquième couplet, « train de la mort » nous fait comprendre qu’il s’agit d’un train emmenant des déportés vers un camp de concentration et que la scène se passe pendant la Seconde guerre mondiale. « Conduis-les aux flammes » confirme cette interprétation, qui fait appel à la mémoire collective et repose plus sur des images suggérées que sur des descriptions explicites. Les personnages évoqués sont alors des membres d’une même famille que l’on sépare.
Quels indices contenus dans le début de la chanson prennent un autre sens rétrospectivement ? « vert-de-gris » (surnom péjoratif donné aux militaires allemands en raison de leur uniforme d’un vert grisâtre), « enflamme », ambiguïté des rires mêlés de larmes des paysannes.
Qui parle à partir du cinquième couplet ? Et que dit cette voix ? S’agit-il d’un témoin privilégié qui est informé de l’horreur des camps alors que la population reste incrédule ? D’un survivant (« Mais moi je suis quand même là ») qui se remémore les faits ?
Cette voix pose des questions rhétoriques (couplet 5) et se demande si de telles actions risquent de se reproduire. La faute de conjugaison voulue, contenue dans « C’est pas moi qui répondra », apporte une nuance de détachement dans cette voix ou de modestie face à l’Histoire.
5. Débat : en 1985, les « Rita Mitsouko » avaient fait de Marcia Baïla le tube de l’été en utilisant la même technique que pour Le petit train : traiter un sujet dramatique (le cancer mortel de la professeur de danse de C. Ringer) sur un rythme joyeux. En 1997, Roberto Benigni abordait le sujet des camps de la mort sur un ton enjoué dans le film La vie est belle. En 1940, Charles Chaplin avait pris le parti de tourner Hitler en dérision dans Le Dictateur.
Pensez-vous qu’un artiste a le droit de présenter un fait dramatique de manière souriante ?
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